Lutte des races : ces cas de rejet des Blancs qui se multiplient en France <!-- --> | Atlantico.fr
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Une pancarte lors d'une manifesation contre le racisme.
Une pancarte lors d'une manifesation contre le racisme.
©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Racisme anti-Blancs

De plus en plus d'actes de racisme anti-Blancs ont lieu en France. Selon Céline Pina, les groupes ethniques appartenant aux minorités ont fait du Blanc leur ennemi commun.

Céline Pina

Céline Pina

Née en 1970, diplômée de sciences politiques, Céline Pina a été adjointe au maire de Jouy-le-Moutier dans le Val d'Oise jusqu'en 2012 et conseillère régionale Ile-de France jusqu'en décembre 2015, suppléante du député de la Xème circonscription du Val d'Oise.

Elle s'intéresse particulièrement aux questions touchant à la laïcité, à l'égalité, au droit des femmes, à la santé et aux finances sociales et a des affinités particulières pour le travail d'Hannah Arendt.

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Atlantico : « Le blanc quitte ma ville, on est chez nous ici » s’est entendu dire Boris Venon, adjoint PS à la mairie des Mureaux, avant d’être poursuivi jusque devant son domicile et menacé de mort. Ce genre d’exemple de haine des blancs est-il en train de se multiplier ?

Céline Pina : Tarif Yildiz, un jeune sociologue, a travaillé sur ce sujet en 2010. Il relevait l’existence d’un véritable racisme anti-Blancs dans les quartiers dits “difficiles” et pointait la violence de ce qui s’abattait sur les petits Blancs, qui vivaient des situations d’exclusion sociale et se voyaient taxés en prime d’être des salauds de privilégiés, pilleurs de richesse et oppresseurs. Il décrivait la violence des insultes, les faits de harcèlement et la violence physique. Une logique de haine et de rejet fondée sur la couleur de peau. Un racisme primaire à l’état brut. Les témoignages de jeunes collégiens qui en étaient victimes étaient très touchants. Il n’en reste pas moins qu’à l’époque (le livre date de 2010) ou aujourd’hui, le simple fait de parler de racisme anti-Blancs et d’enquêter sur ces questions est susceptible de déclencher, de la part d’une certaine gauche et d’une partie du milieu universitaire, l’accusation d’être un suppôt de l’extrême-droite. Le fait de parler de racisme anti-Blancs est encore et toujours présenté, non comme une réalité sociale, mais comme une manière d’essayer d’effacer l’existence du racisme en général et de nier les discriminations que subissent les non-Blancs. C’est tenter d’effacer le fait que lorsque l’on écrit un récit haineux qui désigne des cibles à cause de leur couleur de peau, on est raciste.

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Quand on accuse le Blanc d’être à l’origine de tous les maux (racisme, esclavage, inégalités, colonisation), on justifie la haine et la violence à son égard. Et cela a des conséquences en termes d’agression. Les Rokhaya Diallo et autres Houria Bouteldja excitent cette haine raciale en déformant l’Histoire et en la réduisant à un simple et unique processus de domination où la seule question qui vaille est de savoir quel groupe ethnique est au sommet de la chaîne alimentaire, pour le détrôner et y installer le sien. Dans cette logique, l’Autre est l’ennemi et les Blancs peuvent tout à fait être victimes d’une haine raciale tout à fait décomplexée car elle se justifie au nom de la violence qu’ils auraient historiquement exercée. En même temps, la réalité de la violence raciste que ces modes de représentation génère est niée car selon le récit porté par les racialistes et les islamogauchistes, le Blanc reste privilégié. En effet, s’il peut se faire agresser sur la seule base de la couleur de peau, il échapperait aux difficultés à trouver un logement, un emploi et ne serait pas victime de discrimination. Pourtant à l’heure des quotas ethniques, ce que l’on constate n’est pas l’absence de « diversité » mais bel et bien le recul ou la disparition, dans certaines fonctions ou métiers, de fils d’ouvriers. L’arrêt de l’ascenseur social enferme les personnes dans leur condition d’origine et explique mieux nos difficultés que l'hystérisation de l’accusation de « racisme systémique ».

Sur Twitter vous souligner le rôle de la gauche NUPES et des « soi-disant antiracistes qui ont réduit les hommes à leur couleur de peau ». Quelle est concrètement leur responsabilité dans cette situation ?

La gauche a trahi sa vocation qui était de réduire l’injustice sociale et les inégalités en investissant dans l’éducation, l’amélioration des conditions de travail et de vie, la juste rémunération du travail, la culture. Une fois arrivée au pouvoir, elle a surjoué sa posture révolutionnaire et sociale, discouru à l’infini sur la mobilisation sociale mais a essentiellement fait en sorte d’adapter la France à la mondialisation en participant à la destruction de nos institutions et de nos solidarités. Elle n’a pas su protéger nos entreprises phares de la déréglementation voulue par l’Union européenne et a exécuté nos fleurons industriels et notre industrie nucléaire sans se poser la question de l’intérêt général. Or elle portait une promesse tout autre. Rapidement les Français ont eu du mal à distinguer les différences entre la droite et la gauche sur les questions économiques et sociales. La gauche a ainsi perdu le vote des ouvriers et employés et a cherché un électorat de remplacement. La fameuse note Terra Nova de 2011 est l’aboutissement de cette histoire. A l’époque, il s’agit de faire élire François Hollande et les experts du Think tank préconisent d’investir sur les minorités (minorités sexuelles et minorités raciales), sur les femmes…

Le problème est que les intérêts des groupes ciblés ne sont pas communs, voire peuvent être opposés : les islamistes dont l’influence est très forte sur les musulmans ne sont pas pour l’égalité et font de l’infériorisation des femmes un objectif et du port du voile, un marqueur d’identité. Ils détestent l’homosexualité. Il y a un fort racisme entre groupes ethniques appartenant aux minorités (c’est le cas entre les Arabes et les Noirs notamment). Ces groupes ne peuvent être réunis autour d’un projet commun. Mais on peut les rassembler en leur donnant un ennemi commun : leur propre pays ou leur pays d’accueil, présenté comme colonialiste et raciste, qui s’incarne dans la figure du Blanc forcément dominant et dominateur.

