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Faut-il vraiment avoir peur 
des nouvelles règles 
de confidentialité de Google ?
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Le géant américain instaure ce jeudi sa nouvelle politique de confidentialité. Atteinte à la vie privée ou meilleure façon de servir ses utilisateurs ?

Le Google nouveau est arrivé ! Avec, entre autres, des changement notablessur sa politique de confidentialité. Vous ne pourrez pas dire que vous n'avez pas été prévenus : comme le rappelle le site Écrans de Libération, le géant américain a prévu un mois complet de préavis pour que ses dizaines de millions d’utilisateurs lisent et comprennent la nouvelle politique qui s'appliquera à compter du 1er mars.

Depuis plusieurs semaines, les messages d'avertissement s'accumulent : "Nouveau ! Règles de confidentialité et conditions d’utilisation", peut-on lire en rouge, en bas à droite du moteur de recherche. Un mail intitulé de la même manière a été envoyé fin janvier à tous les possesseurs de compte Gmail.

A partir de ce jeudi, tous les internautes continuant à utiliser un service Google seront considérés comme informés et consentants.

Deux changements majeurs interviendront :

- D’abord, les CGU (conditions générales d’utilisation) des 70 principaux services de Google seront fusionnées en une seule page. Un moyen, selon l'entreprise, de rendre les règles de confidentialité plus accessibles et compréhensibles par les internautes.

- Ensuite, la nouvelle règle dit clairement que si une personne est connectée dans un des comptes des services Google (Gmail, Google Docs, YouTube, Google Actualités, Android, etc.), Google peut utiliser pour d’autres services les informations qu’elle a partagées dans le premier. "En somme, nous vous traiterons comme un utilisateur unique à travers tous nos produits", résume Alma Whitten, en charge des questions de confidentialité pour l’entreprise américaine.

Des nouvelles règles qui hérissent le poil des Commissions nationales de l'informatique et des libertés de l'Union européenne (Cnil).

Veiller au respect de la vie privée des internautes, c'est justement la mission de la Cnil. Or, l'institution a fait part de son inquiétude dans une lettre adressée à Google ce lundi. Elle estime, après une enquête préliminaire, que ces nouvelles règles ne respectent pas les exigences de la Directive européenne de la protection des données (95/46/CE).

"On identifie à ce stade trois problèmes principaux, a expliqué à Europe 1.fr Yann Padova, le secrétaire général de la Cnil. Google déclare que sa nouvelle politique va simplifier l'utilisation de ses services, mais en même temps elle la rend beaucoup plus opaque. Avec ces nouveaux paramètres, il est quasiment impossible de savoir quelle type de données va être collecté et pour quelle application." Le deuxième problème est lié à l'utilisation des cookies : "Depuis 2002, la loi prévoit que l'internaute donne son consentement pour l'ouverture des cookies. On pense que ce ne sera pas le cas avec cette nouvelle politique. Enfin, Google reconnaît que les données qu'elle va recueillir vont être utilisées et interconnectées. Il y aura donc des échanges d'informations au sein de Google, et ce de manière encore une fois très opaque et potentiellement intrusive."

Interrogé par le figaro.fr, Peter Fleischer, responsable de la vie privée au niveau mondial de Google répond : "Google n'a pas reçu de questions de la part d'aucune autorité, mis à part de certains membres du Congrès américain. Nous n'avons jamais reçu non plus le questionnaire dont la CNIL nous avait parlé dans son courrier". A cet égard, la CNIL a fait savoir au Figaro qu'un "questionnaire très technique" sera transmis mi-mars à la société américaine. 

Mais selon Me Gérard Haas, avocat spécialiste en propriété intellectuelle, également interrogé par Le Figaro les nouvelles règles de Google dépassent le cadre légal. "Google est devenu un aspirateur de données. Qui plus est, ce groupe est tellement puissant qu'il prend ses principes à lui, en passant outre ceux des États et des législations."

En revanche pour Matt Rosoff, du site Business Insider, la panique générale qui entoure la protection des données personnelles est ridicule : il estime que "cette nouvelle politiquede confidentialitéest exactement ce que vous (internaute) attendez d'unportail intégré. Il affirme que c'est ce que font à peu près tous les fournisseur de services sur Internet pour améliorer leurs produits et mieux cibler les publicités qui sont susceptibles de vous intéresser. Facebook agit exactement de la même façon en "utilisant vos données personnelles pour suggérer de nouveaux amis", explique-t-il.

Pour François Sutter, fondateur de l'agence web Blue Acacia, il n'y a vraiment pas de quoi s'inquiéter car, "force est de constater que Google propose une palette extrêmement large d’outils pour gérer la confidentialité : gestionnaire de préférences pour les annonces publicitaires, Data Liberation Front pour déplacer ou retirer des données, Mode navigation privée de Chrome, etc."



Que peut-on reprocher à Google ? Pour François Sutter la réponse est claire : "Franchement, pas grand chose, surtout dans la mesure où le ciblage actuel de Facebook est bien plus poussé que celui de Google." Et d'ajouter : "Il faut comprendre qu’avec un modèle économique basé sur la monétisation de l’audience il est normal que Google travaille constamment à perfectionner son dispositif de publicité. C’est surtout une stratégie nécessaire pour éviter que Facebook ne vienne vampiriser la valeur ajoutée de Google aux yeux des annonceurs."

Dans un autre article de Business Insider, Kamaila Sanders explique en quoi le deal est "gagnant-gagnant" : "PlusGoogle en sait sur vous,plus vous serez ciblés par des publicités qui vous intéressent vraiment." En plus, "Google vous permet : de contrôler certains types d'informations liées à votre compte ; d'afficher et de modifiervospréférences d'annonces ; de créer et de modifier votreprofilGoogle ; de contrôler avec qui vous partagez vos informations ; et de supprimer les informationsnon désiréesà partir deplusieurs de leurs services."

Si malgré cela, vous ne voulez toujours pas que Google en sache trop sur vous, vous pouvez aisément résoudre le problème, souligne Matt Rosoff :

  • Déconnecter vous de votre compte Gmail (ou de n'importe quel autre service de Google) à chaque fois que vous avez terminé de l'utiliser.
  • Configurez votre navigateur de manière à ce qu'il efface les cookies à chaque fois que vous le fermez.

Marie Slavicek

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