Lydia Guirous : "’Il reste tant de combats à mener pour les femmes qu’il est urgent de ne pas se noyer dans l’anecdotique ou la culture du buzz"<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Lydia Guirous : "’Il reste tant de combats à mener pour les femmes qu’il est urgent de ne pas se noyer dans l’anecdotique ou la culture du buzz"
©AFP

Journée de lutte

Au lendemain d'une grande marche initiée par le mouvement "Nous Toutes" à travers la France, Lydia Guirous revient pour Atlantico sur les différents féminismes à travers le monde, souvent oubliés par les féministes des pays occidentaux.

Lydia Guirous

Lydia Guirous

Lydia Guirous est essayite, auteure de « Assimilation en finir avec ce tabou français » aux éditions de l’Observatoire et de « Ca n’a rien à voir avec l’Islam ? Face à l’islamisme réveillons-nous » aux éditions Plon, réédition en version augmentée et inédite.

Voir la bio »

Atlantico : Votre nouveau livre, Le suicide féministe (éditions de l'Observatoire) est autant une charge contre les tendances actuelles du féminisme occidental qu'un éloge du féminisme du reste du monde. Comment expliquez-vous que les féministes en Occident, où est, comme vous le rappelez, né le féminisme, soient si peu réceptifs aux justes combats menés partout sur la planète pour défendre les droits des femmes ? 

Lydia Guirous : Le féminisme occidental s’est égaré dans la lutte des classes, le relativisme culturel, la cause LGBT. Bilan : les féministes mainstream ridiculisent le féminisme. Elles se vautrent dans l’anecdotique: « adelphité » dans la Constitution pour remplacer « fraternité », gender et lissage des genres pour gommer les différences homme femme, écriture inclusive, acceptation du burkini au nom de « liberté » …Et j’en passe tant le féminisme occidental est devenu un « voyage en absurdie » ! 

Le pire dans tout cela, c’est que ces erzatz de féministes n’ont même pas honte de porter d’aussi lamentables combats, pendant que d’autres femmes, de l’Inde, en passant par l’Iran, l’Arabie Saoudite, payent au prix de leur vie parfois, leur soif de liberté…normal le mot d’ordre de leurs maîtres à penser : « pas d’amalgame » « relativisons, cela ne nous concerne pas ! » Avec cette pensée néo-coloniale dont le racisme peine à se cacher, on valide l’idée que toutes les femmes dans le monde n’ont pas les mêmes droits. C’est le même raisonnement en France, où Marlène Schiappa en tête, valide le voile integral comme « une liberté pour des femmes adultes », au nom du relativisme culturel. 

Nous assistons donc à une trahison de la vocation universaliste du féminisme et de l’égalité hommes-femmes. Une validation du communautarisme qui est également une trahison de la République et une régression pour les droits de toutes les femmes, sans exception, quel que soit leurs origines ethniques, culturelles, ou sociales. 

Vous dénoncez notamment le féminisme occidental comme s'étant spécialisé dans le "combat gadget". Vous raillez notamment les marottes linguistiques des féministes. Mais vous considérez que ces lubies sont une trahison envers le vrai féminisme. Pourquoi ?

Parce qu’il reste tant de combats à mener en France et en Europe qu’il est urgent de ne pas se noyer dans l’anecdotique et dans la culture du buzz et de l’éphémère : l’interdiction du voile intégral qui est un marqueur de la soumission des femmes et un panneau publicitaire de l’Islam politique qui veut anéantir notre civilisation, le voile imposé aux petites filles,  la faiblesse des politiques de contraception, l’explosion des MST chez les jeunes,, la lutte contre la pornographie et télé-réalité qui ravagent le comportement social et la sexualité des mineurs et installent  l’idée d’une femme objet. Ces combats sont urgents pour les femmes, et pour que nos filles, vivent encore libres et heureuses demain.  

Des suffragettes aux combattantes du MLF, de Louise Michel à Simone Veil en passant par Elisabeth Badinter, il ne reste aujourd’hui malheureusement que de la nostalgie, un vague souvenir dans les livres d’histoire…or c’est pourtant l’essence même du mouvement féministe qui disparaît sous nos yeux, basée sur la liberté et l’autonomie et non sur un égalitarisme forcené et sur les cendres de la lutte des classes de quelques nostalgiques du marxisme. Les féministes médiatiques trahissent leurs ainés au moment où pourtant de nouveaux dangers apparaissent. Le féminisme occidental se suicide sur l’autel de la bien-pensance et trahit chaque jour un peu plus les femmes. 