La gauche, en se détournant du combat social et de l’idéal d’éducation du peuple pour cultiver des logiques de haine et de mise en accusation de la société, a de fait renoncé à la lutte contre les inégalités. Sa nouvelle lecture du monde est devenue raciale. Et derrière cette lecture raciale, le bon vieux racisme, qui revient à essentialiser les personnes en leur prêtant des caractéristiques liées à leur couleur de peau, revient. Dans cette lecture politique déployée par la NUPES notamment, le Blanc est ontologiquement raciste, colonialiste et porte une âme de bourreau, tandis que le non-Blanc, lui, est forcément une victime, opprimée et innocente. Derrière ces représentations, il n’y a plus de possibilité de faire Nation ensemble, il ne reste plus qu’une logique de vengeance où le Blanc doit expier en cédant sa place de groupe dominant et en renonçant à tout ce qui fait la civilisation occidentale : démocratie, libertés publiques, égalité entre les hommes, idéal d’émancipation, sécularisation… Cette vision racialiste du monde explique aussi les critiques violentes accusant les valeurs occidentales d’être des leurres car elles ne sont pas parfaites. Critiques qui relient racialistes et islamistes dans leur rejet de nos sociétés politiques et la volonté de détruire les idéaux et principes qui fondent notre contrat social et notre civilisation. Cette accusation d’hypocrisie que portent les racialistes, ces racistes qui ont vampirisé le combat antiraciste pour en faire une arme de mise en accusation des Blancs, permet de cristalliser la haine de la civilisation occidentale en en faisant un simple montage manipulateur destiné à préserver les intérêts raciaux des Blancs en les faisant passer pour de l’universalisme. Elle oublie au passage que les références d’une société créent des réalités. Certes la condition des femmes n’est pas parfaite en Europe, mais entre des pays qui prônent l’égalité et ceux qui la refusent aux femmes, la condition des femmes, leurs aspirations et leurs espoirs n’ont absolument rien à voir. Nos idéaux ont créé des réalités, tout comme la haine raciale du Blanc en crée.

La lutte des classes a-t-elle été définitivement supplantée par la lutte des races dans les discours de gauche ?

Il reste un habillage social dans le discours de LFI par exemple, mais ce discours est plus tourné sur la dénonciation tous azimuts du capitalisme qu’il ne produit une vision d’avenir ou des propositions visant à réduire les inégalités ou à mieux considérer et rémunérer le travail. La gauche paraît préférer désigner des cibles à haïr et des têtes à couper que proposer un chemin visant à élever l’homme et à lui permettre de changer de condition. Elle a d’ailleurs participé à la casse de l’ascenseur social et des services publics, comme à la politique de rabaissement de l’idéal de Nation mis en place par le pouvoir européen. Elle reste dans la stratégie Terra Nova d’investissement sur les minorités et de capitalisation de voix grâce à la désignation de têtes à couper et non de chemin à suivre, puisque ses clientèles ont des intérêts incompatibles. Certes ce discours la marginalise et l’éloigne du pouvoir par les urnes, mais il nourrit le rêve de l’insurrection qui vient et d’une prise de pouvoir par la violence.

À quel point cette situation est-elle délétère pour le pays ?

Cette situation est délétère car elle est sans issue. On peut aspirer à dépasser ou réduire les inégalités sociales grâce à l’éducation et en rémunérant justement la force de travail. Mais la race est un enfermement, une appartenance impossible à dépasser si votre couleur de peau définit ce que vous êtes censés penser et désirer, qui sont vos alliés et vos ennemis. Avec une telle logique, on ne peut pas créer une société politique d’égaux, ni accéder à l’universalisme. Il n’y a plus de bien ou de mal, ne reste plus que ce qui est bon ou mauvais pour mon ethnie, ma tribu. Les groupes sont en concurrence et il n’existe plus de chemin personnel. Chaque individu devient une incarnation du groupe ethnique auquel il appartient et qui lui dicte sa façon d’être.

Comme les groupes sont en concurrence, il est très important d’éviter les mélanges, la mixité, tout ce qui pourrait l’affaiblir. Dans ce cadre le métissage est très mal vu et la seule question qui importe est de savoir à qui appartient le métis. Or la question s'est déjà posée dans l’histoire, à l’époque de la ségrégation. La réponse apportée était la goutte de sang noir. Quiconque avait un seul ancêtre noir était donc rattaché au groupe ethnique noir. La vision racialiste est une vision raciste qui empêche dans les faits le métissage et réduit les hommes à leur couleur de peau. C’est l’inverse de notre culture qui vise à l’émancipation des hommes de leurs caractères secondaires (couleur de peau, sexe, âge…) pour fonder nos sociétés politiques sur leur capacité à raisonner et à créer ainsi un monde commun de représentations sur lequel fonder notre contrat social. C’est cela qu’exprime le triptyque : liberté, égalité, fraternité. Ce triptyque a fait naître des sociétés prospères et égalitaires, la promotion de la race, elle, a conduit l’humanité à sa perte et à son déshonneur. Nous avons déjà emprunté ce chemin et nous savons où il mène. C’est le déshonneur de la gauche racialiste d'instrumentaliser ces doctrines pour arriver au pouvoir.

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