25 décembre
Monseigneur Matthieu Rougé : "Noël comme la pandémie nous rappellent que nous avons tous besoin de liberté spirituelle"
L'évêque de Nanterre, Monseigneur Matthieu Rougé, fait part à Atlantico de son sentiment sur l'année écoulée et de ses espérances pour 2022.
Atlantico : Nous nous apprêtons à célébrer Noël, la naissance de Jésus pour les chrétiens, une fête de famille pour les autres. Quel sens pouvons-nous encore donner à Noël, que l’on soit croyant ou non ?
Monseigneur Matthieu Rougé : Noël, contre les vents et les marées de la sécularisation, du pluralisme religieux voire de l’anticléricalisme militant, demeure une grande fête de lumière et d’espérance, de fraternité et de paix. Se retrouver pour célébrer la naissance du Christ revêt une importance particulière pour les chrétiens en ces temps d’interminable pandémie, tant l’entrée de Dieu lui-même dans l’histoire humaine est susceptible de l’éclairer et de la renouveler de l’intérieur. Mais bien au-delà du cercle des croyants, l’esprit de fête, de famille et de solidarité de Noël exprime une attente profonde du cœur humain et le pressentiment que cette attente peut commencer d’être comblée.
La crise sanitaire qui continue a durement éprouvé les Français. En cette période de Noël, que dire aux Français ?
Cette crise sanitaire est de fait épuisante, en elle-même mais aussi par les va-et-vient d’informations et de prescriptions qui se multiplient ainsi que par les polémiques qui en résultent. Cela dit, beaucoup ont pris conscience avec une acuité nouvelle depuis un an et demi que la vie humaine ne se limite pas à la survie physiologique mais s’accomplit dans les relations d’affection, d’amitié et de service ainsi que par l’ouverture du cœur à l’essentiel. Que chacun donc garde courage en soignant ses relations avec tous et en cultivant une véritable liberté spirituelle malgré les contraintes qui persistent.
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Dans un climat de fracture politique et sociale croissant, qu’est ce qui dans le message de l’Eglise peut, sans considération partisane, être utile au débat et apaiser les fractures de la société ?
Dans quelques semaines, le Conseil Permanent de la Conférence des évêques de France proposera comme c’est l’usage un message d’espérance et de discernement. Sur les pauvretés les plus aiguës de notre temps, sur la dignité de toute personne humaine, sur une écologie qui soit vraiment intégrale, sur une juste laïcité, nous avons des réflexions à partager sans pour autant entrer dans le débat partisan. Nous nous exprimerons avec humilité et avec espérance : quoi qu’il en soit des difficultés rencontrées par tous, il y a dans le cœur humain la capacité de les affronter et de travailler à les dépasser.
Quel regard portez-vous sur l’année qui vient de s’écouler, sur le plan de l'Église et sur celui de la France ?
Avant tout, je suis heureux et même émerveillé que, malgré des difficultés de toutes sortes, la vie ecclésiale ait pu continuer de se déployer. Des projets nouveaux se sont développés. Des rassemblements, adaptés aux conditions sanitaires présentes, ont eu lieu. L’énergie persévérante et créative de tous ceux qui sont engagés au service de l’Eglise, d’une manière ou d’une autre, me réjouit profondément. Mais je n’oublie pas bien sûr que ces derniers mois ont été aussi marqués par la publication du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise. Ce rapport, suscité par les évêques eux-mêmes pour permettre un travail de vérité, jette une lumière brutale sur la souffrance abyssale des personnes victimes et sur de graves dysfonctionnements institutionnels. Il nous faut maintenant avancer avec détermination pour changer cela. Ce travail de transformation est exigeant mais porteur de lumière et d’espérance.
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Quelles sont vos espérances pour l’année qui vient ?
Mes espérances sont fortes ! La première est que beaucoup puissent découvrir ou approfondir leur connaissance de l’amour du Christ. Je pense en particulier aux catéchumènes adultes que j’aurai la joie d’appeler au début du carême, en mars, pour qu’ils soient baptisés et confirmés à Pâques. Je pense également aux jeunes de mon diocèse et du monde entier qui se préparent de loin aux prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne en 2023. Je pense à ceux que j’aurai le bonheur d’ordonner prêtres en juin et à ceux qui les suivront sur le chemin du discernement et de l’engagement en vue d’une vie consacrée au Christ et à l’Eglise. Mon espérance, c’est aussi que nous avancions avec une vraie détermination pour dépasser la crise des abus, que nous sachions entendre la souffrance des plus pauvres et répondre avec générosité et inventivité aux nouvelles formes de précarité. Mon espérance, c’est également que nous avancions sur un chemin de paix, en évitant toute vaine polémique dans la société comme dans l’Eglise, en cultivant au contraire une humble et constante recherche de la vérité.
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