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Mehdi Nemmouche, enfant raté de la bien-pensance
©Capture d'écran

Opinion

L’affaire Mehdi Nemmouche est au cœur de l’actualité. Elle inquiète. Elle interroge. Comme à chaque fois, pour certains il aurait été plus simple, plus convenu que le tueur soit issu de l’extrême droite. Il n’en est rien. La bien-pensance se tait, mais la classe politico-médiatique ne peut plus fermer les yeux.

Louis Morin

Louis Morin

Louis Morin est journaliste politique. Il produit et anime le Brunch Politique et le Brunch Médias sur Sud Radio. Il a été chroniqueur dans l’Emission Pour Tous avec Laurent Ruquier sur France 2.

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Le danger extrémiste existe et les français en ont conscience, le résultat des européennes le prouve. Quoi qu’en disent les partis, le danger n’est pas nationaliste, il est islamiste.

Dénier ce constat, c’est se séparer du peuple, mais c’est aussi encourager la dérive. Dans cette affaire comme dans l’affaire Merah, la bien-pensance a une responsabilité. Elle doit l’assumer.

La sanction condamnée

Mehdi Nemmouche s’est radicalisé en prison. Ses proches l’affirment. Il n’en faut pas plus. Le vrai coupable est trouvé, c’est l’enfermement. La sanction devient la cause. La sanction est elle même réprimandée. Qui enferme ? C’est l’administration pénitentiaire sur ordre de la justice. C’est l’Etat qui sanctionne, la collectivité. En réalité, très consciencieusement, le procès de la prison a déjà commencé depuis des années. C’est aujourd’hui l’essence même de la réforme Taubira.

Le cheminement intellectuel est savamment étudié. La responsabilité individuelle est évacuée. Les bien-pensants parviennent à inverser le rapport de force. Le coupable, c’est vous, c’est moi, c’est nous. Depuis 30 ans, l’Etat français se cherche des culpabilités. Contrairement aux idées reçues, la pauvreté ne crée pas la violence, mais la bien-pensance s’en sert afin légitimer la délinquance.  Conséquence durable : la déresponsabilisation des populations.

Prédestinés

A l’origine, tout comme Mohammed Merah, Mehdi Nemmouche est un frustré. Frustré d’être pauvre, ignare et sans avenir. Tout deux ont conscience de leur vie insignifiante, de leurs conditions marginales et de leurs perspectives réduites à néant. Comme des millions de français, ils sont dans une précarité avancée. Subsister dans l’assistanat leur confère une existence médiocre dont ils ne se sont satisfont pas. A raison.

Ces jeunes sont ambitieux. De leur frustration nait une ambition légitime. Le besoin de reconnaissance est puissant. Il est moteur. L’Etat ne peut y répondre. L’Etat n’a jamais rien pu pour eux. Mais pire, il les contraint. Pourtant, les traffics en tout genre le démontrent : ces jeunes sont parfaitement aguérris au fonctionnement du capitalisme. En revanche, ils sont incapables de se plier aux contraintes institutionnelles. Ils n’en ont pas les codes.

Rongés par la frustration, maintenus sous le plafond de verre de la misère et dans l’isolement socioculturel, ces jeunes n’ont pas le choix. Le système les prédestine. Il leur faut se trouver un horizon alternatif, il leur faut d’autres objectifs. Des objectifs à leur portée, des objectifs valorisants, à leurs yeux. Les fondamentalistes leurs tendent la main. Ces jeunes trouvent enfin un sens à leur vie : le djihad. Le terrorisme devient une perspective d’avenir. Il est valorisant. C’est une reconnaissance.

Star parmi les siens

Dans un pays qui place l’Etat comme sauveur de tous les maux et qui survalorise ses services publics, le djihad, c’est aussi la reconnaissance étatique. Pour la première fois, ces jeunes sont suivis. Oh non, non pas par un conseiller pole emploi. Suivis par des policiers. Des hommes du renseignement. Des hommes de l’Etat qui s’intéressent à eux, qui les considèrent et qui les prennent au sérieux. Une première.

Le djihad, c’est aussi une reconnaissance sociale. Pour faire la guerre, il faut être fort, violent et inhumain. Autant de valeurs prônées dans l’environnement socioculturel unique dans lequel ces jeunes ont grandi. C’est l’échec du multiculturalisme, c’est la ghettoïsation des quartiers qui permet de faire de la France une usine à combattants du djihad. Le métissage culturel au lieu de permettre la cohésion et le partage des valeurs mène à une culture unique, une culture de cité, une culture de la déliquescence et de la délinquance. Ces jeunes aspirent ainsi à l’existence sociale, à la reconnaissance de leurs amis, de leur famille, de leur tribu. Ils croient y parvenir. Ils se trompent. Partiellement seulement.

Déresponsabilisation, étatisme à outrance, échec de l’intégration multiculturelle. Ce modèle social a failli. Il est celui de la bien-pensance. Les prescripteurs publics étaient nombreux à le prôner, ils le sont encore. Ils ont une responsabilité. Ils ne l’assumeront pas. Le constat d’échec est terrible. Il ne peut plus être renié. Il faut changer.

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