Non, éplucher les légumes n'est pas une perte de temps<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
Non, éplucher les légumes n'est pas une perte de temps
©

Bonnes feuilles

On préfère toujours garder du temps pour soi et la cuisine c'est embêtant. Mais remuer une sauce en pleine conscience, cela n'a pas la même saveur... Extrait de "Bien dans sa cuisine". (2/2)

Isabelle Filliozat

Isabelle Filliozat

Isabelle Filliozat, psychothérapeute-psychopraticienne certifiée, dirige l’École des Intelligences Relationnelle et Émotionnelle. Elle pratique la méditation depuis trente ans et cuisine depuis toute petite. Elle est l'auteur de plusieurs livres, dont son grand succès L'intelligence du cœur.

Voir la bio »

"J'ai eu la chance de découvrir la pleine conscience assez tôt dans ma vie. Et j’ai pu le tester, être vraiment présent à soi rend heureux. L’avantage de la présence, c’est qu’on l’a toujours à disposition, qu’on se retrouve bloqué dans les embouteillages, dans la salle d’attente d’un médecin, dans une queue au supermarché ou au bureau de Poste… Si je suis en train de penser à ce qui se passera tout à l’heure, si je suis pressé d’arriver quelque part, je ne suis pas présent à ce qui est là. Je ne suis pas dans mon corps. Je perds un temps de vie précieux. Quand je trouve le temps long, quand j’ai hâte d’avoir terminé… Il me suffit d’en prendre conscience et de ramener ma conscience sur ma respiration. Pourquoi je suis là ? Ici et maintenant. Je me sens vivre. Je suis heureuse ici et maintenant. Pas demain ni quand ce fichu camion aura débloqué la rue ou quand ce clafoutis sera terminé.

[...]

Seul le présent existe. Le passé… est passé. Et le futur, s’il est à venir, n’est pas encore là. Certes, l’instant présent est le fruit du passé et détermine le futur, c’est pour cela qu’il est si crucial. C’est la seule zone sur laquelle nous avons du pouvoir. Nous ne pouvons changer le passé, mais nous pouvons modifier son influence sur notre vie, en étant attentif(e) à l’instant présent.

[...]

Suivant cet enseignement, j’ai commencé à faire la vaisselle en respirant, à faire la vaisselle pour faire la vaisselle, non pas le plus vite possible pour qu’elle soit propre, mais pour être là et vivre la vaisselle, respirer et rester là, à l’intérieur de moi, en contact avec mes sensations corporelles, en contact avec l’évier et en étant présente à mon sacrum, dans mon bassin. Respirer, être attentive à ma posture, à mes sensations corporelles tant
internes qu’externes. Sentir l’eau chaude et le savon, sentir le poli de la céramique blanche et le grain de l’éponge grattante. Sentir mes gestes, de l’intérieur, sentir les muscles du poignet, de la main, des doigts, des bras, des épaules… être là dans mes sensations kinesthésiques. Nettoyer, impeccablement. Faire la vaisselle est souvent vécu comme une corvée. Et ce peut en être une. Tout dépend de notre manière de la faire. Nettoyer les assiettes en pleine conscience est une source d’épanouissement, de joie et d’ouverture du coeur.

Le temps parcouru sans se sentir vivant est du temps gâché. La vie est trop courte pour s’embêter pendant seulement une heure », disait Georges Courteline. Comme je déteste perdre mon temps, tout naturellement, je me suis mise à éplucher les légumes ou à émincer les oignons en conscience, à cuisiner pour cuisiner, pas pour confectionner un plat. La réalisation du plat n’est qu’une conséquence. On peut certes éplucher les légumes en s’évadant, en pensant à autre chose, on peut aussi éplucher les légumes en épluchant les légumes. La pleine conscience, c’est cela. Le résultat externe n’a plus d’importance. Je suis moi, dans l’action. Conscient. Gestes conscients, je suis pleinement à ce que je fais.

[...]

Parfois, cuisiner permet de penser à toutes sortes de choses, c’est un temps pour se détendre ou pour réfléchir. Pourquoi pas ? Nous avons aussi besoin de tels moments. Mais ce n’est pas ce que j’entends par méditation pleine conscience. Il ne s’agit pas non plus de se fuir en s’absorbant dans la réalisation de plats variés, ni de « ne penser à rien » ou encore de « faire le vide ». Certains utilisent la cuisine ou une autre activité pour « s’oublier », peuvent tenter de fuir leur dépression ou l’angoisse en cuisinant. « Quand je pense à doser la juste quantité de farine, je ne pense pas à mes soucis. » Il ne s’agit pas de dériver notre attention vers autre chose pour oublier la douleur. Fuir, éviter, contrôler, lutter contre… tout cela au final  augmente la souffrance. Bien au contraire, nous allons apprendre à entrer davantage en contact avec la douleur lorsque nous la rencontrerons. Les lecteurs familiers de mes livres sauront de quoi je parle. Pour les autres, nous verrons cela plus en détail au chapitre suivant sur la gestion des émotions.

[...]

Voici trois recettes rapides à mettre en œuvre, pleines de couleurs et de parfums pour être plus facilement présent.

[...]

Extrait de Bien dans sa cuisine, JC Lattès

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !