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La Libye post-Kadhafi sera-t-elle un nouvel Irak ?
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Avenir

Alors que le Conseil national de transition libyen vient d'être reconnu comme "l'autorité gouvernementale légitime" du pays, l'incertitude sur un éventuel après-Kadhafi demeure. Elodie Ritzenthaler, consultante qui a vécu à Bagdad où elle était en mission pour aider le pays à s'adapter aux normes de l'OMC, s'interroge sur la possibilité de se retrouver dans une situation chaotique à l'irakienne.

Elodie Ritzenthaler

Elodie Ritzenthaler

Elodie Ritzenthaler est consultante et travaille essentiellement sur les sujets de politique commerciale.

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Qu’au départ la France et les États Unis aient engagé l’OTAN à protéger les populations civiles libyennes face aux violences commises par Kadhafi, c’est une chose. Que dorénavant les forces internationales veuillent mettre fin à son régime en est une autre. Renverser un régime, structurer l’opposition, permettre de créer une Constituante et pourquoi pas aboutir à l’émergence d’une Libye démocratique… Tout cela part d’excellents sentiments, fort honorables. Mais après, quoi ? Quels sont nos plans, quelles sont nos ambitions ?

La leçon de l'exemple irakien

A titre de comparaison, revenons à l’Irak. Autres temps, autres mœurs, peut-être… Toutefois, oui les Irakiens vivent aujourd’hui en démocratie – que l’on pourrait toutefois au départ, dire « contrainte » par les Américains et leurs alliés de l’époque -, il y a des élections et les Irakiens se déplacent aux bureaux de vote. Quel enthousiasme n’avons-nous pas vu à travers les médias de la chute du régime de Saddam !

Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Les Irakiens sont ils plus heureux qu’avant ? Leur vie au sein d’un régime démocratique est-elle sécurisée, stable et porteuse d’avenir ? Les Irakiens ont-ils un vrai sentiment de liberté et en sont ils reconnaissants aux Américains pour cela ?

Je crains que la réponse à toutes ses questions ne soit « non ». Le régime Irakien est plus que fragile, les rapports de forces politiques ont changé, et si la population se rend aux urnes, elle se déplace toujours à Bagdad et ailleurs, trop souvent encore avec la peur au ventre. Les attentats recommencent à croitre depuis plusieurs mois, et tuent encore des dizaines ou centaines d’innocents. Mais surtout avec la chute du régime de Saddam, le quotidien des Irakiens a peu évolué voire il s’est dégradé : coupures d’électricité, coupures d’eau, problèmes sanitaires graves avec l’augmentation des tempêtes de sable sur le pays et des infrastructures toujours dans un état lamentable. Une population dont l’accès à l’éducation est bien moindre que dans les années 1980 et où de nombreux jeunes et moins jeunes ne pensent qu’à l’exil par manque d’emplois et d’avenir pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Ainsi, cela en valait-il la peine ? Le bilan est il vraiment positif ?

Quel futur voulons-nous pour une Libye ans Kadhafi ?

Alors pour revenir à la Libye, avons-nous vraiment pensé à un après Kadhafi ? Au-delà de l’aspect purement politique et de la création d’un nouveau régime, quels sont les plans ? Si l’Union européenne est prête à apporter une assistance technique à l’après Kadhafi, c’est maintenant que les priorités doivent être définies et si l’on ne veut pas perdre la main, il faut pouvoir sécuriser le pays et changer les conditions de vie des populations. C’est-à-dire se concentrer sur les infrastructures de base et les remettre rapidement en état de marche (eau, électricité, routes, hôpitaux, écoles, etc.), et créer les conditions pour le développement économique. Ce n’est qu’à ce prix que les populations locales pourront travailler main dans la main avec les internationaux et dessineront l’avenir de leur pays.

La démocratie est une belle idée mais sans sécurité et surtout sans accès aux infrastructures de base, à quoi bon faire un pas en avant, si le risque est d’en faire deux en arrière.

Et si l’Europe est prête à envoyer des experts et consultants sur place, il serait utile qu’elle revoit la façon dont elle garantit la sécurité de ceux-ci dans les zones à risques, et qu’elle adapte véritablement son aide à ces régions difficiles. La Libye est probablement un test pour l’Europe de la Défense, mais elle va aussi l’être pour le nouveau Service Européen d’Action Extérieure dirigé par Mme Catherine Ashton.

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