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"Voudriez-vous un coup de boule Monsieur ?"
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Football & politesse

Jugement mis en délibéré ce vendredi entre Nicolas Anelka et le journal L'Equipe. Le tribunal correctionnel de Paris rendra son verdict d'ici le 1er juillet. Le journal est accusé de diffamation par l'ex-joueur de l'équipe de France. Il avait publié en Une la phrase "va te faire enculer sale fils de pute" qu'aurait lancé Anelka à Raymond Domenech. Alors, malpolis les footballeurs ?

Atlantico : Quelles relations entretient la politesse avec le sport et notamment avec le football ?

Frédéric Rouvillois : Ce qui apparait, à mon avis, c’est la singularité du football par rapport aux autres sport. On a l'impression que le sport a toujours existé alors qu'en réalité, il s'agit d'un phénomène relativement récent. En France, on commence à faire du sport à la fin du XIX ème siècle. Ce n’est que dans les années 1920-30 qu’il devient une affaire de masse.

Le sport à la fin du XIXème jusqu'à l'entre-deux guerres était une activité pour des gens qui avaient des loisirs, de l’argent et qui étaient généralement tournés vers l’Angleterre. Le sport était alors quelque chose de très aristocratique. A cette époque, il avait un rapport étroit avec le snobisme, ce qui ne sera plus le cas par la suite. Il était réservé à une élite particulièrement restreinte, qui se pique de courtoisie et de politesse - qui jouent un grand rôle - parfois codifié comme la boxe (ce "noble art") ou le rugby. On ne conçoit alors pas le sport autrement que sur le mode de la courtoisie. Par exemple, au tennis, le fait de se serrer la main à la fin d’un match était caractéristique de ce genre d’usages.

Historiquement le foot a toujours été un sport à part. Très rapidement, il est devenu un sport de masse, pour diverses raisons. C’est finalement le seul qui draine les élites et les masses. Aussi bien d’ailleurs sur le terrain, que dans les stades. Ce n’est pas un hasard si c’est à l’occasion de matches de foot qu’on lieu les premières violences graves ou les premiers cas de hooliganisme. Le foot a donc toujours été un sport singulier.

Fondamentalement, la politesse correspond au moyen de réfréner la violence, le conflit, de permettre de polir les angles. Le foot a toujours été un sport très démocratisé. La courtoisie n’a pas le même rôle fondateur que dans les autres sports.

Dans le cadre du football, ce sont d'autres éléments sociologiques et psychologiques qui ont accentué les rapports un peu incertains entre le foot et la politesse. C’est un sport, beaucoup plus que tout les autres, qui est apparenté à une sorte de religion, parce qu’on y trouve des fanatiques avec une véritable foi.

Il existe un précepte ancien qui dit que lorsqu’on se met à table on ne parle pas d’argent, de sexe et de religion. Ce sont des questions qui risquent de conduire à des impolitesses et des injures. Le foot, c'est un peu tout ça à la fois ! Les supporters ne peuvent pas se retenir et se laissent aller à leur pulsion et oublient les règles du savoir-vivre. Et la dimension financière qui existe dans le foot accentue le fait que la politesse et la courtoisie ont des places accessoires dans ce sport.

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