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Omar Sy, de Trappes à Los Angeles, comment il est devenu intouchable au cinéma
©Wikimedia - George Biard - CC

Bonnes feuilles

Ils représentent tous la France, dans sa diversité et sa culture, et occupent sans cesse l'actualité. Tout ce qu'il faut savoir sur les célébrités et sur les liens complexes qui les unissent est réuni dans ce livre, grâce à la complicité de ses auteurs et à leur inlassable travail de recherche. Un ouvrage précis et détaillé, bourré d'anecdotes et de révélations, qui permet de mieux cerner les célébrités et mieux les comprendre. Extraits de "Dictionnaire étonnant des célébrités", de Jean-Louis Beaucarnot et Frédéric Dumoulin aux éditions First (2/2).

Jean-Louis Beaucarnot

Jean-Louis Beaucarnot

Jean-Louis Beaucarnot est l’auteur de best-sellers. Comment vivaient nos ancêtres, Entrons chez nos ancêtres … Généalogiste de grande réputation, il travaille pour de nombreux médias et tient en particulier une chronique hebdomadaire dans le Journal Du Dimanche.

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Frédéric Dumoulin

Frédéric Dumoulin

Frédéric Dumoulin est chef du service politique à l'Agence France Presse (AFP). Il couvre l'actualité parlementaire, après avoir été accrédité à Matignon, entre 2002 et 2007.

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Omar Sy

- D'où vient-il ?

Le destin des Sy est inscrit dans leurs prénoms. Celui du père, qui a amené la famille en France et qui est prénommé Demba, signifiant « qui porte la vie, qui conduit la vie » et Omar, diminutif d’Oumar, signifiant « vie féconde, vie prospère ». Pour ce qui est de leur nom de famille, c’est beaucoup moins simple.

On compte plus de 1 500 foyers portant en France le patronyme Sy, voire même sans doute près de 2 000. Un patronyme qui a très récemment explosé. Entre 1890 et 1915, soit sur un quart de siècle, on n’avait compté en France qu’une quarantaine de naissances à ce nom, et majoritairement dans le département du Pas-de-Calais, où il est curieusement porté depuis le Moyen Âge par une famille de souche bien française, avec sans doute à l’origine un diminutif du vieux prénom franc Sigisbert, ou la variante du patronyme flamand Sys (venu du français six ou du néerlandais sijs, signifiant « cense, impôt »).

Sa progression sera très lente, pour devenir fulgurante à partir des années 1970, avec près de 1 300 naissances sur un autre quart  de siècle, entre 1966 et 1991. Soit quarante fois plus : 4 000 % d’augmentation ! On note en  parallèle  un  déplacement  de son implantation  géographique et quatre départements se partageant plus de la moitié des naissances : Paris, la Seine-Maritime, les Yvelines et la Seine-Saint-Denis. Paris et ses banlieues, et la région du Havre et de Bolbec, où Sénégalais, Maliens et Ivoiriens sont  venus  massivement travailler dans les usines au lendemain de la décolonisation. Car tous ces nouveaux Sy ne viennent pas du  Pas-de-Calais,  mais  d’Afrique noire, où le patronyme est extrêmement fréquent. Il suffit pour s’en convaincre d’aller faire un tour sur Wikipedia, qui  propose  des  informations  sur  pas  moins  de  trente porteurs du nom plus ou moins célèbres : plusieurs ministres africains (mauritanien, malien et sénégalais), un peintre et une styliste sénégalais, un footballeur malien, une dizaine de basketteurs  français,  sans  oublier Hapsatou Sy, entrepreneuse et chroniqueuse de télé, et bien sûr le plus connu de tous : Omar, l’intouchable !

