Nouvelle (mini) vague : que faire si vous attrapez le Covid pendant cet été 2023 ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Les tests Covid ne sont plus remboursés mais toujours disponibles.
Les tests Covid ne sont plus remboursés mais toujours disponibles.
©RONNY HARTMANN / AFP

Ça monte

Une augmentation des cas est observée dans de nombreux pays. Un nouveau sous-variant, Eris, pourrait rapidement devenir majoritaire.

Antoine Flahault

Antoine Flahault

 Antoine Flahault, est médecin, épidémiologiste, professeur de santé publique, directeur de l’Institut de Santé Globale, à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève. Il a fondé et dirigé l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (Rennes, France), a été co-directeur du Centre Virchow-Villermé à la Faculté de Médecine de l’Université de Paris, à l’Hôtel-Dieu. Il est membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine. 

 

Voir la bio »


Atlantico : A quel point observons-nous une augmentation des cas de Covid actuellement ?

Antoine Flahault : Les autorités nord-américaines, britanniques et françaises rapportent toutes des augmentations de cas, de passages aux urgences, et/ou d’hospitalisations pour suspicion de Covid, alors qu’aucun de ces pays n’a maintenu de système de surveillance fiable. Il y a donc tout lieu de penser que l’on assiste à une augmentation des cas, que l’on appelait “vague” au temps de la pandémie et que l’on nommera peut-être “recrudescence épidémique” dans les temps actuels.

Quelle est son ampleur et sa gravité ?

Antoine Flahault : On n’est pas capables de préciser l’ampleur ni la gravité de la vague actuelle faute d’outils de surveillance fiables. Il semble cependant que l’on soit très loin du spectre agité par les premières vagues. On ne s’attend pas à une saturation du système de soin. Nulle part on ne rapporte d’augmentation d’hospitalisations pour cas sévères chez des personnes jeunes immuno-compétentes par ailleurs. Il n’y a donc pas à ce jour de caractère de gravité particulière au phénomène actuel. Une inconnue demeure la question des Covid longs.

On parle d’un nouveau variant du Covid, Eris, qui serait responsable de la hausse des contaminations en France. Est-ce le cas ? Que savons-nous de ce variant ?

Antoine Flahault : Un nouveau sous-variant d’Omicron, EG.5.1, surnommé Eris, a émergé semble-t-il en Asie du Sud-Est au début de l’été et se propage rapidement depuis quelques semaines dans le monde. Il pourrait devenir prépondérant aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Europe continentale, dont la France. Il semble plus transmissible que ses prédécesseurs, et pourrait donc dominer à son tour le paysage épidémiologique du Covid-19 cet automne et cet hiver. Il n’est pas rapporté de symptomatologie spécifique avec ce nouveau variant ni d’une virulence particulière. En ce sens, il ressemble aux précédents sous-variants d’Omicron.

A l’heure où le Covid est devenu une préoccupation lointaine pour de nombreux français et que les tests ne sont plus gratuits, que convient-il de faire si l’on attrape le Covid au cœur de l’été ?

Antoine Flahault : La plupart des Français, bien vaccinés, ont contracté l’infection par l’un des sous-variants d’Omicron, parfois à plusieurs reprises depuis 2022. Ils sont donc largement immunisés contre les formes graves de Covid. Pour la grande majorité d’entre eux, le Covid se résume à une infection virale respiratoire assez banale. Malheureusement certaines personnes sont à risque de formes graves ou persistantes de Covid. Chez celles-ci il faut tenter d’agir en amont.

Si l’on est une personne à risque ou que l’on craint des symptômes persistants du Covid quelles sont les bonnes recommandations à suivre ?

Antoine Flahault : Les personnes à risque de formes graves de Covid sont les personnes immunodéprimées, soit par leurs traitements, soit par une maladie sous-jacente, mais aussi les personnes âgées qui peuvent souffrir d’une immunosénescence. Chez elles, tout comme celles qui qui craignent de souffrir d’un Covid long si elles contractent le virus, il convient tout d’abord de se protéger du virus en portant un masque FFP2 dans les transports publics et dans les lieux clos qui reçoivent du public et où l’on passe plus de quinze minutes (sauf si la concentration de CO2 monitorée en continu est inférieure à 600ppm). 

Ensuite, chez ces mêmes personnes, il convient de proposer un test diagnostic de Covid (autotest ou test PCR) au moindre symptôme afin d’instituer précocement un traitement antiviral (par Paxlovid ou Remdesivir), c’est-à-dire dans les tout premiers jours suivant l’infection. On sait que les antiviraux sont très efficaces pour réduire le risque de complications du Covid chez les gens à risque de formes graves et l’on pense qu’ils réduisent le risque de Covid long, même si ce dernier point est plus controversé.

Pour ces personnes à risque, et peut-être aussi pour les personnels de santé, les autorités recommanderont-elles probablement à l’automne un rappel vaccinal de précaution contre le Covid, d’autant que l’on devrait pouvoir bénéficier alors d’une formulation monovalente ciblée contre Omicron.

Plus largement, comment continuer à agir pour lutter contre la diffusion du Covid en 2023, pour cet été mais aussi en prévision de la saison froide ?

Antoine Flahault : Il y a deux volets de réponses à cette importante question. 

Le premier volet est celui du renseignement. Pour mieux connaître les positions de l’ennemi, il faut le surveiller efficacement. Aujourd’hui les gouvernements ont tourné la page de la pandémie et ont baissé la garde, presque partout. Ils sont dans un épais brouillard face aux éventuelles résurgences des différentes viroses respiratoires. Il conviendrait d’instaurer un système de surveillance épidémiologique performant, peu coûteux et qui ne sollicite pas la population. Ce système existe, c’est l’analyse des eaux usées. Il faut d’urgence le mettre en place dans un grand nombre de stations d’épuration couvrant tout le territoire, et rendre disponible les données recueillies en temps réel. Cela permettrait un suivi et des prévisions fiables de l’évolution de la circulation des différents virus qui nous menacent. Nous pourrions aussi surveiller par les eaux usées l’émergence des nouveaux variants.

Le second volet concerne la mise en place d’une prévention durable, efficace contre ces maladies. Là aussi, on dispose de toutes les technologies pour y parvenir. Au début du vingtième siècle, on a éliminé le choléra et les dysenteries du monde développé. On n’a pas éliminé les agents responsables de la planète mais partout où l’on a filtré l’eau de boisson et assaini les adductions d’eau consommée par l’homme, on a éliminé ces risques qui emportaient chaque année des millions de vies. En 2023, on peut envisager d’éliminer les maladies à virus respiratoires, la grippe, le Covid, la rougeole ou la varicelle, tout comme la tuberculose due à une bactérie qui se transmet comme le SARS-CoV-2, par voie aérosol. Pour cela, il conviendrait d’améliorer la qualité de l’air intérieur, en ventilant efficacement les espaces clos, en le filtrant et le purifiant de ses particules fines que sont les microgouttelettes de notre respiration et qui flottent dans l’air plusieurs minutes ou plusieurs heures, et sont parfois contaminées par des virus ou des bactéries lorsque quelqu’un de contagieux est passé dans la pièce.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !