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Les jeunes : derniers de cordée de la crise du coronavirus ou génération sacrifiée ?
©PHILIPPE LOPEZ / AFP

Jeunesse face à la pandémie

La jeunesse est fortement impactée par la pandémie. Si elle est moins touchée sanitairement que ses aînées, elle souffre davantage des conséquences économiques et matérielles ainsi que de l'isolement.

Aurélie Troubat

Aurélie Troubat

Aurélie Troubat est Secrétaire générale des Jeunes Centristes.

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Sébastien  Mirgodin

Sébastien Mirgodin

Sébastien Mirgodin est Président des Jeunes Centristes.

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Malgré les incessantes conférences de presse et allocutions, les lycéens, les étudiants et tous les jeunes dont l’avenir professionnel a été stoppé net depuis mars 2020 ont été complètement oubliés. Cette génération ne cesse malheureusement d’en appeler au Gouvernement pour des mesures fortes et urgentes.

Nous l’avons encore vu hier soir, après les annonces du Premier ministre, les étudiants sont mis de côté, comme inexistants ou non prioritaires dans la lutte contre le virus et si, dans un éclair de lucidité, le Gouvernement venait à parler d’eux, c’est généralement pour annoncer des mesures parfois incomprises et non concertées.

Depuis mars 2020, certains étudiants ne sont retournés à la faculté que pour moins d’un mois, et certaines fois, de manière hybride. Alors que ces derniers comprenaient bien la nécessité de fermer les facultés pendant le premier confinement, il est difficile de savoir pourquoi celles-ci ont été fermées pendant le deuxième. Les universités ont été les seuls établissements d’enseignement à avoir été fermés pendant ce confinement alors que dès le début de l’année, des mesures ont été mises en place : gel, port du masque, respect des distanciations avec une place sur deux disponibles, demi-groupe en cours, etc. La même chose peut-elle être visible dans les écoles primaires, collèges et lycées ?

Les cours en distanciel détériorent, malheureusement, la qualité de l’enseignement. Comment rester concentré pendant parfois 8 à 10 heures de cours seul devant son ordinateur ? Comment faire face aux fractures numériques créées par ces nouvelles méthodes d’enseignement ? Si certaines aides ont été provoquées pour favoriser l’accès à un ordinateur ou à une clef 4G, il est en revanche impossible de prévoir quand la connexion va moins bien fonctionner ou que l’ordinateur n’est pas assez performant pour suivre plusieurs programmes ou conférences en ligne (via zoom, teams, etc). Enfin, quid des filières (médicales, paramédicales, services à la personne…) où la pratique fait partie intégrante de leur formation ? Comment ne pas s’inquiéter d’un diplôme au rabais ou d’un cursus bien moins formateur ?

Les moments de pause, qui était une manière de se socialiser, ont disparu. La socialisation des étudiants n’a jamais été au plus bas et ce deuxième confinement a des conséquences psychologiques qui sont déjà visibles. Tous les jours, il est possible de voir sur les réseaux sociaux des témoignages d’étudiants qui expriment leur mal-être face à ce confinement et aux cours en ligne. Rester enfermé dans des studios pendant un mois et demi ou avec de la famille dans des conditions difficiles a forcément des conséquences psychologiques. Les professionnels de la santé s’en inquiètent alors même que ce n’est pas terminé. Les étudiants se trouvent dans un climat anxiogène lié au manque de confiance en soi, à une sédentarisation accrue et au stress déjà présent lié à la peur de l’échec à l’université ou dans les grandes écoles. De plus, avec la fermeture temporaire ou définitive de certaines entreprises, les apprentis sont dans une difficulté inédite à trouver leur employeur. Et ne parlons pas de la précarité étudiante qui ne cesse d’augmenter. Bon nombre d’étudiants ont perdu leur “petit job” et ont d’autant plus de mal à “boucler les fins de mois”.

Les mesures du Gouvernement ne concernent uniquement les étudiants boursiers et les étudiants salariés. Ce qui ne représente malheureusement qu’une partie de la population étudiante et ne répond 1 que partiellement aux problématiques rencontrées par les étudiants. Selon les chiffres du Ministère de l’enseignement supérieur, 2.73 millions de jeunes étaient étudiants sur l’année 2019-2020 et seulement 36 % étaient boursiers. Les critères d'attribution de la bourse sont très critiqués, aider uniquement les étudiants boursiers est très réducteur et met un voile pudique sur la précarité que connaissent d’autres étudiants depuis mars 2020. Prenons le cas des étudiants étrangers : sans famille sur le territoire et sans possibilité de rentrer chez eux… C’est une véritable épreuve pour ces étudiants qui sont bloqués en France sans véritable issue depuis presque un an.

Tout n’est pas à jeter dans les annonces du Gouvernement. La mesure “Un emploi-un jeune” est à saluer, elle ne concerne cependant que les jeunes diplômés. Quid des jeunes actuellement en formation ?

Les étudiants sont les acteurs du monde de demain, un monde en complète évolution, bousculé par cette épidémie et dont l’avenir est en suspend depuis mars 2020. Nous sommes bien conscients que cette crise nécessite des choix. Néanmoins, nous ne demandons qu’un simple retour au bon sens.

Pourquoi ne pas délier le calendrier d’ouverture des bars et des restaurants à celui des universités ? Il est incompréhensible d’imaginer pouvoir retourner dans un lieu clos où le port du masque est quasi-impossible mais pas à la faculté où port du masque et respect des gestes barrières sont obligatoires ?

En outre, les facultés ont eu le droit de faire les examens du premier semestre en présentiel. Pourquoi autoriser la tenue d’examen et non les cours qui ont lieu dans les mêmes salles ? Les étudiants ont été confinés pendant un mois et demi, et il leur a été demandé de revenir faire des partiels la semaine avant les vacances de Noël. Le but du confinement n'était-il pas de faire baisser le nombre de cas pour pouvoir fêter Noël ? Si oui, pourquoi faire prendre des risques aux étudiants en les faisant prendre les transports en communs et les faire revenir à la faculté (qui à l’air d’être en endroit de haute contamination au vu de sa fermeture) pour des partiels ? A quoi aura servi le confinement si la prise de risque et la probabilité de contamination est la plus importante une semaine avant les vacances ?

Enfin, les médias ne cessent de rejeter la faute de l’augmentation de la contamination sur une jeunesse considérée comme irresponsable et égoïste. La rigueur et la responsabilité dont ont fait preuve les jeunes depuis mars 2020 devraient être saluées. Ces jeunes se sont souvent mobilisés pour des œuvres caritatives, pour créer du lien auprès des populations isolées ou bien tout simplement pour être acteur du vivre-ensemble 2.0.

Nous en appelons donc solennellement au Gouvernement afin de faire des étudiants la priorité de ces prochains mois. C’est devenu un enjeu public, une nécessité. Dans le cas contraire, la troisième vague sera un raz-de-marée pour une génération sacrifiée sans formation et sans perspective d’avenir et dont le sentiment d’abandon ne cesse de grandir.

Sébastien MIRGODIN, Président des Jeunes Centristes

Aurélie TROUBAT, Secrétaire générale des Jeunes Centristes

et l’ensemble des membres du Bureau des Jeunes Centristes

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