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Nouveaux écrans : faut-il toujours répéter à ses enfants de ne pas se mettre trop près de la télé ou des tablettes ?
©Reuters

Surexposition

Selon une idée largement répandue, les écrans modernes LED seraient moins nocifs que les écrans à tubes cathodiques. Si la science méconnaît les effets de ces derniers, les écrans utilisés quotidiennement ont, eux aussi, un seuil de toxicité.

Atlantico : Est-ce que les nouveaux écrans abîment moins les yeux que les écrans cathodiques ? Quelles différences ont pu être constatées entre les écrans cathodiques et les LED d'aujourd'hui ?

Dominique Brémond-Gignac : Il n'y a pas d'étude qui mette spécifiquement en cause les écrans cathodiques. Cependant, les écrans présentent deux types de risques d'exposition. D'abord, l'exposition aux LED. Ceux-ci ont une toxicité photogénique : car ils sont très agressifs et attaquent la rétine. Il est assez difficile de le démontrer, mais un rapport de l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) s'est attardé sur ce risque. Or, les écrans d'aujourd'hui sont des écrans LED. Les risques d'expositions aux LED comportent des effets de toxicité rétinienne quand la luminosité est très élevée. Nous ignorons encore ce que peut provoquer une exposition durable à une forte luminosité LED.

Le risque est évidemment lié à la durée de l'exposition, à la force de la luminosité (laquelle est normalement réglée en conséquence pour les écrans, qui sont donc en théorie hors-risque) et enfin un risque lié à la lumière bleue. Ce dernier élément est particulièrement important chez l'enfant, car celui-ci a un cristallin qui laisse passer toutes les ondes. Chez l'adulte, le cristallin filtre, ce qui n'est pas le cas chez l'enfant. Ce dernier est donc beaucoup plus exposé, comme cela peut également être le cas chez des patients dont le cristallin ne fonctionne plus correctement, ou qui ont un cristallin artificiel. Enfin, ces lumières bleues tendent à perturber l'horloge biologique, notamment en raison de leur longueur d'onde. Elles participent à la régulation de la mélatonine et provoquent potentiellement des troubles du sommeil. Là encore, il est difficile de faire la part des choses de façon très claire, mais c'est un effet que l'on sait.

Les normes de sécurité relatives aux écrans LED sont difficiles à établir. De facto, les risques photochimiques sont mal évalués. Ces normes ne sont pas évidentes : certaines lumières LED sont étiquetées comme des lumières 1 watt. Le risque de luminance supérieure à 10 000 cd⋅m−2 est reconnu. Ces lumières d'1 watt correspondent parfois à des millions de cd⋅m−2… Cette exposition peut donc être beaucoup plus forte que ne laisse suggérer la lumière seule.

Le fait qu'on connaisse mieux les premiers que les seconds ne signifie pas qu'on constate plus d'effets relatifs aux écrans LED qu'aux écrans cathodiques : ils ont simplement fait l'objet de plus d'études. Je pense néanmoins que les LED ont probablement plus d'effets délétères.

Dernier point intéressant : les écrans 3DS, qui sont des écrans stéréoscopiques, peuvent également provoquer un certain nombre d'anomalies visuelles.

Et pour les écrans cathodiques, a-t-on pu observer des effets délétères sur les yeux ?

Il n'y a pas d'étude qui ait démontré que les écrans cathodiques abîment les yeux. En l'absence d'études scientifiques qui aillent en ce sens, il est difficile d'affirmer sur un ton définitif que ces écrans soient nocifs pour le regard.

Nos yeux subissent énormément de sollicitations sur les écrans aujourd'hui, que cela passe par les télévisions, les ordinateurs, les cinémas, les tablettes ou les smartphones, beaucoup plus sollicités qu'il y a 60 ans. Cela signifie nécessairement que les gens atteints par une anomalie ont beaucoup plus de chances de les décompenser.

Quels sont les signes qui doivent alerter ? Est-ce réversible ?

Lorsque l'on travaille sur un écran de façon prolongée, on cligne beaucoup moins des yeux et le risque est d'assécher l'œil, puis dans un second temps la conséquence est un clignement excessif . En clignant excessivement des yeux, on essaye de réhydrater ; cependant, c'est inefficace car trop tardif. A moyen terme, le risque est de souffrir de brûlures et d'irritations.

L'autre problème lié à une exposition prolongée aux écrans est celui de la convergence des yeux.  Les fatigues oculaires sont généralement des signes que la convergence ne se fait plus de manière optimale et cela doit faire partie des signaux d'alerte. La rétine n'est pas la seule à souffrir de l'exposition aux écrans mais toute la surface oculaire et la motricité des yeux en font les frais. Cela peut engendrer des troubles diversifiés qui ne sont pas toujours bien identifiés par les personnes qui en souffrent. Il faut rester vigilant à tous les éléments que je viens de mentionner.

Comment prévenir ce genre de dégradation ? Existe-t-il des filtres permettant de bloquer la lumière bleue à mettre sur des écrans ou des lunettes ?

Il existe des filtres conçus pour les écrans classiques mais pas encore pour les smartphones. Les verres sont teintés dans les tons vert/jaune et permettent de filtrer certaines lumières. Mais il s'agit davantage de confort visuel que d'un réel effet scientifiquement prouvé. Aucun filtre ne permet d'ailleurs de protéger complètement le globe oculaire des rayonnements, sauf les verres entièrement opaques. Ce qu'il est conseillé de faire est de vérifier son bilan ophtalmologique, et éventuellement le bilan orthoptique, le cas échéant selon le diagnostic, d'avoir recours à une rééducation qui permet de corriger les problèmes de convergence et de sécheresse des yeux.

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