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Les robots pourront-ils bientôt souffrir aussi ?
©Reuters

On n'arrête pas le progrès...

Des chercheurs sont en train de tester un système nerveux permettant aux robots d'éprouver de la douleur, pour apprendre à y réagir.

La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable. Pourquoi cette sensation, dont les hommes et les animaux étaient jusqu'à aujourd'hui les heureux privilégiés, risque-t-elle d'être intégrée au mécanisme des robots ?

La mise au point d'un système nerveux artificiel

On utilise des robots pour épargner des vies humaines. Les hommes de fer répondent uniquement à leurs objectifs et remplacent les ouvriers dans les environnements dangereux - comme les centrales nucléaires - ou pour les tâches fastidieuses et ingrates, comme éboueur, caissier ou assistant juridique. Pourtant, deux chercheurs de l’université de Leibniz à Hanovre, Johannes Kuehn et Sami Haddadin, travaillent sur des robots capables de ressentir la douleur et d'y réagir comme des humains. Le projet présenté à l’IEEE (International Conference on Robotics and Automation) de Stockholm veut en effet mettre au point un système nerveux artificiel qui enseignera aux robots à ressentir la douleur, afin de ne pas endommager leurs moteurs, leurs engrenages et leurs systèmes électroniques.

La douleur est un système qui nous protège

Le Dr Kuehn s'explique : la douleur est importante chez les robots pour la même raison qu'elle l'est chez les humains, pour reconnaître ce qui leur nuit et y échapper instinctivement. "La douleur est un système qui nous protège", dit-il ; elle est une information. Ainsi, on constate que les humains atteints d'insensibilité congénitale à la douleur se blessent plus souvent, parce que leur corps ne sait pas qu'il faut réagir. Ôteriez-vous la main du feu si vous ne sentiez pas de brûlure ? Par conséquent, pour éviter aux robots de s'endommager sans le savoir, pourquoi ne pas leur donner la même capacité de réaction ?

Le bras se rétracte au contact de l'eau bouillante

Pour mener leurs tests, les chercheurs allemands ont créé un bras robotisé, appelé Kuka, équipé d’un système nerveux inspiré de celui du corps humain. Avec ses capteurs tactiles, semblables à la peau du bout des doigts, Kuka est capable de détecter des changements de pression et de température. Si la douleur est faible, le bras se retire en douceur. Si elle est modérée, le retrait du bras est plus vif. La rétractation du bras est illustrée dans une vidéo publiée par l'IEEE.

Les trois lois de la robotique

Ces expériences sont fondamentales à plusieurs titres. Car si les robots apprennent à réagir à la douleur, cela signifie qu'ils seront capables de se protéger. Et dans le même temps, d’éviter de faire du mal aux humains. C'est précisément ce que l'écrivain de science-fiction, Isaac Asimov, avait établi en rédigeant ses célèbres lois de la robotique en 1942. Elles sont au nombre de trois. Dans la première, il est dit qu'un robot "ne peut porter atteinte à un être humain, ni, en restant passif, permettre qu'un être humain soit exposé au danger". Dans la seconde, "un robot doit obéir aux ordres qui lui sont donnés par un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi". Et enfin dans la troisième, "un robot doit protéger son existence tant que cette protection n'entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi".

Cela signifie bien que les robots ne "ressentent" pas de la douleur, puisqu'ils sont purement mécaniques et que la conscience n'émerge pas quand on associe trois boulons. Mais ils pourront réagir aux évènements nuisibles, comme l'eau ou la chaleur. Cela leur permettra d'analyser leur environnement plus sûrement, et de fournir une aide plus adaptée aux humains.

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