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Le PS fait des propositions de loi très politiques. Sont-elles utiles ?
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Vous avez dit politique ?

Ce jeudi matin, le Parti socialiste, François Hollande en-tête, a proposé quatre "révolutions" dont la très polémique adoption du mariage homosexuel. Mais dans quel but ?

Matthieu Creux

Matthieu Creux

Matthieu Creux est blogueur politique sur Le Mal Pensant.

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Article 48-5 de la Constitution : "Un jour par mois est réservé à un ordre du jour (…) à l'initiative des groupes d'opposition (…) ainsi qu'à celle des groupes minoritaires".

L'intolérance sarkozyste que les socialistes décrivent jour après jour du haut de leurs tribunes médiatiques a encore frappé : lors de la réforme de la constitution en juillet 2008 (réforme non soutenue par le PS, excepté par Jack Lang), Nicolas Sarkozy a tenu à valoriser le travail de l'opposition et à leur accorder de la visibilité dans le calendrier parlementaire, ce qui n'était alors pas le cas. Depuis, une fois par mois, le Parti Socialiste et le groupe communiste (SRC) profitent de cette opportunité pour faire des propositions de loi très politiques mais inutiles, n'ayant bien souvent aucune chance d'être votée.

Ce jeudi matin, le parti socialiste, François Hollande en-tête, a proposé quatre "révolutions" :

- l'adoption du mariage homosexuel, sachant que le mariage permet l'adoption en France, cette mesure légaliserait hypothétiquement l'adoption homoparentale, mais ça, le PS en parle moins car les sondages sont moins bons pour eux sur la question ;

- un ensemble de mesures visant à lutter contre le décrochage scolaire, car l’Éducation nationale est une préoccupation de tous les instants pour les Français et un chantier sans fin laissé en friche par l'UMP,  ce qui n'empêche pourtant pas le Président de la République d'y consacrer de récents déplacements (souvenez-vous, on l'a vu jouer au ping-pong avec un élève lors de la visite d'un établissement scolaire) ;

- la simplification du vote par procuration, ou comment faire voter plus les jeunes et les quartiers qui ne votent pas assez et qui pourraient voter parti socialiste… (le parti socialiste voyant là dans l'intérêt général son intérêt particulier, mettons des mots clairs sur une réalité moins intuitive) ;

- l'introduction d'une taxe sur les transactions financières en Europe, mais ça, Sarkozy le propose aussi (et avant eux) et essaye de le mettre en œuvre dans le cadre du G20, et c'est pour le parti socialiste une manière de dire qu'eux aussi, ils s'intéressent aux grandes choses du monde.

Cette compilation de postures politiques reste très révélatrice de l'état d'esprit de l'opposition socialiste. Cela montre que le Parti socialiste a l'intention de déplacer le débat politique vers des thèmes avant tout sociétaux. Déficit de l'Etat, régimes de retraites, réformes de l'université, grande dépendance, mesures pour les agriculteurs en difficulté… les sujets d'envergure ne manquent pas et pourtant, c'est tout comme si les socialistes faisaient confiance à Nicolas Sarkozy et à son gouvernement pour s'en occuper ou comme s'ils n'avaient pas d'idées emblématiques pour prendre publiquement position.

Le job est fait. Sarkozy réforme, et quand la réforme est passée, plus personne ne s'y oppose. Un grand classique. On oublie qu'on a critiqué un temps ce que l'on pourrait reprendre à son compte désormais. C'est d'ailleurs ce qui étonnait Valérie Pécresse sur Twitter, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche trouvant étrange qu'après avoir combattu la LRU, le programme du PS pour 2012 proposait maintenant de "conforter l'autonomie" des universités.

Les socialistes savent qu'ils ne peuvent pas gagner l'élection présidentielle sur la réforme de l'Etat ou sur des enjeux géopolitiques : l'efficacité relative du pouvoir actuel ne les rend pas crédible. Ces questions sont pourtant celles qui sont essentielles et qu'il faut arbitrer lors d'une élection présidentielle.

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