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Les femmes, premières victimes de la tyrannie moderne
©Madaree TOHLALA / AFP

Bonnes feuilles

"Femmes, totalitarisme & tyrannie" (éditions du Cerf) embrasse la généalogie du phénomène totalitaire et entend brosser un panorama de l'apport féminin à l'insurrection de l'esprit contre l'idéologie, la démagogie et la logomachie. Extrait 1/2.

Marc Crapez

Marc Crapez

Marc Crapez est politologue et chroniqueur (voir son site).

Il est politologue associé à Sophiapol  (Paris - X). Il est l'auteur de La gauche réactionnaire (Berg International  Editeurs), Défense du bon sens (Editions du Rocher) et Un  besoin de certitudes (Michalon).

 

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Nathalie Wolff 

« Là où le droit finit, la tyrannie commence ». Ce point de basculement décrit par Locke dans le Deuxième Traité du gouvernement civil, chapitre XVIII, interroge le juriste sur la place du droit et sur les moyens juridiques dont nous disposons pour nous prémunir contre la tyrannie. La question se pose avec une acuité particulière dans nos démocraties occidentales, et en l’occurrence dans les États respectueux des droits de l’homme et qui se soumettent au droit.

Classiquement, la tyrannie est définie comme le pouvoir arbitraire et absolu caractérisé par un gouvernement d’oppression, d’injustice et de terreur ou, dans une deuxième acception, comme le comportement autoritaire, injuste et violent d’une personne ou d’un groupe de personnes dans le domaine des relations personnelles, professionnelles, sociales. C’est précisément en démocratie, là où les institutions et les libertés sont consacrées que celles-ci sont toujours fragiles, et le risque de basculement vers la tyrannie, toujours présent. 

Lutter contre la tyrannie, c’est d’abord s’en prémunir. Pour cela, de nombreux mécanismes institutionnels, politiques et juridiques ont été mis en place : pouvoirs et contre-pouvoirs avec leurs mécanismes de contrôle, système de représentation par des élections au suffrage universel, développement des procédés de démocratie participative et confection d’un système de garanties des libertés fondamentales. Les sources du droit se sont accrues, elles ne sont plus seulement nationales, mais également européennes et internationales. Les juges-constitutionnels, internationaux, européens, judiciaires, administratifs, juges de l’urgence – veillent au respect de ces mécanismes et à la garantie des libertés. Mais alors que les sources du droit et les garanties des libertés fondamentales se sont renforcées depuis la deuxième moitié du XXe siècle, la tentation tyrannique reste, en France et dans tous les pays européens, d’actualité. L’analyse juridique en fait ressortir diverses formes, plus ou moins marquées, parfois molles ou diffuses.

Bien que la question de la tyrannie ne soit pas spécifiquement féminine, les contentieux mettant en cause les femmes – victimes ou non – sont particulièrement significatifs et traduisent les enjeux auxquels nos sociétés se trouvent confrontées. Nombre décès conflits politiques et sociétaux se jouent désormais au prétoire.

La première tentation tyrannique est celle émanant d’individus ou groupes d’individus sur Internet qui choisissent des femmes comme cibles privilégiées. Parmi de nombreuses illustrations, les affaires de « revenge porn » (ou revanche pornographique) révèlent la pratique de violentes atteintes à la vie privée résultant de la diffusion en ligne de photographies intimes. Par la loi du 7 octobre 2010 1, le législateur a adapté les réponses juridiques et les sanctions à l’encontre de ce type de comportements jusqu’alors non réprimés sous l’angle de l’atteinte à la vie privée. Mais il n’en demeure pas moins que la diffusion de discours attentatoires à la vie privée, haineux et violents reste abondante, et les réponses juridiques encore lacunaires.

Ensuite, les pressions exercées sur les femmes se manifestent sous l’angle du fondamentalisme religieux. L’exemple, en France, du contentieux de la dissimulation du visage dans l’espace public a fait ressurgir la vitalité du débat sur la conciliation de la liberté religieuse avec le respect des valeurs républicaines.  

Extrait de "Femmes, totalitarisme et tyrannie", dirigé par Marc Crapez avec Farah Mebarki et Nathalie Wolff, publié aux éditions du Cerf

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