Les hommes, plus grosses commères que les femmes<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Faits divers
Les hommes seraient moins capables que les femmes de garder un secret.
Les hommes seraient moins capables que les femmes de garder un secret.
©Reuters

Incroyable mais vrai

Et voilà un stéréotype mis à mal ! Les hommes sont 92% à se dire bons pour garder les secrets, ils n'en sont pas moins incapables de garder un secret plus de 2h47, d'après une étude britannique. Les femmes, elles, tiennent 3h30... Bonjour, messieurs-pipelettes !

Claude Giraud

Claude Giraud

Claude Giraud est un sociologue qui s'est d'abord penché sur la philosophie. Il a étudié à la Sorbonne (Paris IV) et décroché son doctorat de sociologie en 1985, ainsi que son habilitation à diriger des thèses en 1993. Ses récents travaux portent notamment sur la logique sociale.

Voir la bio »

Atlantico : Une étude menée sur près de deux mille Anglais et présentée par le Daily Mail estime que les hommes sont bien plus commères, et présente la statistique suivante : un secret confié à un homme est gardé 2h47, tandis qu'un secret confié à une femme restera secret 3h30. Contrairement aux idées reçues, les hommes seraient-ils plus pipelettes que les femmes ?

Claude Giraud : La question que pose, l’enquête dont fait écho le Daily mail est celle du genre éventuel du secret. Existe-t-il des pratiques de secret qui seraient différentes selon les genres ? Oui si l’on tient compte de l’actuelle répartition des positions occupées dans l’espace social, sachant que les hommes ont plus de chances d’accéder à des positions et fonctions auxquelles sont associées des informations pertinentes. Non, si l’on présuppose que le genre induirait des façons d’être fondamentalement différentes. Le secret étant une pratique sociale, c’est en tant que telle qu’elle interroge le rapport au genre. Lorsque les femmes occupent des positions de pouvoir, les pratiques de secret tendent à être comparables à celles des hommes.


L'étude juge que si les hommes sont aujourd'hui les plus grosses commères, devant les femmes, c'est parce qu'ils n'ont plus besoin d'attendre d'aller au pub pour s'épandre en confessions avec leurs amis, grâce aux réseaux sociaux. Les réseaux sociaux ont-ils modifié notre conception du secret et de la discrétion ? Si oui, comment ?

La question du secret demeure quant à elle centrale, car elle ne se réduit pas à une simple maîtrise de l’information et à une participation à des rapports de pouvoir. Le secret est en effet, un mode de relation paradoxal, à la fois césure, coupure, mise à distance et également, mise en scène, alliances, initiation. Ce mode de relation paradoxal fait d’alliances sélectives et d’exclusions serait bousculé par une communication de masse rendant le secret sinon impossible du moins difficile à maintenir. Encore faudrait-il qu’une absence d’information soit qualifiée en tant que telle de secret et que soit associé à ce terme celui de danger, de risque potentiel, pour que d’autres cherchent à accéder à cette information, à la qualifier de secret et à s’en emparer. Le jeu tourne alors autour du dévoilement dont le rapport à la connaissance, versus vérité, n’est pas principal. Le secret fascine car on présuppose un mystère et c’est bien à propos de quelque chose de caché que se joue la révélation.


Les secrets sont-ils moins bien gardés à l'heure de la communication de masse ?

Le secret est un invariant des relations sociales, seuls les objets du secret changent. Il est une pratique qui se justifie par les limites de relations fondées sur la supposée vertu de la transparence. Le souci de soi devant être autant préservé que l’accès à des informations nécessaires à des processus décisionnels démocratiques. La dynamique du secret tient à l’esthétique, c’est-à dire à la forme, des relations autant qu’à une représentation des risques, ce qui explique pour une part, les variations autour des objets acceptables du secret. L’indifférence comme capacité sociale à s’abstraire, à ignorer des informations non pertinentes préserve le lien fondé sur le secret. Les techniques ne mettent pas fin à des pratiques aussi importantes que celle du secret. Elles distribuent différemment les contraintes et les risques s’y rapportant.


Quel plaisir prenons-nous à révéler une information qui nous a été livrée ?  Cette conception est-elle différente selon les genres ?

La révélation d’un secret procède de son évaluation et de la mise en perspective d’une information détenue. Révéler un secret c’est révéler que l’on a été distingué puisqu’on est dans le secret et que l’on est en capacité de partager, en tant qu’acteur et non plus en tant que destinataire, ce secret. C’est ainsi être dans la continuité du lien tout en s’en dégageant, à rompre le pacte de loyauté pour devenir acteur d’un secret en se l’appropriant. Il y a là un moment de mise en scène partagé de quelque chose censé faire lien.

La question que pose l’enquête dont fait écho le Daily mail est celle du genre éventuel du secret. Existe-t-il des pratiques de secret qui seraient différentes selon les genres ? Oui si l’on tient compte de l’actuelle répartition des positions occupées dans l’espace social, sachant que les hommes ont plus de chances d’accéder à des positions et fonctions auxquelles sont associées des informations pertinentes. Non, si l’on présuppose que le genre induirait des façons d’être fondamentalement différentes. Le secret étant une pratique sociale, c’est en tant que telle qu’elle interroge le rapport au genre. Lorsque les femmes occupent des positions de pouvoir, les pratiques de secret tendent à être comparables à celles des hommes.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !