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Les Français et leur voiture...
le désamour
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Tendances - Consommation

Le mythe de la voiture a du plomb dans l'aile ! "La part des véhicules du parc utilisés quotidiennement ou presque s'établit à 72 % en 2009 contre 79 % en 2000" : c'est ce que montre l'étude annuelle "Tableaux de l'économie française" publiée ce mercredi 23 février par l'INSEE.

Une trahison. Sinon une déception, au moins un désenchantement ; c'est le sentiment qu'une génération semble porter aujourd'hui à la promesse de l'industrie automobile. Pour la première fois depuis la naissance de l'idée même de voiture, les jeunes ne répondent plus à cet appel. Ou au moins semblent s'en détourner. C'est l'imaginaire d'un siècle qui passe. Les sociologues disent d'ailleurs que les acheteurs de véhicules neufs ont un point en commun avec le public des journaux télévisés : ils ont plutôt plus de cinquante ans.

Plus qu'un rejet, c'est d'une indifférence qu'il s'agit. La promesse automobile, telle qu'on l'a connue jusqu'à présent se sature. Non pas que nos jeunes n'aient plus de désirs, mais ceux-ci cristallisent sur d'autres images, d'autres mythes, d'autres expériences (le partage, la lenteur, le retour au local, …)allant même parfois jusqu'à ne considérer la voiture que dans sa dimension utilitaire.

La voiture : imaginaire occidental en péril

Or, c'est bien l'automobile qui a cristallisé tout un imaginaire occidental. Elle porte en effet la promesse en acte de l'expérience de la liberté, de la force de la volonté, volonté de maîtriser l'espace et de domestiquer le temps. Un imaginaire chargé d'un idéal politique, ne pas subir. Partir, prendre le large sont des injonctions qui font du conducteur le maître de sa vie et de sa route. Nous avons bien là l'expression “le mythe du héros”, celui qui prend le risque de choisir son chemin et qui s'arrache à la foule.

Ce mythe est porté par notre imaginaire de l'individu, figure de proue de notre philosophie libérale. L'individu moteur du progrès, aventurier du risque et des terrae incognitae. L'automobile est également chargée d'un imaginaire érotique, par l'expérience de continuité du corps et de la puissance de l'engin, et de la récurrente pulsion de mort et de mise en risque de soi. L'automobile enfin comme expression d'un modèle vivant du capitalisme industriel, dans son modèle managérial notamment, comme de son projet social, puisque la voiture est souvent la première expérience de la propriété individuelle.

Quand le mythe de la voiture évolue

Pourtant, si le monde change, la déception de cette génération porte un message, qu'il faut entendre comme une intelligence, une proposition, peut-être un réenchantement. Ainsi l'idée de la mobilité n'a pas disparu, bien au contraire, et ça n'est que la scénarisation de cette expérience dans le seul cadre de l'auto-mobile qui ne séduit plus. Car d'autres expériences liées à la mobilité sont au cœur des aspirations de cette jeunesse. Et certains constructeurs ont bien saisi la mutation en puissance.

Car l'un des traits de cette jeunesse est de vivre groupé, et de craindre l'isolement. La voiture devient alors un objet communiquant comme les autres, un objet qui relie, qui rassemble et que l'on pourrait appeler sans ironie un navigateur. Il est d'ailleurs intéressant que l'industrie automobile cherche aujourd'hui à s'inspirer d'autres marchés, tels les télécoms, pour lesquels l'objet n'est qu'un support pour d'autres services (navigation, recherche et requête, communication et sociabilité, commerce...), la valeur de service détrônant la valeur industrielle.

L’automobile du XXIè siècle

Les nouveaux imaginaires de la mobilité ouvrent donc à de nouveaux modèles sociaux et économiques qui tranchent avec le siècle passé. La voiture électrique notamment, par son silence, réconcilie l'intérieur et l'extérieur de la voiture, et rend ainsi attentif à une nouvelle disponibilité pour les sollicitations de la ville. Plus encore, elle permet d'envisager l'expérience de la mobilité comme un moment singulier de l'être-ensemble et de la relation sociale. Ainsi, les modèles de partage de véhicules, dépassent l'idée même de propriété et laissent entrevoir de nouveaux modèles économiques radicalement nouveaux.

Sachons donc nous réjouir de ces crises qui obligent à réinventer nos certitudes et nos modèles, de ces catastrophes qui nous condamnent à l'innovation.

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