Les Occidentaux s'inquiètent d'une remontée des prix du pétrole, car la Russie semble rencontrer des difficultés d'approvisionnement<!-- --> | Atlantico.fr
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Une vue de la raffinerie de pétrole de Moscou du producteur russe Gazprom Neft, dans la banlieue sud-est de Moscou, le 28 avril 2022.
Une vue de la raffinerie de pétrole de Moscou du producteur russe Gazprom Neft, dans la banlieue sud-est de Moscou, le 28 avril 2022.
©Natalia KOLESNIKOVA / AFP

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Les Américains n'apprécient pas une augmentation des prix de l'essence en période électorale, tout comme les Européens. Pourtant, ces derniers jours, les prix augmentent à nouveau en raison de la réduction des exportations russes

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le marché pétrolier est à nouveau perturbé par des pressions contradictoires difficiles à conjurer. Depuis deux semaines, les prix du pétrole augmentent presque chaque jour, dépassant désormais les 82 dollars le baril, suffisamment pour inquiéter les analystes américains et européens. 

L'Arabie saoudite observe ce mouvement avec satisfaction, mais semble ne pas être en cause. Au contraire, depuis la dernière vague inflationniste, elle a essayé de calmer le jeu. Elle reste aujourd'hui très vigilante en raison des risques d'escalade du conflit au Moyen-Orient entre Israël et le Hamas. Actuellement, le marché souffre davantage des difficultés d'approvisionnement qui empêchent la Russie de satisfaire ses clients.

La Russie est devenue l'année dernière, en 2023, le premier fournisseur de pétrole de la Chine, devant l'Arabie saoudite. La Chine, étant le plus gros importateur de pétrole au monde, a considérablement accru ses achats auprès de la Russie. Sans doute pour des raisons politiques, la Chine a soutenu la Russie, pénalisée par les sanctions, mais aussi parce que la Russie lui a vendu du pétrole en dessous du prix du marché. Les ventes de la Russie à la Chine ont atteint un volume record de 107 millions de tonnes de brut, soit 25 % de plus qu’en 2022.

Pour la Chine, c'était tout bénéfice, car les achats à la Russie lui permettaient de réduire sa facture, ce qui était très utile compte tenu de sa faible croissance actuelle. 

Pour le reste du monde, cette dérivation des flux permettait de faire pression à la baisse sur les prix. L'Occident, en particulier, a multiplié les sanctions économiques et financières contre Moscou, mais a constaté que ces sanctions avaient du mal à assécher les ressources financières de la Russie, car on fermait les yeux sur le détournement des flux de pétrole et de gaz, tout comme sur le trafic des bateaux en Mer noire . La guerre fait rage mais une partie du business stratégique survit ( et notamment le blé et le pétrole . Ce qui  rend service à tout le monde

Aujourd'hui, la situation est en cours d'évolution. La production de pétrole (brut et raffiné) en provenance de Russie a ralenti et ses exportations ont diminué, d'où cette pénurie d'offre qui inquiète et déséquilibre le marché international, entraînant une hausse des prix.

Ce qui est intéressant, ce sont les raisons de cette pénurie d'offre russe, qui seraient essentiellement imputables à deux facteurs. 

Premièrement, l'augmentation des frappes ciblées sur les équipements pétroliers russes, notamment les raffineries, les stocks et les champs d'exploitation. L'Ukraine, ayant moins de moyens pour tenir le front, s'est mise à utiliser des missiles à longue portée qui touchent l'intérieur du territoire russe. À noter que les Russes eux-mêmes, depuis 48 heures, attaquent les sites stratégiques situés en Ukraine pour affaiblir sa logistique et ses approvisionnements. L'escalade des tensions géopolitiques, conjuguée aux attaques visant directement les installations énergétiques en Russie et en Ukraine, alors que la situation au Moyen-Orient continue de s'aggraver.

Le deuxième facteur c’est que la Russie n’a pas les moyens techniques de reparer rapidement ses installations pour cause de sanctions . Il lui, faudra des annees pour reconstruire et faire tourner les raffineries .  

Toute la question est de savoir si, face à la pénurie de pétrole russe, l'Arabie saoudite va augmenter ses livraisons pour compenser les effets de cette pénurie en direction de l'Occident. C'est possible et même probable. Personne n'a intérêt à risquer une crise pétrolière qui viendrait s'ajouter aux effets de la géopolitique. L'Arabie saoudite reste le maître du jeu. Elle essaie d'entretenir des relations correctes avec la Russie, mais c'est difficile. Elle essaie surtout de protéger l'économie occidentale, car l'Arabie saoudite a beaucoup investi sur les bourses de Londres, de New York et de Paris et n'a pas intérêt à participer à un nouvel effondrement de l'économie occidentale. L’Arabie Saoudite a compris qu elle n’avait pas intérêt à ruiner ses clients .

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