Nicolas Sarkozy décoche ses flèches pour tenter de ramener Emmanuel Macron à la raison<!-- --> | Atlantico.fr
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Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron après une réunion sur l'attaque russe en Ukraine au palais de l'Élysée à Paris, le 25 février 2022.
Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron après une réunion sur l'attaque russe en Ukraine au palais de l'Élysée à Paris, le 25 février 2022.
©LUDOVIC MARIN / AFP

Grand entretien

Dans une interview au Figaro, Nicolas Sarkozy étrille et fait la leçon à l’actuel locataire de l’Elysée à propos de la Nouvelle-Calédonie, l’insécurité et la violence, Israël, la Palestine, l’Ukraine… Tout en souhaitant que sa famille politique « l’influence » pour recentrer sa politique…

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Nicolas Sarkozy affirme qu’il a « des rapports cordiaux avec Emmanuel Macron » et qu’il « aime échanger avec lui »… Mais il s'agit manifestement d’échanges à sens unique. Emmanuel Macron et son aîné ne sont pas sur la même longueur d’onde, et ce dernier s’en irrite... Alors, - fort de son expérience et de ses convictions, qui, ces derniers temps, Nicolas Sarkozy qui réservait ses critiques à des cénacles restreints, les affiche... à travers cette  longue interview au Figaro, dans laquelle il brasse toute les sujets. Il en profite aussi pour épingler une fois de plus celui qui l’a battu en 2012, François Hollande qui, avec « la gauche ont démantelé … l’arsenal sécuritaire… Peines planchers ou encore la rétention de sûreté », que lui-même avait mis en place, et qui avait permis de faire baisser la délinquance en son temps… Nicolas Sarkozy dénonce « un authentique scandale d'État justifié par l'idéologie de la démission et de l'excuse ». Conséquence : « la violence, qu'une partie des élites françaises et de la classe politique et médiatique ont longtemps fait profession de nier, est désormais insupportable. L'explosion à laquelle on assiste est d'ailleurs moins celle des chiffres que celle de la colère d'un peuple français qui n'en peut plus de ce qu'il considère être un déni de réalité. En a-t-on pris conscience au plus haut niveau de l'État ? Je n'en suis pas certain », ou plutôt, si, puisqu’il salue « le  plan sur la justice et la délinquance des mineurs », annoncé par le gouvernement » , et rappelle que lui-même avait proposé d’abaisser la majorité pénale de 18 à 16 ans, lors de la campagne (perdue) des primaires de 2016… pour un meilleur contrôle de l’immigration, Nicolas Sarkozy n’a pas de solution miracle ; il suggère «  un gouvernement de l’Europe de Schengen », et ne ferme pas la prote à un référendum mais reconnait qu’il est difficile de répondre par oui ou par non à un problème aussi vaste …

Mais là où le désaccord avec Emmanuel Macron est le plus tranché, c’est à propos de l’Ukraine. Nicolas Sarkozy  exprime  de « sérieux doutes sur l’envoi de troupes françaises au sol », et se prononce  pour «  un partenariat fort, qui ne soit pas une adhésion » de l’Ukraine à l’Union Européenne , car pour lui l’Ukraine « est un pont entre le monde slave et l'Europe. Sa vocation est de maintenir ce lien entre deux mondes qui ne se ressemblent pas mais qui doivent coexister ». Certes, mais pour l’heure cette vocation est plutôt mise à mal par l’agression russe. Nicolas Sarkozy reconnait que « le monde danse au bord d'un volcan. Une maladresse, un énervement, une ambiguïté peuvent créer les conditions d'un déchaînement catastrophique. Il est plus que temps de commencer à discuter sérieusement. Comment créer les conditions d'un rapport apaisé entre la Russie et ses voisins ? Comment redonner aux européens le rôle de leader sur un continent qui est le leur ? Les seuls qui parlent vraiment, ce sont les Chinois et les Américains. On ne peut pas raisonner de manière binaire. Être fort avec Poutine, c'est prendre le risque de négocier directement, et fermement, avec lui, pas d'engager un engrenage guerrier aux conséquences incalculables ». Et de rappeler qu’au moment de l’invasion de la Géorgie, lui-même avait«  eu des discussions très dures «  avec Vladimir Poutine … et la Géorgie a pu rester indépendante … ». Négocier directement avec Poutine, c’est bien ce qu’Emmanuel Macron avait tenté de faire ( - en vain), avant le déclenchement de l’offensive russe, non ? Quant à l’indépendance de la Géorgie, la Russie tente de lui porter de sérieux coups de canifs ces derniers temps ..

Sur la question ô combien sensible du Proche-Orient, Nicolas Sarkozy est clair « vous pouvez prendre le problème par tous les bouts : il n'y a pas d'autre issue que la solution à deux États. Parce qu'elle est juste pour les Palestiniens. Et parce qu'elle est la seule véritable garantie de sécurité pour Israël. » Ce qui ne l’empêche pas de qualifier « de « honte » ce qu’a fait le Procureur de la Cour Pénale Internationale… « Vous ne pouvez pas mettre sur le même plan le pogrom du 7 octobre, qui est l'œuvre de barbares et de terroristes, et les agissements, fussent-ils excessifs, d'un gouvernement démocratiquement élu. La guerre est toujours cruelle et affirmer qu'il peut ne pas y avoir de conséquences sur les civils, c'est ne pas la connaître. » Pour rappel la France a dit «  soutenir «  la Cour Pénale Internationale, avant de nuancer sa position … Nicolas Sarkozy ne le dit pas clairement, mais à travers son propos on sent que  lui n’aurait pas dit cela …

Emmanuel Macron trouve grâce à ses yeux pour avoir réhabilité l’industrie nucléaire … Au final les points de désaccords avec Emmanuel Macron l’emportent sur  les points d’accords. Et pourtant, Nicolas Sarkozy « continue de penser que (sa) famille politique ferait mieux d'utiliser son influence réelle pour que le président soit plus en harmonie avec la matrice politique actuelle de nos concitoyens, lui dont la tentation naturelle est sans doute d'aller vers le centre-gauche. Les Républicains sont un parti de gouvernement. Ils ne se tromperaient pas en faisant le choix de la France ». Autrement dit, pour Nicolas Sarkozy, les Républicains ne devraient pas rester dans une opposition stérile, car ils risquent de disparaitre. Aussi feraient-ils mieux, selon lui, de conclure un accord de gouvernement avec le Chef de l’Etat pour  peser dans la balance , et ramener la boussole présidentielle , qui penche (trop) à gauche, vers la droite afin de  répondre ainsi aux aspirations de Français. La question est dans l’air … et les couloirs des Palais de la République bruissent de cette rumeur avec l’hypothèse de l’arrivée de Gérard Larcher à la tête du gouvernement dans le cadre d’un grand big bang politique post européennes. Problème, Gabriel Attal que l’ex reconnait comme un « talent », assume de ne pas mener une politique de gauche…Nicolas Sarkozy, qui refuse de dire pour qui il va voter le 9 juin, serait-il alors dans la boucle de futures tractations ? En attendant la réponse , il applique le fameux précepte « si les évènements vous échappent, feignons de les organiser ».

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