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Microcrédit et crowdfunding : focus sur ces nouvelles alternatives au système bancaire
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Decod'Eco

Crise des subprimes, scandales, crise chypriote... La confiance dans le système bancaire a été mise à mal ces dernières années, et des solutions alternatives émergentes.

Cécile  Chevré

Cécile Chevré

Cécile Chevré est titulaire d’un DEA d’histoire de l’Ecole pratique des hautes études (EPHE) et d’un DESS d’ingénierie documentaire de l’Institut national des techniques de documentation (INTD). Elle rédige chaque jour la Quotidienne d'Agora, un éclairage lucide et concis sur tous les domaines de la finance.

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La crise a permis de faire émerger des formes alternatives de crédit ou de financement, en dehors du réseau bancaire. On connaissait déjà le microcrédit ; aujourd'hui, c'est le crowdfunding qui fait l'actualité.

Le microcrédit a été inventé en 1976 par le professeur Yunus, qui depuis s'est vu attribué un prix Nobel de la Paix, avec la création de la Grameen Bank. Sa vocation ? Proposer des petits crédits aux Bangladais pour leur permettre de développer une activité économique. Le microcrédit, en proposant des prêts à des particuliers qui étaient jusque là exclus du système de crédit classique, correspond à une véritable demande et connaît un succès grandissant. Aujourd'hui, on estime à plus de 2 000 le nombre d'organismes proposant du microcrédit. En 2009, date de la dernière étude sur le sujet, c'est 74 millions d'emprunteurs qui avaient pu bénéficier de ce système, et ce pour un montant total de 38 milliards de dollars.

Au départ à destination des pays en voie de développement, le microcrédit a su conquérir de nouveaux marchés, dans les pays développés. D'après le rapport annuel de l'Observatoire de la Microfinance publié par la Banque de France en novembre dernier, les microcrédits à destination des entreprises ont augmenté de 11% en 2011 en France et ceux aux particuliers de 26%. Et d'après Le Monde, l'Association pour le droit à l'initiative économique (ADIE), qui propose du microcrédit destiné à la création d'entreprises, a accordé 13 157 prêts en 2012, soit 8% de plus qu'en 2011.

A la faveur de la crise, ces sources alternatives de financement séduisent. L'ADIE fait d'ailleurs directement le lien entre explosion du microcrédit et augmentation de la précarité. 45% des bénéficiaires de ces prêts sont des chômeurs, 35% de salariés et travailleurs indépendants, 16% de travailleurs indépendants bénéficiaires des minimas sociaux.

Evidemment, le microcrédit n'a pas que des avantages. Parmi les inconvénients, le taux d'intérêt qui peut frôler les 10%, et peut favoriser le surendettement. Et comme un crédit classique, un microcrédit doit être remboursé, et ce même si les sommes sont en général peu importantes (quelques milliers d'euros dans le cadre d'un microcrédit d'entreprise, et souvent moins d'un millier pour un crédit à un particulier). Selon l'ADIE, le taux d'impayés atteint les 6% un peu au-dessus du taux enregistré pour les crédits classiques (autour de 4%).

Crédit collaboratif et crowdfunding

Face à ce microcrédit "traditionnel" se développe aussi une autre forme, le microcrédit solidaire ou collaboratif, qui se rapproche de cette nouvelle forme de financement, le crowdfunding qui fait régulièrement la une des médias. Le site de crowdfunding le plus connu est Mymajorcompany.com qui propose depuis 2007 aux internautes de financer un artiste (un album, un livre, etc.).

Le principe de ce genre d'initiative : les internautes prêtent ou donnent de l'argent via une plateforme pour un projet. Si la somme nécessaire est collectée, le projet se lance. Dans le cas contraire, l'internaute n'est pas débité. La rétribution ? Là encore, cela dépend des plateformes et des projets, mais elle peut être inexistante, ou prendre diverses formes de rétribution. Début avril, un projet de film tiré de la série Veronica Mars a recueilli 5,7 millions de dollars en quelques jours grâce à la plateforme Kickstarter. Les contributeurs à la levée de fonds ont reçu un Tshirt, et quelqu'un se sont vus offrir un rôle de figuration.

La plupart du temps, toutefois, ce genre de projet ne rapporte rien. C'est le cas par exemple de la plateforme de microcrédit Hellomerci.com ou Babyloan.org qui proposent de financer des projets à taux zéro. Et cela fonctionne ! Retour à la solidarité via la Toile.

Mais là encore, les pièges sont présents. Peu ou pas encadrés, ces plateformes n'offrent que peu de garanties aux prêteurs. Autres problèmes, comme le rappelle Le Monde : "D'abord, s'il s'agit de crédit, le site doit avoir obtenu un agrément en tant qu'intermédiaire financier auprès de l'Autorité de contrôle prudentiel, ce qui est rarement le cas. Ensuite, parce que si le particulier qui se fait financer accepte l'argent des internautes, il s'agit -- légalement -- d'un apport au capital de sa société, il doit donc les associer, ce qui n'est jamais le cas".

Multiplication de l'alternatif…

Le crédit n'est pas le seul domaine concerné par le développement d'alternatives. Alors que les banques centrales impriment des liquidités à tour de bras, que l'affaire chypriote a rappelé à tous que les dépôts bancaires n'étaient pas si inviolables que cela, d'autres formes de paiement s'imposent progressivement.

Ces derniers temps, on a beaucoup entendu parler de la monnaie virtuelle qu'est le Bitcoin -- mais il n'est pas le seul moyen de sortir du système bancaire classique et continuer à faire des transactions. Simone Wapler nous parle par exemple de PayPal : "Le système de compte PayPal, développé pour internet, permet de recevoir ou d'envoyer de l'argent partout dans le monde (16 devises, plus de 92 millions de comptes ouverts dans 55 pays) de façon sécurisée. Vous n'aurez à donner qu'une seule fois votre numéro de carte bancaire. Votre compte PayPal vous servira à acheter (ou créditer d'autres titulaires). PayPal est utilisé par les entreprises comme les particuliers et la société appartient à eBay".

"Vous pouvez entreposer sur votre compte PayPal des liquidités dans la limite de 8 000 euros par transfert et sans plafond. Ainsi, vous mettez de l'argent très simplement hors du système bancaire et il reste totalement disponible. Le risque de contrepartie est bien évidemment la société eBay cotée sur la Bourse américaine".

Et puis n'oubliez pas l'or. Certes, l'once a pris une sacrée déculottée, mais alors que les banques centrales des pays émergents en achètent des quantités record, il devient de plus en plus évident que la relique barbare reprend progressivement sa place de monnaie de référence.

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