Marseille, ses tueries, sa (pauvre) pré­fète<!-- --> | Atlantico.fr
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En 2022, dans les Bouches-du-Rhône (dit le parquet local), on compte 32 règlements de comptes mortels, 28 à Marseille.
En 2022, dans les Bouches-du-Rhône (dit le parquet local), on compte 32 règlements de comptes mortels, 28 à Marseille.
©ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Insécurité

A Marseille, les cités sont toujours aussi minées par le trafic de drogue, et le nombre de règlements de comptes ne faiblit pas.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Ni ironie ni condescendance dans la formule "pauvre préfète" ; plutôt, de la compassion pour une femme (de plus) jetée aux fauves par ces politiciens (mâles) pour qui le féminisme et l'at­trait de "la-première-à" sont une vraie aubaine. Femme de plus : songeons à Mme Elizabeth Borne et sa réforme des retraites. De fait, confier à des femmes les postes très exposés est tout bénéfice pour leurs "sélectionneurs" qui passent ainsi pour modernes et "dans le coup". La dame choi­sie - fière bien sûr mais parfois un peu naïve - réussit-elle ? Son "parrain" en pro­fite politique­ment. Elle échoue ? Elle sera en tout cas plus épargnée qu'un homme au tribunal des réseaux sociaux - exclusif baromètre de MM. Macron, Darmanin, etc.

Même, qu'à la fin de l'été 2022, Mme Frédérique Camilleri, préfète de police à Marseille, se soit fait piquer son sac à main au restaurant à Paris, incrimine plus l'insécurité dans la capitale que ses qualités sécuritaires. Pour autant, cette préfète domine-t-elle son sujet sur le terrain ? Hélas non. Retour au réel criminel : tous les faits ci-dessous énumérés adviennent en 109 jours exactement, du 3 octobre 2022 au 20 janvier 2023. Sélectionnés par notre base documentaire, ils viennent de journaux d'information locaux, pour sûr bienséants et "progressistes", donc plutôt enclins à édulcorer... noyer le poisson... favoriser la préfète, MM. Macron et Darma­nin, qu'à souffler sur les braises. Malgré tout, c'est l'horreur.

Que le lecteur lise avec soin ce qui suit : il ne le réalise pas forcément : "Trois morts en un week-end dans des fusillades... Nouveau règlement de comptes... Un homme de 25 ans criblé de balles... Nouveau meurtre au Moulin-de-Mai [Cité bien sûr rénovée à grands frais par l'inepte "Politique de la ville"] ... Un tireur ouvre le feu dans un bar...Un jeune homme tué à la cité HLM Méditerranée... À la Belle-de-Mai, les fusillades s'enchaînent... Noël sanglant à Mar­seille... Week-end sanglant dans les quartiers nord... "Les balles ont sifflé autour de moi"... À Marseille, la glaçante radioscopie des cités minées par la drogue ... Les gangs de Félix-Pyat et de Bellevue s'entretuent... Exécution à la mexicaine... Un homme tué par balles dans un local associatif... Fusillade pendant la nuit de la Saint-Sylvestre..." (En 109 jours, rappelons-le).

Ajoutons-y ces "blessés peu loquaces" signalant que localement, l'omerta se porte bien ; et la tentation médiatico-préfectorale de casser le thermomètre : "Dénombrer les règlements de compte a-t-il encore un sens ?". À rebours, une magistrate effarée souligne "Tout le monde se tait, la peur des représailles est terrible... Tuer est malheureusement devenu très facile".

Tout ce qui précède advient bien sûr, sempiternellement, dans ces zones hors-contrôle que les "pilonnages" Darmanino-Camilleristes ne semblent pas trop inquiéter : Belle-de-Mai... La Visi­tation... La Paternelle... Consolat... les Aygalades... etc.

Voilà pour . Mais qui ? Dans ces guerres de la drogue, tueurs et victimes sont maghrébins à 90%. Un exemple parmi cent : le procès (octobre 2022) des assassins de Mourad M., abattu dans une cité d'Aubagne : Khaled S., Takieddine Z., Abdelhak C., Sofiane K. ; ainsi de suite.

Le bilan ? Pour toute la France, au premier semestre 2022, les "règlements de comptes entre malfaiteurs" bondissent de + 25% sur les mêmes mois de 2021 (110 contre 88). En 2022, dans les Bouches-du-Rhône (dit le parquet local), on compte 32 règlements de comptes mortels, 28 à Marseille. Cependant, ce total-là est imprécis, car depuis l'implantation des SAMU et du SMUR (en gros, vers 1980-90) un compte exact doit intégrer les homicides et tentatives. De fait, ces ur­gences motorisées, vite auprès des blessés, en sauvent 7 sur 10 ; là ou jadis, 3 sur 10 l'étaient. Depuis, le nombre des tués, des fusillades notamment, s'effondre grâce aux SAMU+SMUR ; là où celui des blessés graves augmente en proportion.

Comptons donc les homicides + tentatives dans les Bouches-du-Rhône en 2022, il y en a eu 66 ; là où en 2021, on en était à 49 : plus 35% en un an ! Et si le tandem Darmanin-Camilleri "pilonnait" en vain ?

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