Intouchable depuis son rôle dans le film culte, sorti en 2011. Intouchable dans la vie – très protégé – et d’une famille  elle aussi intouchable, ne serait-ce qu’au plan généalogique, comme toute famille de cette Afrique noire, où l’état civil n’existe que depuis une cinquantaine d’années alors que le nôtre flirte avec le demi-millénaire…

Dès lors, l’histoire des Sy s’arrêtera très vite, quasiment avec les parents de l’humoriste : son père, Demba, aujourd’hui  âgé  de  80 ans, arrivé le premier  en  France en 1962, et sa mère, Diaratou, 57 ans, qui ont travaillé très dur. Lui comme magasinier dans une usine de pièces automobiles ; elle comme femme de ménage. Un  couple resté extrêmement discret, même lorsque Diaratou joue dans Samba, le dernier film de son fils, en 2014 – mais n’y cherchez pas son visage : elle n’est qu’une voix au téléphone. Demba et Diaratou sont tous deux nés en Mauritanie, dans la région de Guidimakha, tout au sud du pays, à la frontière du Sénégal, dans des localités voisines : lui dans la ville de Sélibabi, le chef-lieu administratif, et elle dans le village de Korokoro. 

Mauritanien ou Sénégalais ? Ardemment débattue, la question reste délicate, par rapport au tribalisme, encore très présent dans ces pays,  et  dépendant  autant des ethnies que des religions. Le Guidimakha est habité à la fois par plusieurs peuples, tous de confession musulmane : les Peuls, issus de pasteurs de la région sahélo-saharienne, nomades sédentarisés et souvent métissés, les Soninkés et les Haratins, appelés aussi les Maures noirs. Sans oublier le peuple Toucouleur, regroupant des groupes ethniques variés... Autant de peuples et de langues différentes. Sélibabi, la ville natale de son père et où Omar a lui même souvent passé ses vacances pour y avoir à la fois ses grands-parents paternels et maternels,  est un carrefour commercial, où se retrouvent Sénégalais, Maliens et Mauritaniens. Une ville de mélange culturel.

Dès lors, que sont donc les Sy ? Peuls, Soninkés ou Haratins ? Selon certains spécialistes, ce nom serait peul alors que, pour d’autres, il est de souche typiquement tékrouri – une des ethnies toucouleur. Selon d’autres encore, il serait issu du sarakholé, la langue des soninkés, dans laquelle il signifierait « cheval blanc »… Une question pour laquelle on manque d’éléments. Mauritanie et Sénégal : les deux nations se combattront, à la fin des années 1990, poussant les oncles de l’acteur à venir se réfugier en France pour fuir les combats entre le premier, pays d’origine de sa mère, et le second, d’où venait la famille de son père.

Mais avec des si, on risque de mettre les Sy dans une ethnie qui n’est pas la leur, alors qu’ils sont aujourd’hui à Trappes. Trappes, où Demba, le père, a posé ses valises et où les porteurs du nom sont aujourd’hui nombreux – plus de quinze familles – souvent simples homonymes, comme c’est le cas des deux frères Abbas et Ismaïla Sy, tous les deux connus comme des as du basket. Trappes, où Omar à grandi et où il a connu Jamel Debbouze, autre Trappiste devenu célèbre. Trappes, où  il se sentait bien. Français. « Je suis né français, je n’ai aucun complexe dans mon pays. Jeune, je marchais dans la rue en regardant tout le monde dans les yeux, je bombais le torse. Un sans-papiers, lui, baisse les yeux, rentre les épaules. »

Avec son carton au box-office, il peut être tranquille et avoue s’être embourgeoisé : « Complètement ! Et je le vis comme une réussite ! Je n’ai cherché qu’à avancer dans la vie. Mon père disait :  ‘Il  faut que tu sois mieux que moi et que tes enfants soient mieux que toi.’ On travaille tous pour un meilleur futur. En réussissant, je rends fiers mes parents et leur dis que leurs sacrifices n’ont pas servi à rien.»

- Sa famille :

Issu d’une fratrie de huit enfants, il a depuis peu aussi une « sœur de cœur » : la femme d’affaires et chroniqueuse télé Hapsatou Sy (née à Sèvres en 1981 au sein d’une famille homonyme et nombreuse, dans une fratrie de huit frères et sœurs, vivant à Chaville), depuis qu’elle l’a ému aux larmes sur le plateau du Grand 8 de Laurence Ferrari, en octobre  2014. Marié en 2007 à Tremblay-sur-Mauldre avec Hélène Lair, fille d’un assureur de Sées, dans l’Orne, il est le père de quatre enfants, de 14, 11, 9 et 6 ans.

- Ses racines :

Mauritanie, Sénégal.

- Ses lieux :

•   Trappes (Yvelines), où il passe toute son enfance, avec ses amis Jamel Debbouze et Nicolas Anelka.

•   sa maison des Yvelines, près de Montfort-l’Amaury et non loin de Trappes.

•   Los Angeles, où il est désormais installé avec toute sa famille dans le quartier chic de Beverly Hills.

- Sa formation :

Il prépare un bac de génie civil, spécialisé dans le froid et la climatisation, en vue de monter une boîte de clim au Sénégal, mais il abandonne quelques semaines avant l’épreuve pour aller sur le plateau de Canal+ au Festival de Cannes. 

- Ses débuts :

En 1996, son ami Jamel Debbouze l’em- barque dans sa première expérience à la radio sur Radio Nova, où il rencontre son complice, Fred Testot. Il participe à l’émission Le Cinéma de Jamel puis crée l’émission Le Visiophon et enchaîne les sketchs.

- Sa carrière :

Il acquiert la notoriété grâce à son duo comique Omar et Fred et leur Service après-vente des émissions ou SAV, une série humoristique quotidienne d’environ 2 minutes 15, diffusée sur Canal+ de 2005 à 2012. Au cinéma, après une quinzaine de films tournés depuis 2000, sa carrière explose en 2011 grâce à son rôle de Driss dans le film Intouchables, du duo Nakache-Toledano : César du meilleur acteur, 19,5 millions d’entrées en France, 50 millions à travers le monde, un record pour un film français. Il enchaîne notamment avec De l’autre côté dupériph (2012), X-Men : Days of FuturePast (2014) et Samba (2014).

- Ses goûts :

Il adore les tenues sportswear et fait deux heures quotidiennes de sport avec un coach, pour renforcer sa musculature. Fan de la « déconne », il a grandi dans une famille où l’on rigole tout le temps. Il n’apprécie pas trop qu’on veuille faire de lui la réplique française de l’acteur américain Eddie Murphy. Adorant les bons petits plats et cuisiner, il se définit comme le roi de la sauce. Ce fan de basket n’a jamais été particulièrement bon au foot.

- Il l'a dit :

"Mon père me disait souvent : Ne fais pas de vagues ! C’était son leitmotiv : ne surtout pas se remarquer. Bon, depuis, je crois que j’ai fait assez de vagues, non ? – Depuis que je suis jeune, on essaie de m’enfermer dans le « noir » ou dans la banlieue : eh bien non – Je prends des notes pour mieux me souve- nir, ma vie est très kiffante ! – Ma foi en Dieu me porte depuis longtemps – La famille, c’est tellement important, c’est elle  qui  me  permet  de  bien  faire  mon métier, d’être heureux, comblé, fort – J’ai décidé d’être heureux, parce que c’est bon pour la santé – Tout ce que je suis aujourd’hui, c’est grâce à ma mère. L’amour d’une mère, c’est de l’engrais – Je me suis éloigné de la France pour me rapprocher des miens."

- Le savez-vous ?

À Paris, ce colosse d’1m92 ne peut plus faire un mètre dans la rue sans être sollicité pour un selfie ou un autographe. Désigné « homme de l’année » 2014 par le magazine tendance masculin GQ, il fait partie du Top 3 des personnalités préférées des Français. Musulman pratiquant, il estime qu’il a évité certaines choses grâce à la religion. Possédant sa statue de cire au Musée Grévin, il assure qu’il refuserait le meilleur rôle du monde s’il nécessitait un déshabillage intégral. Pour son personnage d’Intouchables, il a dû perdre 10 kilos. Il a fondé deux sociétés de productions : une première en 2004, qu’il nommera Korokoro, du nom du village natal de sa mère, et une seconde, Patafoin et Mioum-Mioum.

Extraits de "Dictionnaire étonnant des célébrités", de Jean-Louis Beaucarnot et Frédéric Dumoulin aux éditions First , 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici

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