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Nucléaire iranien : derrière les tensions apparentes, l'apaisement
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Et plus si affinités

La perspective de la reprise des discussions sur la question du nucléaire entre l'Iran et l'Union européenne écarte un peu plus la menace d’une frappe israélienne contre les installations iraniennes. De son côté, la population iranienne subit directement les sanctions économiques imposées par l'étranger et ne semble pas prête au bras de fer.

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani est avocat et essayiste, spécialiste du Moyen-Orient. Il tient par ailleurs un blog www.amir-aslani.com, et alimente régulièrement son compte Twitter: @a_amir_aslani.

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L’Iran a tenu ses élections parlementaires le 2 mars dernier. Le résultat de ces élections, qui a vu le camp du président Ahmadinejad décimé, annonce un repositionnement de la République Islamique qui devient monosépale derrière la branche la plus conservatrice du pouvoir. Le Guide suprême dont les partisans ont remporté la majorité absolue des sièges concentre maintenant entre ses mains la quasi-totalité des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires. 

Étonnamment, même si à première vue, on pourrait considérer que le pouvoir se durcit radicalement sur la question du nucléaire du fait de ses résultats, l’Iran vient de recevoir la réponse positive du groupe des six, sous la signature de Catherine Ashton au nom de l’Union Européenne en vue de la relance des discussions multilatérales sur le nucléaire. La perspective des négociations dont la date et le lieu restent à déterminer a entrainé une baisse du prix du baril (Brent) qui a baissé de 1,7 dollar pour atteindre 122,1 dollars. Cette nouvelle, heureuse coïncidence, arrive au lendemain de la visite du premier ministre israélien à la Maison Blanche.

Curieusement, alors que l’on aurait pu imaginer l’inverse aux vues des résultats des élections iraniennes, le climat tend vers l’apaisement. En effet, la perspective de la relance des discussions écarte un peu plus la menace d’une frappe israélienne contre les installations nucléaires iraniennes. On voit difficilement comment Israël pourrait se lancer dans une aventure militaire en Iran au moment même où les Américains entament une discussion nouvelle avec les Iraniens après un an d’interruption.

Le pouvoir iranien sait très bien que le poids des sanctions économiques décidées par les États-Unis et l’Union Européenne visant directement et indirectement, via la Banque Centrale Iranienne, son secteur pétrolier, est appelé à vite devenir insupportable pour la population déjà durement frappée. En effet, le 1er juillet 2012 marque la date fatidique au-delà de laquelle les Iraniens ne pourront plus vendre leur pétrole que par le troc et ce uniquement à une clientèle quasi exclusivement asiatique. D’ores et déjà, les débouchés se limitant de plus en plus, le pays vend son pétrole avec un rabais significatif aux Chinois et aux Indiens.

Avec un taux d’inflation se situant entre 20% et 30% en fonction des denrées et une parité de la monnaie iranienne avec les devises étrangères qui a vu le Rial iranien se déprécier de 40% en deux mois, l’économie du pays est aux abois. Avec une population avoisinant les 80 millions d’habitants et une jeunesse éduquée de moins de 40 ans représentant plus de 60% de la population du pays, l’économie est le talon d’Achille du pouvoir. Les sanctions ont réussi à associer dans l’esprit des Iraniens leurs difficultés économiques au quotidien à la quête du nucléaire.

Or l’Iran n’est pas et ne souhaite pas devenir un deuxième Corée du Nord, honni et banni de la communauté internationale. Sa situation géographique et sa quête historique de domination régionale ne l’autorise pas. C’est parce que le pouvoir est conscient de cette réalité et qu’il voit l’étau se resserrer chaque jour davantage que le temps du dialogue est peut être venu.

Les élections du 2 mars ont, pour la première fois en 20 ans concentré la totalité des prérogatives du pouvoir entre les mains d’une même tendance qui dispose de surcroit de la légitimité institutionnelle nécessaire pour finaliser le grand marchandage que tout le monde attend avec les Américains. Rappelons-nous que l’histoire prouve que ce sont souvent les faucons qui ont l’audace et la crédibilité nécessaire pour briser certains tabous. Le tabou qui reste à briser est celui du « Grand Satan » américain qui peut du jour au lendemain devenir un partenaire de dialogue voire plus si affinité….

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