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Nucléaire : 
la France aime se faire peur
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Regard américain

« Un nouveau Tchernobyl ? » Les titres de la presse en ligne française du week-end avaient de quoi vous retourner les sangs. Les médias américains, qui ne craignent pourtant pas les titres chocs, ont assuré une couverture beaucoup plus factuelle de la crise nucléaire japonaise.

François Tillinac

François Tillinac

François Tillinac est un chef d'entreprise, tout juste trentenaire, installé à New York depuis plusieurs années.

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Un séisme d’une violence inouïe. Un tsunami meurtrier. La troisième puissance économique mondiale sur les rotules… Autant d’anecdotes au regard de l’accident nucléaire de la centrale de Fukushima qui a contaminé pour l’heure une centaine de personnes ?

Des décennies d’activisme anti-nucléaire ont donné à la société française des réflexes pavloviens et des mécanismes de peur que l’analyse des faits ne sauraient contrecarrer. Qui dit accident nucléaire, évoque spontanément moutons à deux têtes et champignons de fumée !

La série d’accidents survenus sur la centrale de Fukishima est de toute évidence gravissime mais, ne serait-ce que par décence pour les milliers de victimes du séisme et du tsunami, il est impératif de garder à l’esprit la violence et l’enchainement de catastrophes naturelles qui ont touché le Japon en l’espace de quelques heures.

Un concours de démagogie

Il est tout aussi indispensable de faire la part des choses entre un accident grave mais non meurtrier, et le drame que vivent actuellement les centaines de milliers de sinistrés et les familles des victimes au Japon.

Comme en France, les médias américains couvrent intensivement depuis vendredi la situation nippone. L’évolution de la situation à la centrale de Fukishima est évidemment incluse dans le prisme global de la dévastation actuelle du pays.

Les médias et politiques français sont en revanche incapables de faire la part des choses, et pris dans une forme d’emballement apocalyptique, ils se sont lancés dans un concours de démagogie qui n’a aucun sens.

Le gouvernement a lancé les hostilités en convoquant à la hâte les acteurs du secteur nucléaire français pour leur demander de rendre des comptes. Le Japon a été mis à plat par un séisme de 8,9 sur l’échelle de Richter, puis balayé par un tsunami de plusieurs mètres de haut ! Quelles leçons pourraient en tirer vingt-quatre heures après l’industrie nucléaire française ?

Le parti socialiste, qui ne faisait pas tant la fine bouche lorsqu’il était aux affaires, a également réagi en dénonçant les « commentaires technico-lénifiants, toujours en deçà de la vérité » de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française qui n’avait rien demandé à personne.

Le poids des activistes

A côté de ce concours d’hypocrisie de deux formations politiques ouvertement favorables à l’énergie nucléaire, le discours des associations anti-nucléaires et des Verts (notamment Cécile Duflot) est comme toujours outrancier, mais a au moins le mérite d’être cohérent.

Depuis samedi, et profitant de cet effet d’opportunité formidable, ils inondent les médias de communiqués de presse catastrophistes, et réclament à corps et à cris l’abandon du nucléaire… et les médias français se font une joie de diffuser ces communiqués accrocheurs à souhait !

Si le poids des lobbies est une vraie tare du système médiatique américain, celui des activistes de tout poil entache lourdement la crédibilité des journaux français.

Comment avoir confiance dans le traitement de l’information quand est utilisé comme ressource principale (et souvent unique) des responsables d’associations éminemment politisés qui sont juges et parties des sujets évoqués ?

Quelle est la qualité informationnelle intrinsèque du témoignage d’un responsable associatif anti-nucléaire ? A fortiori s’il n’est pas systématiquement confronté à des points de vue alternatifs argumentés ?

L’accident nucléaire de Fukishima illustre une nouvelle fois cette dérive médiatique française qui consiste à offrir, sans mise en perspective, une tribune à des extrémistes défendant leur cause (certes avec talent et conviction), mais qui polluent in fine le débat public.

Pourquoi accepter d’offrir un tel écho aux sorties médiatiques d’une association comme Sortir du nucléaire ? Parce que les discours millénaristes sont beaucoup plus « vendeurs » que d’austères arguments scientifiques mal formulés par des physiciens qui savent pourtant autrement de quoi il en retourne.

La société des médias est condamnée à devenir une société du spectacle si les journalistes ne jouent pas leur rôle essentiel de filtrage de l’information.

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