Votre livre dénonce notamment très fortement la complaisance entre féminisme et islamisme, notamment par le biais des Frères musulmans. Comment fonctionne et raisonne ce courant de pensée ? Quelle est sa stratégie ?

Les Frères musulmans agissent comme une pieuvre et une gangrène dans notre société, en culpabilisant la France et les Français et en instrumentalisant la loi de 1905.

Une pieuvre : car ils placent leurs fidèles dans toutes les strates de la société : entreprises, fonction publique même régalienne, rédactions de tous les médias, syndicats…L’objectif est clair, propager leurs idées qui reposent sur le concept de soft islamisation de la France, en jouant la proximité et la sympathie avec tout le monde. Tout cela se fait insidieusement et subtilement, à visage masqué dans la droite ligne de la Taqya, en culpabilisant les Français non musulmans autour d’un racisme fantasmé et dénaturé par le concept d’islamophobie, qui n’a qu’un seul objectif : remettre la question religieuse au cœur du débat républicain.

L'instrumentalisation de nos valeurs et de loi de 1905 par les Frères musulmans et le dévoiement du féminisme avec le fumeux concept de « féminisme islamique » n’ont pour seule et unique vocation, l'installation du voile comme une norme en Occident. 

Une gangrène : car la culpabilisation permanente post-coloniale et les accusations incessantes d’islamophobie et de racisme, font peur à beaucoup de nos concitoyens qui préfèrent céder ou se taire  même sur l’inacceptable, comme le voile des petites filles.

C’est une stratégie de long terme contre laquelle il faut s’insurger et prendre des mesures fermes pour que notre société et notre modèle de civilisation ne se fassent pas aspirer. La première d’entre elle consiste à interdire l’UIOF en France  (organisation d’ailleurs interdite dans plusieurs pays) qui est la source et la coordination des Frères musulmans en France. Je demande cette interdiction depuis des années…sans réponse pour l’instant.

En quoi s'agit-il selon votre formule d'un "féminisme de l'autruche" ?

Le féminisme de l’autruche consiste à détourner le regard face aux vrais problèmes qui touchent les femmes. Son origine se situe dans le prêt-à-penser du relativisme culturel, du « pas d’amalgame »… L’islamisme est aujourd’hui le premier péril pour les droits des femmes en France et en Europe. Cet islamisme est mortifère pour notre civilisation, nous le savons tous. Pourtant les féministes mainstream préfèrent ne pas voir, pour ne pas stigmatiser et servir la soupe aux officines de gauche… La question du voile integral est symptomatique. Ces fausses féministes de salon préfèrent pérorer sur les plateaux de télévision où elles sont abondamment invitées, et affirmer que le voile integral est une liberté…genre : « regardez je suis dans le clan  des gentils et des pas racistes ». Pauvres d’elles, elles ne comprennent même pas que le relativisme et la différentiation des droits par ethnie ou religion est par nature raciste…pendant ce temps les Saoudiennes comme les iraniennes, et tant d’autres se lèvent,  risquent leurs vies, pour ne plus subir le port du voile de la soumission, qui efface la femme de l’espace public. Ce féminisme de l’autruche est une véritable trahison.

Une trahison que porte celles qui s’affichent aux côtés des militantes du « féminisme islamique » comme Clémentine Autain, celles qui, comme Caroline de Haas, proposent d’élargir les trottoirs pour éviter aux femmes de La Chapelle Pajol de Paris d’être harcelées et de subir des gestes déplacés et même des insultes. Du mépris pur et simple. Aurait-elle tenu pareil propos s’il s’était agi de « mâles blancs » ? Ou celles, comme Marlène Schiappa, qui organisent une déambulation de nuit, avec des molosses en garde du corps, dans ce même quartier. Une mise en scène cynique qui dit aux femmes de ce quartier : j’y suis sans problème, de quoi vous plaignez vous ! Souffrez en silence ou vous serez traités de « fachosphère ». Rappelons que cette même Marlène Schiappa qualifiait « d’islamophobe » Manuel Valls qui était opposé au voile dans les écoles et lors des sorties scolaires. 

Le féminisme est piégé, engluée dans la lutte des classes, où le prolétaire est désormais l’immigré duquel il ne faut surtout pas exiger une intégration complète à nos valeurs républicaines. Un féminisme qui  valide l’idée que toutes les femmes dans le monde n’ont pas les mêmes droits et que cela serait normal car relevant de leur « tradition » ou  de leur « culture ». 

