Mais pourquoi l'État français marche-t-il si mal, alors que les entreprises marchent si bien ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le Premier ministre, Gabriel Attal -- Photo AFP
Le Premier ministre, Gabriel Attal -- Photo AFP
©GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

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Quelle semaine ! Alors que les grandes entreprises multiplient les résultats historiques, l'État collectionne les mauvaises nouvelles, les mauvais chiffres et souvent les mauvais choix.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Quelle semaine !  Tous les records du côté des entreprises et toutes les défaites, les incertitudes et les erreurs du côté de l'État. 

D'un côté, un système économique prospère tiré par de grandes entreprises qui se sont développées dans le monde entier, et de l'autre un système administratif quasi-inerte où les services ne fonctionnent plus et des directions politiques incertaines et hésitantes qui règnent sur un État en faillite ou presque.

Quelle semaine pendant laquelle on a vu les plus beaux fleurons de l'économie française publier des résultats historiques dans la plupart des secteurs : Total (énergie), L'Oréal, LVMH, Hermès, Crédit Agricole, Axa, BNP, Selantis, etc. L'unité de compte des profits atteint (et dépasse parfois) les 10 milliards d'euros. Mais derrière ces locomotives, il y a aussi plusieurs millions d'ETI, de PME-PMI, une population qui grogne parfois mais qui maintient l'équilibre de notre économie de marché et fabrique le véritable progrès quotidien de ce pays. Ils le font par nécessité mais surtout par passion.

Quelle semaine pendant laquelle la France politique elle-même a organisé et mis en scène la plus grande déception. Cette France attendait un renouveau avec un Gabriel Attal tout neuf, elle a vécu le retour d'un spectacle désastreux de l'imprécision, de l'incertitude et des faux débats pseudo-idéologiques avec des crises ridicules autour de certains personnages décalés ou perdus, entre une droite qui est portée par une majorité de l'opinion, entre l'ambition de réduire les inégalités pour les uns et le besoin urgent pour les autres de restaurer l'autorité et de dégager des résultats pour financer le changement. Après un tel imbroglio, il faut véritablement se demander comment Gabriel Attal sera capable de réinventer une politique de l'efficacité. Bon courage !

En fait, après une telle semaine pour rien, il faudrait vraiment s'interroger sur les vraies raisons d'un tel dysfonctionnement et surtout d'une telle dichotomie entre un système d'économie privé et l'appareil d'État qui dispose pourtant de moyens financiers considérables. 

Sans arrogance, il suffit de reprendre les bases du management d'une entreprise pour savoir pourquoi elle marche. Elle marche parce qu'elle a un chef qui respecte ses collaborateurs. Elle marche parce que le chef a de l'autorité, qu’il fait ce qu'il a dit qu'il ferait. Elle marche parce qu'elle a un marché, dont elle étudie l'évolution, etc., etc. Elle marche parce qu'elle paie ses factures, ses impôts. Alors la vie d'entrepreneur n'est pas un long fleuve tranquille certes, mais le chef d'entreprise assume. Il assume les contrôles quotidiens de son comptable, de son commissaire aux comptes et digère les remarques de ses collaborateurs. Avec pour objectif, optimiser les résultats pour lui, pour ses clients et ses financiers. Il ne passe pas son temps à pleurer ou à débattre. Il assume très souvent avec passion et bon sens. Le bon sens d'un chef d'entreprise a souvent plus  de valeur qu'un MBA d'école de commerce.

Côté politique, on a cru que le bon sens et la culture du résultat appartenaient a priori aux qualités que l'on prêtait à Gabriel Attal quand il est arrivé à Matignon, d'où son accueil, sa popularité immédiate. Alors, la colère des agriculteurs a un peu perturbé son installation mais la façon dont cette crise a été gérée n'a fait que conforter son autorité. En revanche, la constitution de son gouvernement nous a replongés dans les affres de la politique-politicienne avec tout ce qu'elle véhicule comme désordre et d'ego mal placé et de débat décalé par rapport aux réalités. On est retombé dans un univers qui est complètement irréel si on le compare à l'univers d'une entreprise. 

Dans ces conditions, l'État et son administration ne peuvent pas marcher. Le chef se dit chef mais n'est pas respecté, peut-être parce qu'il ne respecte pas lui-même ses collaborateurs. Il ne connaît pas son marché politique et la façon dont il évolue. Il ne sait pas toujours où il va et surtout ne va pas là où il a promis qu'il irait. Ses produits et ses services ne correspondent plus aux besoins (l'école, la santé, l'ordre, la sécurité, etc.), donc les clients ne sont pas contents parce qu'ils en paient le prix fort. Ce chef qui a peu d'autorité, a du mal à faire respecter l'organisation qu'il devrait mettre en place. Il est à la fois trop contrôlé par des agents et des juges, mais le trop de contrôle tue le contrôle. Du coup, l'État ne paie pas ses factures. Et parfois, pour calmer ses créanciers, il maquille ses chiffres ou en oublie... N’oublions jamais que l’État et ses filiales dépensent près de 60 % des richesses produites par « les forces vives »…  

Mais peu importe, pour survivre l'État fait des dettes. Beaucoup de dettes parce que les créanciers ont confiance dans le pays et plus précisément dans les entreprises. Le comble du système français, c'est d'avoir un socle d'entreprises solides qui travaillent en partie pour garantir les dettes que fait l'État. 

Gabriel Attal, si jeune soit-il, a compris la perversité de ce système. Du moins, on a compris qu'il avait compris que la France était bancale. Maintenant, de deux choses l'une : 

Soit il est déjà débordé et noyé par le système. Soit il va rester droit dans ses bottes et son obsession du résultat et s'opposera au courant de la bien-pensance publique. Mais bon courage.

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