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Medef : ce qu'il faut (vraiment) retenir de l'université d'été des patrons
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Antisèche

Réunis à Jouy-en-Josas sur le campus d'HEC, les membres de l'organisation patronale ont terminé leur université d'été vendredi. Malgré les annonces de l'Etat, ils restent préoccupés par les faibles marges des entreprises et l'instabilité juridique française.

Jean-Yves Archer

Jean-Yves Archer

Jean-Yves ARCHER est économiste, membre de la SEP (Société d’Économie Politique), profession libérale depuis 34 ans et ancien de l’ENA

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Cette réunion de rentrée a été l'occasion d'une reprise de dialogue avec l'Etat. Même si les ministres Fleur Pellerin et Sylvia Pinel ont eu des difficultés (le mot est faible) à convaincre les participants à leurs tables rondes, incontestablement Pierre Moscovici et Arnaud Montebourg ont répété à plusieurs reprises que "l'entreprise n'est pas un problème mais une solution". Si ce discours a un contenu et n'est pas seulement de façade, notre pays aura significativement avancé.

Concrètement, l'annonce la plus importante a été celle que le ministre de l'Economie a pris le soin de lire (le détail a son importance et son sel) : " la réforme des retraites sera intégralement compensée pendant tout le quinquennat ".

Les points clés des engagements – verbaux – de l'Etat :

  • Compensation de la hausse de 0,15 point des cotisations vieillesse par un allègement des cotisations employeurs à la branche employeur.


  • Rien n'a été dit sur le financement par les seules entreprises du compte pénibilité (plus de 2 milliards d'euros).

  • Plafonnement de la déductibilité de la CVAE, contribution sur la valeur ajoutée des entreprises, (qui a remplacé la taxe professionnelle) de l'assiette de l'impôt sur les sociétés.

  • Futur décret supprimant l'indicateur 040 de la Banque de France qui listait les dirigeants d'entreprise ayant été concernés par une liquidation judiciaire.


  • "Les prélèvements obligatoires sur les entreprises n'augmenteront pas dès le projet de loi de finances 2014" (Pierre Moscovici) mais Bercy admet que des hausses d'impôts pourraient ponctuellement intervenir en compensation avec d'autres prélèvements dont le rendement diminue. Il s'agit là d'un mouvement de près de 6 milliards : à ce stade, qui croire ? D'autant que la majorité parlementaire est loin de cette ligne et ne voit que des "cadeaux " aux patrons...


A côté de ces annonces de l'Etat, il reste trois grandes préoccupations pour les chefs d'entreprise

  • La question des marges qui n'ont jamais été aussi faibles (28% contre près de 42% en Allemagne) et qui sont un verrou pour l'investissement.

  • L'arrêt apparent de la dégradation conjoncturelle est fragile et il ne faudrait pas que les pouvoirs publics adressent des messages contradictoires. Question de la fiscalité verte ?


  • Les normes sont complexes et l'instabilité juridique est un fait dans notre pays. Songeons à la décision très récemment rendue par le conseil des Prud'hommes de Compiègne qui annule les 680 licenciements de 2010 chez Continental. Par-delà la joie qu'on imagine chez les travailleurs, comment peut-on fonctionner dans un pays où la justice économique ou sociale est engorgée à ce point ? Yves Dubief, président de l'Union des industries textiles, a rappelé les hypothèques qui pèsent encore sur la croissance.


Pour demain et l'année 2014, il reste à relever trois points distincts

Tout d'abord, au sein du Medef, il y a érosion de l'influence de la puissante UIMM (l'Union des industries et métiers de la métallurgie) et remontée des services notamment des assureurs : il suffit de voir la vigueur et la densité du message énoncé par Denis Kessler, président de la Scor.

Puis, il est troublant que l'Etat n'ait pas prononcé clairement des axes pour la réduction du coût du travail. Comme le dit Geoffroy Roux de Bézieux, ce n'est pas d'une compensation des charges dont nous avons besoin mais de compétitivité.

Enfin, l'Etat a été silencieux sur une idée qui survole les couloirs de Bercy et qui consisterait à effectivement laisser s'éteindre l'IFA (imposition forfaitaire annuelle) mais de la remplacer par une taxation minimum forfaitaire générale assise non plus sur le bénéfice mais sur l'excédent brut d'exploitation. Nous sommes décidément un pays fiscalement créatifs, n'en déplaise à l'opération séduction intervenue à Jouy en Josas auprès du Medef.

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