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Les milieux d’affaires s'inquiètent du recul des idées libérales dans tous les pays d’Europe
©JACQUES DEMARTHON / AFP

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Pour les milieux d’affaires, les partis au pouvoir courent à l'échec, les mouvements extrémistes n'ayant pas de solutions alternatives et les courants souverainistes pouvant remporter les élections européennes

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Pour les milieux d’affaires européens, c’est désormais la capacité à générer de la croissance et du progrès économique qui est en jeu. Face à une situation géopolitique très dangereuse, face à la nécessité d'assurer la transition écologique, face aux inégalités aggravées par l'immigration non contrôlée, les partis au pouvoir ne sont pas en mesure d'instaurer des réformes libérales. Les partis de gauche ont disparu et les courants de droite ne sont pas en mesure d'initier des réformes libérales. Les partis extrémistes de droite prônent plus souvent l'autoritarisme et le protectionnisme que les outils capables de réactiver la situation économique.

La situation française offre un exemple de cette paralysie. L'économie française reste encore très puissante dans le monde, mais son dynamisme n’est pas suffisant pour contrer cette tendance lourde au déclin. L'industrie s'appuie principalement sur deux secteurs particulièrement florissants et leaders dans le monde : l'industrie du luxe d'un côté et l'industrie de l'armement de l'autre. En bref, notre dynamisme dépend de quelques entreprises particulièrement résilientes et innovantes comme LVMH et Dassault. La France conserve un secteur agricole très fort malgré sa difficulté à améliorer sa compétitivité, mais le travail est surtout concentré dans la banque, l'assurance et surtout dans tout ce qui touche au tourisme. Le résultat de ce modèle économique est qu’il n'est pas équilibré. Les importations dépassent les exportations, les dépenses publiques sont bien supérieures aux recettes publiques et nous accumulons les déficits et les dettes.

Mais le plus grave n'est pas là. Le plus grave, c'est que la situation politique, ou le manque de courage des responsables, ne permet pas de redresser la situation. Il faudrait nécessairement réduire le poids de l'État, diminuer l'ensemble des dépenses publiques et sociales afin de redonner de l'oxygène (et des moyens financiers) au secteur privé créateur de richesse. 

De telles réformes n'entraînent pas automatiquement la mise en place de plans d'austérité ou une détérioration des services publics ; elles doivent donner plus de liberté, plus de responsabilité individuelle et donc plus d'activité au service du consommateur. 

Selon toutes les études menées par les cabinets d'études ou les think tanks, plus d'un tiers des activités sous le contrôle de l'État pourraient être soit privatisées, soit gérées dans une logique d'économie de marché les plongeant dans la concurrence. C'est la condition sine qua non pour accroître la productivité, réduire les dépenses publiques et sociales et diminuer la dépendance à l'endettement. Dans ces conditions, l'État retrouve sa place qui est d'assurer les missions régaliennes.

Le vrai problème, c'est que les partis au pouvoir ont abandonné cette priorité de tout faire pour organiser un environnement propice au bon fonctionnement de l'économie de marché. Les partis de gauche ont perdu leurs militants au profit des extrémistes et des écologistes radicaux qui prônent le décroissance qui ne s'intéressent qu'aux problèmes sociaux et sociétaux sans se donner les moyens de les résoudre. 

La droite au pouvoir, qui pourrait être majoritaire en France, n'ose pas s'attaquer à l'obésité de l'État, aux conditions favorables à la création de richesse et à réduire la place des revenus de redistribution au profit des revenus du travail. En bref, les responsables de la droite ignorent les conditions de fonctionnement d'une économie de marché. La droite française est étatiste et souverainiste, dans la pure tradition du jacobinisme hérité de la Révolution. 

À l'extrême droite, on est préoccupé par les questions de sécurité publique, d'immigration, de protectionnisme industriel, d'autoritarisme dans la société... mais l'extrême droite française n'a aucune solution pour réactiver les processus de création de richesse via un secteur privé qui aurait plus de liberté. La plupart des pays européens sont coincés dans ces contradictions et se replient dans le souverainisme, qui va sans doute progresser très fortement lors des élections européennes. 

Le gouvernement le plus intéressant à observer en Europe est peut-être le gouvernement italien. Giorgia Meloni est arrivée au pouvoir avec un logiciel classique de l'extrême droite nourri au populisme et au souverainisme... mais Giorgia Meloni a très vite compris que la vraie réponse aux difficultés était d'ordre économique et que les moyens de stimuler la création de richesse étaient de donner de la liberté au tissu industriel. D'où son revirement politique sur  des actions libérales sur la fiscalité, sur les privatisations, sur la levée des entraves à la concurrence et un engagement très fort en faveur de l'Europe, d'où la nécessité de reconnaître les erreurs et les fausses routes qui étaient inscrites dans ses promesses électorales. Pas faciles à gérer, ces contradictions, mais pour l'instant Giorgia Meloni a séduit le monde des affaires, et notamment les petites et moyennes entreprises italiennes, les milieux financiers qui lui font crédit... Personne ne sait si les 'électorats populaires  et populistes de l’Italie la soutiendront encore longtemps. Tout dépendra des résultats perçus par l'opinion.

Au niveau de l'Union européenne, la plupart des observateurs s'attendent à une poussée très forte des souverainistes, ce qui n'augure pas d'une libération des économies. Qui dit souverainisme dit État fort, État providence, qui dit souverainisme dit protectionnisme et mesures de contrôle des échanges internationaux.

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