Les groupes chinois parviennent de plus en plus à contourner les barrières douanières en achetant des usines à l’étranger <!-- --> | Atlantico.fr
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Un technicien de la société Chamtex (production de tissus) amorce les bobines d'une tricoteuse, le 26 avril 2005 à Bobigny.
Un technicien de la société Chamtex (production de tissus) amorce les bobines d'une tricoteuse, le 26 avril 2005 à Bobigny.
©JACK GUEZ / AFP

Conquête du marché européen

Le défi est de taille pour l’Union européenne car la liberté d’investissement est au cœur de son modèle économique et politique. 

Mary-Françoise Renard

Mary-Françoise Renard

Mary-Françoise Renard est professeur d'économie à l'Université Clermont Auvergne. Elle est l'auteure de "La Chine dans l'économie mondiale" aux presses universitaires Blaise Pascal. 

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Atlantico : Au cours de la dernière décennie, la Chine a soutenu massivement à coup de milliards de dollars de subventions des entreprises publiques afin quelles acquièrent des concurrents occidentaux et quelles construisent des usines à l’étranger. Quel est le but de cette stratégie ? Est-ce une façon de contourner les restrictions daccès au marché européen ?

Mary-Françoise Renard : Il y a plusieurs points à évoquer dans cette histoire. Dans les années 2000, les investissements chinois ont beaucoup augmenté, mais ces dernières années ils ont diminué. Il y a un eu changement de stratégie. Au départ, ils avaient d’importantes réserves de change et ils ont investi partout. Depuis quelques années, il y a une baisse. Le gouvernement a décidé de recentrer les investissements étrangers afin d’éviter un certain nombre d’acquisitions que le gouvernement considère comme opportuniste et non justifiées. L’achat d’un club de foot ou l’investissement dans le tourisme ou l’hôtellerie a été être restreint. Depuis 2017, cette baisse se voit et elle a été de 19 % quand on compare 2017 à 2016.

Les investissements étaient bien évidemment utilisés pour contourner les barrières douanières, mais c’est l’ un des mobiles des investissements à l’étranger de tous les investissements étrangers. Ceux qu’ont pu faire les Américains en investissant en Europe ont été fait pour rentrer sur le marché européen. Quand on regarde les investissements de la Chine en Europe, cela correspond principalement à des acquisitions de constructeurs automobiles ou équipementiers et dans les transports. Dans ces cas là, cela peut être dangereux car c’est souvent pour réaliser un transfert de technologie.

Aujourd'hui, ces usines à l'étranger agitent les marchés mondiaux parce quelles proposent des produits à bas prix dans des secteurs allant des pneus automobiles et à la fibre de verre et à l'acier. Quel est limpact sur l’économie de ces entreprises chinoises subventionnées qui arrivent dans les marchés étrangers ? Est ce que cela crée une distorsion de concurrence ?

Cela correspond à un distorsion de concurrence, mais on n’est pas dans un contexte de concurrence parfaite. Aujourd’hui avec la pandémie les entreprises européennes et françaises ont été très soutenues par les gouvernements et cela entraîne donc aussi des distorsions.

On peut prendre l’exemple du conflit entre Airbus et Boeing, chacune de ces entreprises étant accusée de bénéficier de subventions. Ces dernières prennent des formes différentes selon les pays et toutes les grandes entreprises de haute technologies sont subventionnées partout dans le monde. En Chine, il y a des entreprises d’Etat dans tous les secteurs qui sont plus subventionnés qu’ailleurs et nous ne pouvons pas nous prononcer pour une interdiction des subventions. Si l’on regarde les règles de l’OMC, il n’y a pas de règles claire sur le sujet.

Concernant la Chine, le pays a plus d’entreprises d’État que les autres grands pays qui sont ses concurrents au niveau international et cela se voit.

Comment lUE peut-elle alors se protéger de cette méthode chinoise ?

Il faut demander de la réciprocité vis-à-vis de la Chine. Il ne faut pas tergiverser car on ne peut pas d’un côté accepter que l’investissement en Chine soit soumis à une montagne d’obstacles administratifs et législatifs alors que nous n’en fassions pas autant. Il n’y a aucune raison à ne pas agir à ce propos, nous ne devons pas l’accepter.

Il faut que les secteurs stratégiques en Europe soit protégés. Tout cela est lié à la politique industrielle. Il faut que l’Europe sache aussi que la Chine est dépendante d’elle sur un grand nombre de secteur en raison de l’organisation des chaînes de valeur. Il est impératif que l’Europe développe sa politique industrielle, qu’elle exige une réciprocité et des règles pour protéger l’industrie européenne. Il faut contrôler les acquisitions d’origine chinoises sur les secteurs stratégiques.

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