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Manuel Valls à la Fête de la rose : son pseudo-repositionnement à gauche vise surtout à couper l’herbe sous le pied de Martine Aubry
©Reuters

Le fils prodigue ?

Pour éviter d'être uniquement perçu comme l'homme de la provocation, Manuel Valls a rassemblé ce dimanche les fédérations du Nord lors de la fête de la Rose de Wattrelos. Sur les terres de Martine Aubry, il se positionne comme un candidat crédible, à défaut d'avoir l'air parfaitement convaincu par ce retour aux sources.

Gérard Leclerc

Gérard Leclerc

Gérard Leclerc est un philosophe, journaliste et essayiste catholique. 

Il est éditorialiste de France catholique et de Radio Notre-Dame.

Il est l'auteur de l'Abécédaire du temps présent (chroniques de la modernité ambiante), (L'œuvre éditions, 2011). 

 

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Atlantico : A la fête de la Rose de Wattrelos, Manuel Valls s'est présenté comme un rassembleur : en recentrant son discours sur les fondamentaux historiques de la gauche, avec notamment un hommage appuyé à Pierre Mauroy, ne vient-il pas chasser sur les terres de son opposante numéro un, Martine Aubry ?

Gérard Leclerc : En partie, mais cela va au-delà de cela. A l'occasion des débats sur la déchéance de nationalité ou sur la loi El Khomri, il a forcé le trait du Manuel Valls autoritaire qui pousse la détermination jusqu'à la provocation et l'arrogance à l'égard de la "vieille gauche". Cela finit par lui poser des problèmes : sa cote de popularité a dégringolé, et surtout il y a de plus en plus de personnes au Parti socialiste, au-delà de ses adversaires habituels comme les frondeurs, Martine Aubry ou la gauche traditionnelle, qui ont marqué leur désaccord avec cette attitude de matador. Il a déjà été obligé d'accepter le compromis sur la loi El Khomri après avoir tenté un passage en force. 

Il corrige donc son image. Car derrière tout cela, il y a le problème de François Hollande et de sa candidature en 2017. Il s'agit pour lui d'être prêt pour toutes les éventualités ; et donc, si nécessaire, d'être le candidat de la gauche. 

Manuel Valls peut-il encore convaincre le parti que la tradition historique est compatible avec la ligne moderne qu'il promeut avec virulence à Matignon ? Lui qui avait diagnostiqué la fracture entre deux gauches "irréconciliables" ("sectaire" et "moderne"), peut-il feindre d'ignorer cette réalité aujourd'hui ?

C'est ce qu'il essaye de faire quand il affirme qu'être de gauche signifie avoir la passion de l'égalité et être pour la solidarité… Il est certes de la gauche moderne, mais sur les grands principes, il est vraiment de gauche. François Hollande avait joué sous le masque du rassembleur, et c'est ainsi qu'il avait été élu, sur une certaine ambiguïté (rappelons-nous le discours du Bourget : "mon ennemi, c'est la finance"). Il tient dès lors un double discours : il défend la vraie gauche comme dimanche dernier, et pense à imposer sa vision dans les faits. C'est ainsi qu'il se prépare à succéder à François Hollande. Car il est le seul à pouvoir embrasser cet héritage : Martine Aubry n'y va pas, et les autres n'ont pas l'envergure pour cette mission. 

Ce passage à gauche est vécu comme plutôt crédible, surtout avec son talent d'excellent orateur : il maintient son cap général sur la sécurité en défendant comme toujours les valeurs très générales de la gauche. Il reste l'homme énergique en maintenant ses thématiques, tout en rappelant son appartenance à la gauche. 

Par ailleurs, il renvoie le mistigri de la division aux autres en faisant ainsi. Martine Aubry devient la sectaire quand lui parle au peuple. Macron devient un homme sans parti : il est seul à pouvoir incarner la gauche après François Hollande.

La guerre des fédérations dans le Nord, au petit côté "Baron Noir", ne risque-t-elle pas de l'empêtrer dans un bourbier partisan dangereux ? Cette prise de risque ne dévoile-t-elle pas l'obligation dans laquelle il se trouve de mobiliser toute la gauche derrière lui à l'approche de la présidentielle ?

C'est une question compliquée qui échappe aux Français. Ce qui n'échappe pas aux Français, c'est le désastre du Parti socialiste dans le Nord. La vieille garde du Nord a lamentablement échoué, et Martine Aubry en a payé le prix. Les "Bouches-du-Nord", comme on les appelait alors, étaient, il ne faut pas l'oublier, la plus importante fédération du Parti socialiste. Elle est en perdition aujourd'hui avec la montée du Front national. Manuel Valls peut rassembler là où tout est divisé.

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