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Les millenials qui quittent l’Europe provoquent une guerre des talents dans les entreprises familiales qui se retrouvent en panne de talents...
©REUTERS/Ralph Orlowski

Atlantico Business

Le manque de talents disponibles est devenu la première préoccupation des dirigeants des entreprises familiales implantées en Europe.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le mal ne touche pas que les entreprises françaises. Il a contaminé la majorité des entreprises familiales en Europe. Les jeunes de la génération des millenials, moins de 35 ans, qui ont généralement acquis une formation internationale sophistiquée, refusent en majorité de s’engager dans le tissu des entreprises familiales européennes.

Les millenials ont en général moins de 30 ans, ils sont nés avec la révolution digitale, ont suivi des études en grande école de commerce ou d’ingénieur qui les ont fait voyager. Ils connaissant beaucoup mieux que leurs parents les marchés internationaux, l’Amérique du nord et l’Asie. Ils y ont fait une grande partie de leur année de césure, puis ils y ont pris goût. Résultat : ils boudent les carrières qui leur sont ouvertes en Europe en préférant s’engager, soit dans une grande entreprise internationale, soit dans l'aventure de la création d’entreprise. Le revers de la médaille, c’est que le tissu des moyennes entreprises européennes se retrouve en panne de talents et même d’héritiers. Cette situation provoque une véritable guerre des talents.

Selon le baromètre de l'emploi établi chaque année par le cabinet de conseil en management KPMG, cette difficulté de recruter des cadres dirigeants arrive au premier rang des préoccupations pour 43 % des présidents d’entreprise.

Cette guerre des talents inquiète bien davantage que le renforcement de la concurrence, l’augmentation du cout du travail, les risques de compétitivité ou les incertitudes administratives, fiscales ou politiques.

Cette question est particulièrement grave dans les entreprises familiales. Tout se passe comme si ces structures familiales ont été fermées trop longtemps aux apports étrangers. Avec aujourd’hui, des héritiers qui préfèrent aller exercer leur expertise ailleurs. Éric Thouvenel, associé KPMG, responsable national des entreprises familiales, explique : « On se rend compte que la génération des Millenials n'est pas forcément intéressée par l'entreprise : beaucoup veulent se lancer dans l'aventure entrepreneuriale, ou aller voir autre chose, non seulement hors de France mais aussi hors d'Europe. » D’où le déficit de collaborateurs qui pourraient assumer la mutation de la modernité et préparer tout simplement la succession. « C'est un problème sérieux et qui soulève d'importantes questions, notamment dans les choix des politiques de formations. Il existe, pour l'entreprise, des pistes à explorer : l'entreprenariat sur les projets internes en fait partie. » poursuit-on chez KPMG. Pour plus de la moitié des dirigeants actuels des entreprises familiales, la priorité des priorités est «d’attirer de nouveaux talents pour recruter et former de nouveaux salariés.»

Ce besoin de recrutement est d’autant plus important que les entreprises européennes vont mieux. Le chiffre d’affaire et les moyens d’investissement s’accroissent, d’où les créations d’emplois et les embauches.

 « Les gros efforts qui ont été faits ont permis d'alléger le navire et maintenant que les vents sont favorables - avec une bonne croissance mondiale, des conditions de financement attractives, un environnement et des discours plus positifs, les entreprises familiales se portent bien », explique encore Éric Thouvenel de KPMG. Le problème, c’est que dans ce contexte, près de la moitié voudrait embaucher de nouveaux collaborateurs mais n’y parvient pas.

Cette question est d’autant plus préoccupante que la plupart des entreprises familiales installées en Europe souhaite conforter leur enracinement européen. Pour la plupart, pas question de se délocaliser.

Du coup, les « family businesses » souhaiteraient notamment une meilleure intégration en Europe par une réduction de la charge administrative (pour 33 % d’entre eux), une baisse de la fiscalité (32 %) ou encore une simplification des règles fiscales (27 %). Cette intégration renforcée est le moyen pour les entreprises familiales de rattraper les millenials qui sont partis à l’étranger. Les seuls réticents à l'idée d'une Europe renforcée sont les entreprises  britanniques. Pour les anglais, compte tenu du Brexit, le sujet n‘est plus de savoir comment attirer les talents. Le sujet est plutôt de savoir si elles ne doivent pas déménager pour suivre leur marché. 

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