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Notre-Dame-des-Landes : un projet nécessaire et moins coûteux que le réaménagement de l’actuel aéroport Nantes-Atlantique, qui sera saturé en 2030
©Reuters

Bonnes feuilles

Et si les zadistes qui occupent Notre-Dame-des-Landes, Sivens ou Roybon étaient non pas les Robin des Bois à l'idéalisme touchant décrits par les médias mais les sujets d'une tentation totalitaire, prompts à manier l'intimidation et la violence ? Pascal Perri, dans cette enquête très documentée, démonte aussi bien les mécanismes de leur action que l'indulgence troublante dont bénéficient ces zones à défendre et leurs occupants. Car les faits sont têtus. Extrait de "L'écologie contre la démocratie", de Pascal Perri, aux éditions Plein Jour, mai 2016. 1/2

Pascal Perri

Pascal Perri

Pascal Perri est économiste. Il dirige le cabinet PNC Economic, cabinet européen spécialisé dans les politiques de prix et les stratégies low cost. Il est l’auteur de  l’ouvrage "Les impôts pour les nuls" chez First Editions et de "Google, un ami qui ne vous veut pas que du bien" chez Anne Carrière.

En 2014, Pascal Perri a rendu un rapport sur l’impact social du numérique en France au ministre de l’économie.

Il est membre du talk "les grandes gueules de RMC" et consultant économique de l’agence RMC sport. Il commente régulièrement l’actualité économique dans les décodeurs de l’éco sur BFM Business.

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Existe-t-il des projets alternatifs ?

Le dossier Notre-Dame-des-Landes a donné lieu à la publication de projets plus fantaisistes les uns que les autres, comme celui qui consiste à utiliser l’aéroport de Châteauroux-Centre au motif que la piste est déjà construite. Cet aéroport sert de terrain d'entraînement aux atterrissages en série nécessaires à leurs qualifications. Il est incontestable qu’il existe déjà mais il n’en est pas moins à 319 kilomètres de Nantes (3 h 22 de trajet en voiture selon google maps), à 297 kilomètres de La-Roche-sur-Yon et à 4 heures de voiture de Saint-Nazaire, une zone d’activité économique essentielle dans la région. laissons de côté ces idées loufoques.

Le principal débat porte sur le caractère aménageable de l’actuelle plateforme de Nantes-Atlantique. dans tous les projets d’aménagement, on commence par mesurer l’expression du ou des besoins. Pour n’être pas inutile, un projet doit répondre à une demande. Nantes est une des villes les plus dynamiques de France, une métropole que Jean-Marc Ayrault, l’ancien maire, a beaucoup contribué à moderniser. Le tissu des entreprises y est dense. Beaucoup de Parisiens rêvent de quitter la région Île-de-France pour aller vers l'ouest ; Nantes est une de leurs destinations favorites. Le département de Loire-Atlantique accueille 15 000 habitants de plus chaque année. C’est aussi un pôle universitaire de 120 000 étudiants. Cette vitalité et cette démographie appellent sans contestation possible une plateforme aéroportuaire correctement dimensionnée aux besoins.

Tous les géographes et les aménageurs savent qu’il existe un optimum de distance pour chaque moyen de transport : le tram, l’autobus, pour les distances intra-urbaines, le train jusqu’à 700 kilomètres et l’avion au-delà. or le Grand Ouest est la région la plus à l’ouest du continent (sans compter les îles britanniques). Il est naturellement connecté aux régions industrielles allemandes et italiennes et au Nord de l’Angleterre ainsi qu’à la région des Midlands. Pour rejoindre ces territoires, qui sont aussi des pôles de formation et d’échange pour les étudiants, seul l'avion est efficace. Il est le bon compromis en matière de temps de transport et aussi… en termes de consommation de carburant per capita (par tête) ! La croissance de la population et le développement économique de la région induisent donc logiquement une augmentation régulière du trafic sur l'aéroport de Nantes-Atlantique. L'actuelle plateforme pourra-t-elle continuer d’absorber cette croissance continue du transport aérien ? 

Les plaisantins qui annonçaient pour demain un peak oil (le moment où la production mondiale de pétrole atteint son maximum et commence à décroître) ont dû ravaler leur catéchisme. On ne peut imaginer ce qui se passera dans trente ans sans risque d’erreur mais à court terme le doublement du nombre de personnes transportées en avion chaque année est fixé à 2022. Les compagnies éariennes transportent 3,5 milliards de passagers par an. nous en serons à 7 en 2022. l’asie et l’afrique seront en tête de cette croissance mais l’europe ne sera pas en reste.

Les villes françaises de l’ouest sont très attirantes : activités économiques, universitaires, recherche, tourisme. Quels que soient les cas de figure envisagés, la plate-forme de Nantes-Atlantique atteindra un volume de 6 millions de passagers par an en 2030. dans le cas d’une croissance constante, l’aéroport sera saturé en 2017. les opposants veulent l’aménager. Passons sur l’exposition au bruit – le nombre de personnes concernées doublera en peu de temps: dans l’esprit des écologistes, le bruit est un argument pour lutter contre tout transport aérien, par nature pollueur. reste la question des installations actuelles.

Une étude de la direction générale de l’aviation civile a été réalisée et présentée en 2016 par le préfet de loire-atlantique. elle est évidemment contestée par les adversaires de notre-dame-des-landes, pour qui les ingénieurs de la dgac, malgré un long examen technique, auraient rendu des conclusions orientées. toutes les études sont discutables, encore faut-il savoir par qui. Par des associations, des comités d’étudiants, des militants proches des écologistes, financés par les réserves parlementaires des députés ou des sénateurs verts ?

L’étude de la dgac reprend des éléments précis que même les adversaires du nouvel aéroport ne peuvent remettre en cause. réaménager et adapter nantesatlantique coûterait – entre les travaux indispensables et les pertes d’exploitation liées à la fermeture temporaire de la plateforme – plus de 800 millions d’euros. la piste devrait être allongée et rechapée, sa planéité rétablie. le coût de mise aux normes dépasserait, et de loin, le coût de construction de notre-dame-des-landes, évalué entre 550 et 600 millions d’euros.

À cet égard, il est parfaitement inexact de prétendre que l’argent public serait exposé dans le cas d’un nouvel aéroport. Plus de 300 millions d’euros sur les 550, 600 seraient financés par les utilisateurs de la plateforme, grâce au retour de TVA. Affirmer le contraire est non seulement faux mais de mauvaise foi. le coût total pour la collectivité équivaudrait à 30 kilomètres de ligne à grande vitesse. nul ne peut donc parler de travaux pharaoniques, comme on l’entend parfois. les écolo-zadistes ont beaucoup disserté au sujet du précieux argent public, eux qui sont peu regardants quand il est question des frais de surveillance du bocage depuis 2008.

mais là où leur cohérence nous échappe complétement, c’est à propos de la zone natura 2000, aux abords directs de l’actuel aéroport. Un témoin nous a raconté cette histoire savoureuse. le lac de grand-lieu étant situé dans l’axe de la piste de nantes-atlantique, les avions survolent parfois cet espace protégé. Un bel après-midi de juin, un petit groupe en visite sur les berges du lac observe les canards. Quelques enfants sont là, plus bruyants que les adultes. le guide les interrompt. « chuuuutt », leur dit-il en désignant les canards. Une dame un peu plus âgée lève soudain sa canne vers le ciel, se rapproche et lui murmure : « et les avions, alors ? »

Extrait de "L'écologie contre la démocratie", de Pascal Perri, aux éditions Plein Jour, mai 2016. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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