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Le rapport publié par le Commissariat général à la stratégie et à la prospective ouvre le débat sur une nouvelle révolution dans l'Internet.
Le rapport publié par le Commissariat général à la stratégie et à la prospective ouvre le débat sur une nouvelle révolution dans l'Internet.
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Gadget

Selon une étude du Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP) intitulée "La dynamique d'internet : prospective 2030", les objets connectés pourraient offrir des opportunités à l'industrie européenne dans la bataille numérique dominée par les États-Unis.

Bertrand  Duperrin et Anne-Sophie Bordry

Bertrand Duperrin et Anne-Sophie Bordry

Bertrand Duperrin est directeur au sein du cabinet Nextmodernity et blogeur. Il est un des spécialistes français de l’évolution conjointe des modes de travail et des technologies.

Anne-Sophie Bordry a lancé le think tank "Objets connectés et intelligents France". Elle est ancienne directrice des Affaires Publiques de Facebook et ex-membre des cabinets ministériels de Nathalie Kosciusko-Morizet et Eric Besson pour le secrétariat d’Etat à l’Economie numérique.

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Atlantico : Le Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP) vient de publier une étude, intitulée "La dynamique d'internet : prospective 2030", qui prévoit concrètement deux grandes étapes pour les objets connectés (D'ici 2020 / Après 2020). En quoi consistent-elles ?

Anne-Sophie Bordry : Le rapport publié par le Commissariat général à la stratégie et à la prospective ouvre le débat sur une nouvelle révolution dans l'Internet (avec un "i" majuscule pour désigner l'Internet dans sa globalité et pour rappeler que c'est aussi le "I" majuscule de l'Individu ; l'Homme est au cœur du progrès) : la révolution des objets connectés et intelligents de leurs usages et de leurs implications multiples à tous les niveaux : impacts sur l'individu, sur l'individu dans son rapport à l'autre et dans son rapport à l'autorité, au marché ou à la régulation.

Les auteurs du rapport s'intéressent aux effets des objets connectés sur la croissance économique et le développement mais aussi aux points de ruptures technologiques et réglementaires qui pourront y être associés. Les objets connectés associés au big data, au social web, au cloud computing et crowdfunding sont les pistes de croissance. Et les points de rupture sont là où les usages dépasseront les capacités technologiques et où l'Internet interrogera l'ensemble des politiques publiques et règles du marché. En somme, et comme l'expriment les auteurs du rapport "la societé aura clairement a se positionner" dans les prochaines années, à horizon 2030.

Bertrand Duperrin : Selon l’étude la première phase sera dédiée aux objets connectés et il s’agira de la tendance majeure d’ici 2020. Après 2020 on rentrera dans l’ère des objets intelligents. Quelle différence entre les deux ?

Les objets connectés sont simplement capables d’envoyer des signaux, des indicateurs. Votre frigo qui vous alerte d’une baisse de température, un détecteur de mouvement qui vous dit que votre bébé a bougé dans sa chambre, votre voiture qui vous informe qu’elle se déplace.

Les objets intelligents sont capables non plus seulement d’envoyer des signaux mais d’agir en fonction d’autres signaux. Agir, pas nécessairement décider. Décider voudrait dire qu’ils agissent en fonction d’une intelligence qui leur est propre, agir signifie qu’ils agissent en fonction de règles qu’on leur a imposé, voire en fonction d’un certain bon sens qu’ils identifient, en fonction de corrélations qu’ils mettent à jour.

De manière concrète, l’objet connecté est une piscine qui vous envoie par SMS ou tout autre canal sa température, sa teneur en chlore ou le fait qu’une personne vient d’y pénétrer.

L’objet intelligent est la piscine qui se couvre, enclenche son processus de réchauffage ou déclenche une alerte en fonction d’un signal qu’elle capte elle-même ou d’un signal capté par au autre objet. On peut imaginer qu’elle va réagir en fonction de ce que dit le panneau solaire  sur votre toit ou des prévisions météos publiées sur le net.

La troisième dimension que j’évoquais relève de l’objet cognitif, pas mentionné par le rapport et c’est logique. Il n’est pas pas une troisième phase mais une capacité que l’on commence déjà à développer en parallèle des deux précédents. Si le propriétaire de la piscine augmente la température ou la couvre dans telle ou telle circonstance , elle sera capable d’enclencher ces actions lorsqu’un cas similaire se présentera. Ca n’est en rien de l’intelligence artificielle. Au niveau le plus basique on obéit à des régles définies, au niveau le plus évolué on comprend ce que l’humain fait dans une circonstance similaire.

Parmi toutes ces pistes, lesquelles sont les plus susceptibles de nous devenir indispensables, ont le plus de chance de connaître un réel succès et de durer dans le temps ? Pour quelles raisons ?

Anne-Sophie Bordry : La France peut être un laboratoire de solutions dans cette inévitable réinvention de modèle commun. La révolution, le changement se dessine grâce aux objets connectés aux individus, dans les maisons et dans les villes. La robotique, l'électronique, le social web, le big data et le design industriel sont les composantes de la réflexion sur les objets connectés et intelligents comme filière industrielle de pointe, comme levier d’avenir. Les pistes d'études sont dans un premier temps, quels seront leurs impacts au service de l'information vitale et environnementale. Il est d’autant plus utile et urgent de commencer par ce volet que la conférence environnementale de septembre devra intégrer les objets connectés et intelligents comme l'un des principaux outils de la transition écologique dans les domaines de l’énergie, des qualités de l'air et de l’eau, de la e-santé et de l’éco-mobilité urbaine.

Bertrand Duperrin  : Chacun voit midi à sa porte. Dans un premier temps toute alerte liée à un indicateur d’importance aura sa valeur. Pour certains ce sera la température du frigo, pour d’autres celle de la piscine, pour d’autres encore la vitesse du vent qui voudra dire qu’il faut replier la protection de la terrasse. L’individu aura l’information, à lui de déclencher l’action adéquate. Tout le monde on rêve, la question sera davantage le budget d’équipement, au moins dans les premiers temps. Il est clair que le champ d’application premier pour le particulier sera la domotique. Dans ce secteur tout existe déjà, il faut simplement attendre la généralisation du coût des équipements, la baisse des prix voire la remise à neuf d’immeubles anciens.

Ce qui va vraiment changer la donne est la phase de l’objet intelligent qui dispensera l’humain d’entreprendre une action, de réagir, parce que le système le fera à sa place, parce qu’un objet réagira en fonction du signal émis par un autre. Le grand changement sera que la valeur sera déportée de l’objet au système qui gère un ensemble d’objets.

D’un point de vue commercial le succès dépendra, dans les premiers temps, de deux choses. La première est le coté « gadget qui simplifie la vie » qui entrainera une adoption rapide, au moins sur certaines populations d’ « early adopters » qui en feront ensuite la promotion. Ensuite, comme pour toute avancée, on aura un phénomène de plateau où on atteindra les limites de ces objets en termes de valeur ajoutée,  avant de rentrer dans l‘ère des systèmes intelligents puis cognitifs.

Il n’y aura pas d’usage type : tout dépendra du cadre, contexte et style de vie de l’utilisateur. Mais d’une manière globale c’est ce qui a trait au domestique qui sera privilégié dans les premiers temps.

Quelles seront les fonctions principales ? En quoi vont-elles impacter voire changer notre quotidien ? 

Bertrand Duperrin : Pour le particulier c’est tout ce qui touche aux tâches de gestion du quotidien et aux appareils qui le gèrent.  L’objectif étant de se concentrer sur son expérience de vie et déléguer les tâches de gestion. Les objets connectés, intelligents, cognitifs sont le nouveau personnel de maison. Ils vont décharger l’individu de tâches de supervision et des petites décisions liées à l’organisation de la maison.  Informer, travailler, alerter le cas échéant, telle sera leur tâche.

Cela relève de manière générale d’une volonté de valoriser la qualité de vie par rapport aux taches quotidiennes. Le frigo passera les commandes au supermarché en fonction de son contenu, les volets se fermeront en fonction du vent détecté par l’éolienne etc.

Ils changeront aussi la vie des personnes équipées médicalement. Leurs artifices médicaux, prothèses, stimulateurs cardiaques enverront des données aux instances médiales qui pourront ainsi anticiper des problèmes et prendre des décisions adéquates par rapport au patient.

Mais ne nous focalisons pas sur le particulier. Au niveau de l’entreprise c’est une révolution de la chaine de production qui s’annonce. Des machines opérant le long d’une chaine pourront ainsi échanger, coopérer, et s’adapter les unes aux autres en fonction de signaux causés par une situation spécifiques. Sans être dotés d’intelligence au sens propre, les objets productifs seront capables de s’adapter les uns aux autres comme le feraient des individus répartis le long d’une chaine et adaptant leur rythme de travail et leurs priorités en fonction d’éléments externes alors qu’auparavant ils étaient concentrés sur leur tâche assignée sans perception de l’environnement qui impacte leur travail.

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