A rebours de ce féminisme, quel féminisme proposez-vous ?

Je vous l’ai dit un féminisme  au service réellement des femmes, de toutes les femmes, de l’émancipation et qui s’oppose à l’islamisme mortifère. Un féminisme universaliste dans la ligne d’Elisabeth Badinter. Un féminisme ancré dans la réalité. Je refuse le féminisme de salon des officines de gauche et de leurs satellites. Un féminisme qui dénonce la fausse route des féministes mainstream qui ont abandonné l’esprit critique et le bon sens pour une « une non pensée » ou une « pensée molle » parsemée d’anecdotique, de futile, de gadget, alors que l’essentiel est sous nos yeux. Un féminisme qui refuse l’opposition systématique des sexes, la culpabilisation permanente de l’homme et la victimisation permanente des femmes. Un féminisme qui refuse le lissage des genres et qui comprend que maintenir les différences biologiques entre les hommes et les femmes n’est pas maintenir les inégalités. On peut se construire loin des caricatures de « genre », mais le sexe ne doit pas disparaître : la différence est une richesse, la gommer ou la lisser serait une erreur. Un féminisme qui ne ferme pas les yeux face aux dérives d’un progrès scientifique sans limites éthiques. Un féminisme qui ne se cache pas derrière son petit doigt dès que l’on parle d’Islamisme et de voile. Un féminisme pour madame ou mademoiselle tout le monde, qui galère pour boucler les fins de mois, garder son enfant, mener une vie conjugale et professionnelle équilibrée.

Vous décrivez l'argument selon lequel "pour les femmes très actives et les couples qui refusent la difficulté des neuf mois, la GPA pourrait être envisagée", et ne vous positionnez pas sur le débat très actuel de la PMA que le gouvernement semble vouloir absolument faire passer. Mais vous reconnaissez cependant l'importance qu'il y a à traiter ces questions d'un point de vue éthique. Comprennez-vous la prise de parole très ferme de Laurent Wauquiez qui liait la question de la PMA à celle de l'eugénisme ? 

Je pense que vous plaisantez, je suis une des combattantes de la première heure sur ce sujet aux côtés de Laurent Wauquiez. J’étais encore sur France Inter cette semaine pour expliquer que j’étais contre la PMA sans père qui ouvrirait la voie de manière inéluctable à la GPA et donc à la marchandisation du corps des femmes les plus faibles. Le passage que vous citez de mon livre est isolé et ne correspond absolument pas au sens du chapitre. Ce que je dis, c’est que ce débat de la GPA pour confort des femmes (raisons professionnelles ou autres) aura lieu et on peut comprendre qu’il ait lieu…mais cela ne veut pas dire qu’il faut donner droit à cette demande absurde ! Encore une fois, ces sujets sont lourds sur le plan éthique et sur le plan moral et sur la conception de la famille, de l’enfant et de l’altérité. Des débats respectueux doivent avoir lieu pour apaiser les tensions. Mais mes principes resteront les mêmes : je suis opposée à la PMA sans père car elle ouvrira par effet cliquet la GPA et la marchandisation du corps des femmes…ce qui devrait choquer toute vraie féministe ! 

Quant à l’eugénisme évoqué par Laurent Wauquiez, il a tout à fait raison d’évoquer ce risque, car la sélection des gamètes existe déjà dans certains pays. En Californie par exemple, à la Fertility Institutes, le Dr Jeffrey Steinberg propose de sélectionner les embryons qui permettent d’obtenir la couleur des yeux que l’on souhaite pour son bébé. Nous assistons sous nos yeux à l’émergence des premiers « designer babies », une forme d’eugénisme à la portée des riches, sachant que le business du bébé représente 9 milliards d’euros par an…Le Dr Karine Chung, directrice du programme de préservation de la fertilité à la Kerck School de médecine de l’Université de Californie du Sud, déclarait dès 2015, qu’une transplantation d’utérus sur un homme serait possible entre 2020 et 2025…Premier pas : en 2017, un transgenre a enfanté au Royaume-Uni et le gouvernement a déposé un amendement pour remplacer « femme enceinte » par « personne enceinte » dans les textes de loi ! Nous ne pouvons pas restés silencieux face à ses évolutions permises par la science, et Laurent Wauquiez a raison de tirer la sonnette d’alarme. Comme le disait Rabelais : « Science, sans conscience, n’est que ruine de l’âme ».

Le Suicide féministe, publié aux éditions de l'Observatoire. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !