Plus dangereux que le Covid, les risques de guerre en Ukraine plombent les marchés financiers et hypothèquent la croissance mondiale<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président russe Vladimir Poutine participe à une réunion avec le ministre russe de la Défense Sergei Shoigu au Kremlin, à Moscou, le 14 février 2022.
Le président russe Vladimir Poutine participe à une réunion avec le ministre russe de la Défense Sergei Shoigu au Kremlin, à Moscou, le 14 février 2022.
©ALEXEI NIKOLSKY / SPUTNIK / AFP

Atlantico Business

Les tensions entre les États-Unis et la Russie sont telles qu‘elles ont basculé tous les marchés financiers du monde dans le rouge et menacent désormais sérieusement la perspective de reprise économique.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le bras de fer entre Vladimir Poutine et Joe Biden risque désormais d’envoyer dans le mur la croissance mondiale beaucoup plus vite et plus fort que ne l’avait fait le Covid. Alors que les menaces de guerre se durcissent encore, les risques sur la croissance économique sont de plus en plus forts. 

Pour la première fois, tous les marchés financiers ont dévissé très gravement depuis vendredi. Depuis que les États-Unis ont averti à nouveau qu’ils n’accepteraient pas une invasion militaire, depuis que Joe Biden a joint le président ukrainien pour l’informer que les risques d’intervention russe étaient imminents et confirmer que les forces de l’OTAN ne le laisseront pas faire. Et que la riposte passera par des sanctions économiques à l’encontre de Moscou. Dans la foulée, conseil est donné aux alliés occidentaux de protéger leurs ressortissants en Ukraine et même de les évacuer de Kiev. Pour l’instant, la France a demandé à ses expatriés vivant en Ukraine de renforcer leur attention, mais ne leur a pas demandé de quitter le pays. 

Parallèlement, la tension avec la Russie a évidemment monté d’un cran sur l’échelle de Richter, avec des propos de plus en plus belliqueux des officiels russes. 

Jusqu'au début de la semaine dernière, au moment où Emmanuel Macron a été reçu par Vladimir Poutine, tout le monde pensait que les principaux protagonistes seraient sortis de cet équilibre de la peur et pourraient finalement esquisser un compromis afin d‘envisager une solution diplomatique. 

Les schémas présentés par les Occidentaux, et notamment la France, d’offrir un statut de neutralité à l’Ukraine, bref, d’organiser une finlandisation de l’ancienne République soviétique, ont été rejetés par les parties en présence.   

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La majorité des responsables internationaux prennent les menaces de guerre de plus en plus au sérieux, espérant que nous sommes toujours dans des postures, que personne ne passera à l’acte, mais aucun n’a de certitude... D’où l’affolement généralisé des marchés financiers, ce qui perturbe les perspectives économiques. 

Contrairement à ce qui s’était passé lors du Covid avec des marchés qui ont très vite amorti les risques, les principales places financières ont décroché à la fin de la semaine dernière et ce décrochage paraît durable. Wall Street perdait autour de 2% vendredi quand l’Europe s’est réveillée lundi avec une baisse de 3%. Ce décrochage touche non seulement les cotations boursières, les monnaies mais également les cryptomonnaies comme le bitcoin. La planète financière toute entière paraît minée par les menaces qui pèsent sur l’Ukraine. 

Et si ce décrochage est aussi spectaculaire, c’est qu’il intègre les risques économiques. Avant les effets de la guerre, les états-majors des grandes entreprises ont évalué l’impact des sanctions économiques qui vont bloquer une grande partie de l’activité. 

La zone économique qui serait la première touchée est évidemment l’Europe puisque l’Europe est très dépendante de la Russie. D’abord, dépendante du gaz importé qui représente plus de 40% de la consommation européenne, mais aussi du pétrole dont les prix sont en train d’exploser. Le prix du baril de brut fonce tout droit dans le mur des 100 dollars ce qui propulsera le prix de l’essence à la pompe à plus de 2 euros, sans parler de la facture chauffage. Les plus touchés :  les pays de l’Europe du Nord. 

Mais l’industrie risque d’être affectée parce que nous importons également des matières premières comme l’aluminium russe qui rentre dans la fabrication des automobiles. L’industrie allemande a fait ses comptes. Son industrie déjà très gênée par la pénurie de composants électroniques risque de s’arrêter faute de matières premières. 


Dans un premier temps, ces disfonctionnements vont se traduire par des hausses de prix, donc ils vont alimenter les risques d’une inflation généralisée.

Les compagnies aériennes, par exemple, vont commencer à surveiller les vols qui traversent les zones à risques et du coup, les sociétés d’assurance vont majorer leur prime. 

Restent les effets d’une éviction de la Russie du système de règlements financiers, le fameux système SWIFT qui gère les paiements internationaux

Il existe actuellement plus de 1000 entreprises européennes qui travaillent directement en Russie et en Ukraine et qui sont en risque de paralysie, puisque toutes ces entreprises travaillent en dollars. 

Alors que la semaine dernière, la plupart des chancelleries occidentales faisaient encore le pari que la Russie n’oserait pas aller à la guerre parce qu’elle ne pourrait pas supporter les sanctions économiques et financières. La Russie a besoin de vendre son gaz et ses matières premières, la Russie a besoin d’importer des produits finis, elle a besoin de la technologie allemande, elle a autant besoin de l’Occident que l’Europe a besoin d’elle. 

Mais depuis la semaine dernière, Vladimir Poutine a encore haussé le ton.  D’où la dégringolade des marchés financiers et les scénarios de décrochage de l’activité. Si le scénario de la guerre finissait par se réaliser, ce bras de fer entre les pays de l’Otan et la Russie entrainerait des conséquences autrement plus graves dans le monde que le Covid puisque le Covid n‘a pas détruit d’actifs de production.

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