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Pour qui vote le patron de la BCE à l'élection présidentielle française ?
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Polémique

Mario Draghi s'est déclaré mercredi en faveur d'un "pacte de croissance" pour la zone euro. De nombreux commentateurs français y ont vu un rapprochement entre François Hollande et le Président de la BCE. A tort.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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Mario Draghi, le Président de la BCE (Banque centrale européenne) s'est déclaré mercredi à Bruxelles en faveur d'un "pacte de croissance" pour la zone euro, et aussitôt voilà qu'on traduit ces propos en disant qu'il soutient, à Paris, le candidat socialiste François Hollande au détriment du candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy !

La presse s'emballe, les politiques se félicitent, ou s'énervent.

  • La BCE n'entre pas dans le débat politique français, elle se prononce sur la "croissance potentielle"

Que se passe-t-il en réalité, tant il est impossible que la BCE entre ainsi dans un débat national ? Il se passe tout simplement que la BCE soutient la croissance... potentielle. Tout est dans l'adjectif ! Autrement dit, elle encourage les mesures en faveur de la flexibilité du marché du travail, de la réduction des barrières et des rentes, plus les politiques d'innovation bien sûr.

  • La BCE ne recule pas sur le sérieux budgétaire et la réduction des déficits


Du Monti ! En même temps, la BCE  ne change pas d'un iota sa politique en faveur du sérieux budgétaire, donc de la réduction des déficits. En bref, elle est toujours du côté de l'assainissement budgétaire et de l'économie de l'offre.

Mais alors, pourquoi ce message, avec ses risques d'interprétation ? D'abord parce que la BCE n'imagine pas une autre lecture, ensuite - au cas où - parce qu'elle veut peser dans les débats, en marquant sa différence.

  • La BCE change-t-elle de stratégie pour servir la croissance ?La BCE ne change pas...

L'enjeu est très important, un changement stratégique de la BCE vers du pro-croissance en général, autrement dit potentiellement inflationniste, par rapport à du pro-croissance potentielle, par essence désinflationniste, serait en effet le plus sûr moyen de faire sauter la zone, par désaccord stratégique avec l'Allemagne.

Tel n'est pas du tout le cas, la BCE ne change pas...

  • Le Président de la BCE s'invite au débat sur la reprise de croissance pour affiner la position de la BCE

Mario Draghi sait ce qu'il fait et ce qu'il veut. Mais, en même temps, il s'invite au débat, pour l'affiner sans doute, pour peser plus encore. De fait, la logique de Lisbonne, pro-croissance potentielle n'est pas assez détaillée et les derniers accords européens doivent préciser le choses. Préciser, pas changer !

  • La BCE n'est pas la Fed, mais une clarification des relations aux États de la zone euro est possible... Et un "Pacte de croissance potentielle" peut être engagé


À nous d'en profiter pour soutenir la croissance et l'emploi à moyen terme, avec la BCE, et pour sortir vraiment de cette crise. Nous savons bien que la BCE n'est pas la Fed (réserve fédérale américaine), qu'elle n'entre pas dans des logiques conditionnelles avec les pays (si tu fais ci, je fais ça), mais une coopération plus nette est toujours possible.

Chacun doit affiner sa doctrine et ses messages, la BCE aussi, sachant que la situation est ici plus complexe et fragile qu'aux États-Unis. Pacte de croissance... potentielle, vous avez donc dit ? Bien sûr que oui. Il ne peut en être autrement. À nous de le faire, ensemble.

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