"Maman m'a dit de ne jamais parler aux inconnus" : oui, mais une fois devenu grand, comment apprendre à le faire<!-- --> | Atlantico.fr
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La norme est que quiconque entre dans un ascenseur déjà occupé se tourne vers la porte, comme les autres passagers. De cette manière, le silence se fait et chaque occupant se retrouve isolé des autres, bien que très rapproché physiquement.
La norme est que quiconque entre dans un ascenseur déjà occupé se tourne vers la porte, comme les autres passagers. De cette manière, le silence se fait et chaque occupant se retrouve isolé des autres, bien que très rapproché physiquement.
©Reuters

Parler aux inconnus, une bonne habitude

Discuter avec des inconnus est bon pour le moral et la santé. Pourquoi s'en priver ? Quelques conseils pour briser la glace.

S'il y a bien un cliché qui colle à la peau de Paris, c'est l'humeur des gens dans le métro. "Toujours à faire la gueule, les Parisiens !", pourrait-on entendre. Et ils n'auraient pas tort. L'humeur est rarement à la rigolade dans les métros, et plus largement dans les espaces publics relativement confinés. Prendre le métro serait bien plus amusant si ses occupants discutaient et riaient entre eux. Et en plus de cela, c'est bon pour le moral et la santé. Mais pour cela, encore faut-il briser la glace. Il existe pourtant plusieurs techniques pour entrer en interaction avec les personnes qui vous entourent, tout étrangères qu'elles soient.

Inattention civile

Le journaliste James Hamblin en a recensé quelques-unes dans les colonnes de The Atlantic. Il commence par ce qu'il appelle l'inattention civile (civil inattention). Une manière de signifier votre présence en agissant différemment des personnes aux alentours, sans pour autant les déranger. Un exemple : l'ascenseur, que le célèbre sociologue canadien Erving Goffman qualifiait de véritable "microcosme sociétal". La norme est que quiconque entre dans un ascenseur déjà occupé se tourne vers la porte, comme les autres passagers. De cette manière, le silence se fait et chaque occupant se retrouve isolé des autres, bien que très rapproché physiquement : c'est ce qu'on appelle le "seuls, ensemble". Mais que se passerait-il si un dernier passager embarquait et restait face aux autres individus ? La situation serait étrange, pourrait prêter à sourire. Quelques regards amusés, et cette glace qui sépare les occupants de cet ascenseur serait sérieusement entamée, quitte à paraître un peu dérangé au premier abord.

Alors oui, nous avons besoin d'un peu de solitude à certains moments. Ce concept du "seuls, ensemble" est très présent dans les mégapoles où les contacts humains sont très récurrents durant une journée de travail. S'isoler un peu du reste du monde sur le chemin du retour, écouteurs vissés dans les oreilles, n'a rien de répréhensible. Mais ce plaisir n'est pas l'égal de celui de parler à un inconnu, à en croire Kio Stark, l'auteur de Quand les étrangers se rencontrent (When Strangers Meet)interrogée par The Atlantic. Elle qualifie ces discussions et rencontres inopportunes d'"interruptions exquises", du fait qu'on ne peut pas les prévoir. Aller au travail ou aller voir des amis ne provoquent que rarement le même engouement, et pourtant, on sait généralement à quoi s'attendre dans les deux cas. Et ces rencontres inopinées, bien qu'éphémères, font d'office d'exceptions savoureuses.

Triangulation

Mieux, on retire du plaisir de ces interactions. La conversation peut ne pas avoir été spécialement intéressante ou enrichissante, il est toujours agréable de transgresser les règles du quotidien que nous nous imposons. Outre l'inattention civile, il existe ce que Kio Stark appelle la triangulation, c’est-à-dire interpeler l'inconnu à côté de vous à propos d'une chose extérieure dont vous pouvez tous les deux parler. L'exemple le plus classique étant la météo, très appréciée des personnes âgées. Commenter quelque chose que vous et cet inconnu(e) êtes tous deux en train de vivre, d'observer ou d'expérimenter permet de la sorte une approche plus délicate. Aborder une personne sur un sujet dont elle seule est l'objet (sa taille, la couleur de ses yeux) peut être vécue comme une forme de confrontation, et mener à un rejet.

Une fois la triangulation maîtrisée, les possibilités sont plus nombreuses. Mais elles doivent rester non-intrusives. Les questions existentielles par exemple, sont de bons exemples de sujets de discussion. Les avis sont souvent différents, et compte tenu du fait que la réponse est indécise, la discussion a peu de chance de tourner au débat d'idées agressif. Le journaliste James Hamblin a voulu tester l'efficacité de ces enseignements. Avec plus ou moins de réussite. L'essentiel est toujours d'essayer. 

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