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Opération apaiser les craintes : Mario Draghi s’emploie à rassurer ceux qui voyaient des bulles partout à cause de la politique de la BCE
©Reuters

Quantitative Easing

Entre Bulles financières et euthanasie des épargnants ; les critiques faites à l’égard de la politique monétaire européenne viennent de se heurter aux réponses de Mario Draghi, qui défend son action.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Dans un discours prononcé le 14 mai à Washington devant le Fonds monétaire international, Mario Draghi, Président de la Banque centrale européenne, répondait directement aux diverses critiques émises à l’encontre de sa politique. Car depuis le 22 janvier dernier, Mario Draghi doit faire face à certaines attaques sur deux points particuliers. D’une part la question de la responsabilité des banques centrales dans la formation des bulles financières devient, à nouveau, un sujet de préoccupation. Et d’autre part, l’accusation relative à la «tonte des épargnants » se fait de plus en vive.

Dans un premier temps, le Président de l’autorité monétaire européenne va consolider ses bases, en avançant les premiers résultats obtenus par ses décisions sur le front de l’activité économique:

« En résultat du cycle complet d’assouplissement de juin 2014 à janvier 2015, les anticipations de croissance et d’inflation ont toutes deux été considérablement améliorées et la confiance des consommateurs est désormais à la hausse. Et ceci est peut être une surprise pour certains observateurs »

Puis, dans un second temps, et sous son intitulé « efficacité et défis des récentes mesures de politique monétaire de la BCE » Mario Draghi va chercher à rassurer les détracteurs de sa politique:

« Une période prolongée de politique monétaire accommodante peut toutefois provoquer des effets secondaires. Et le fait que notre politique ait été efficace jusqu’à présent ne doit pas nous aveugler sur ces points ».

Mario Draghi aborde alors directement les points qui lui sont reprochés. Et pour commencer, la stabilité financière de la zone euro. En effet, selon certains « observateurs » ; la politique des taux 0 et l’injection de milliards d’euros dans l’économie auraient pour effet de provoquer des bulles financières ayant vocation à exploser, mettant ainsi l’ensemble de l’économie en danger.

Les éléments de réponse ne manquent pas. Pour commencer, Mario Draghi indique qu’il est préférable de ne «ne pas confondre politique monétaire et stabilité financière ». En effet, alors que la politique monétaire a vocation à s’adresser à tous les secteurs de l’économie de façon égale, et sans distinction, la stabilité financière ne traite que du secteur bancaire. Ainsi, la stabilité financière dépend bien de la Banque centrale européenne, mais seulement sous sa casquette de régulateur bancaire. Et non de la politique monétaire elle-même. Une séparation claire doit être faite, entre la politique monétaire d’une part, et la politique macro prudentielle d’autre part. L’une traite de l’économie, l’autre de la régulation financière.

Ce qui offre d’ailleurs un nouvel argument à Mario Draghi qui a ici l’occasion de faire remarquer que sous la supervision de la BCE (dans son rôle macro prudentiel), le secteur bancaire européen a été assaini au cours de ces dernières années. Enfin, et pour enfoncer le clou, Mario Draghi informe ses auditeurs que les principaux signes d’une crise financière, que sont la croissance du crédit et les prix de l’immobilier, ne montrent que de timides signes de reprise en Europe. Les inquiétudes paraissent largement exagérées.

Puis, dans un second développement, Mario Draghi va répondre aux accusations classiques de l’euthanasie des épargnants. Certains économistes ont en effet pu faire part de leurs réserves sur les modalités des plans de relance européens, en prétextant qu’une politique des taux zéro tendrait à ruiner les efforts consentis par les épargnants, ceux-ci étant privés de tout rendement sur certains de leurs investissements. La BCE provoquerait un déséquilibre.

Ici, le Président de la BCE va tout simplement retourner l’argument en imaginant quel serait le déséquilibre causé par l’inaction. Dans le cas où la BCE ne pratiquerait pas de politique monétaire expansionniste, la déflation s’installerait au cœur de la zone euro, provoquant ainsi de lourdes  conséquences :

« Dans le cas d’une baisse non anticipée de l’inflation, le données de la zone euro suggèrent que les ménages les plus jeunes (de 16 à 44 ans) seraient les plus affectés) »(…) « et provoquerait ainsi une redistribution des plus jeunes ménages vers les plus vieux.». En effet, dans un régime d’inflation basse ou de déflation, l’emprunteur est lourdement sanctionné par rapport à son créancier. Or, en agrégé, les 16-44 ans sont les débiteurs et les ménages les plus âgés sont les détenteurs du capital. Le déséquilibre est là; évident.

Une politique monétaire est un arbitrage entre travail et capital. La faible inflation que connaît la zone euro depuis plusieurs mois, plusieurs années, n’est rien d’autre qu’un avantage donné aux détenteurs de capitaux par rapport au travail. Ce que Mario Draghi tente aujourd’hui d’instaurer n’est finalement qu’un rééquilibrage.

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