Les élections en Grèce renforcent la gouvernance conservatrice et libérale qui a réussi à sortir le pays du désastre<!-- --> | Atlantico.fr
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Kyriakos Mitsotakis.
Kyriakos Mitsotakis.
©ARIS MESSINIS / AFP

Atlantico Business

Il y a 15 ans, la Grèce tombait en ruine terrassée par une crise financière sans précédent. Son redressement a demandé beaucoup d’efforts gérés par une droite libérale qui n’était guère populaire mais que les électeurs viennent maintenant de consacrer. La Grèce est sauvée d’affaire.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le résultat des élections en Grèce revient à reconnaître le succès de la politique menée par les conservateurs de la droite libérale. Le premier ministre sortant  Kyriakos Mitsotakis , dont on ne donnait pas très cher de son avenir politique pour cause des efforts très douloureux qu’il a demandé au peuple  grec,   a finalement battu très nettement son adversaire leader du parti de centre-gauche Alexis Tsípras ainsi que le courant de gauche radical et populiste  .. 

Il n'aura pas la majorité absolue , il lui faudra composer  une coalition de gouvernement , avec son adversaire d’autrefois ,mais toute la classe politique considère qu’il aura les coudées franches pour poursuivre ses réformes de modernisation du pays . 

La Grèce revient de loin et  représente désormais en Europe , un exemple que les autres   Etats membres et Bruxelles observent  avec beaucoup d’attention . 

A priori , la situation actuelle de la Grèce tient  du miracle alors qu’en réalité  son redressement est imputable à une politique courageuse et douloureuse d’assainissement et d’une prise en compte de  la réalité que peu de responsables politiques acceptent d’ assumer.

Le modèle Grec est simple : un logiciel de gouvernement,  supporté par des convictions politiques fortes et libérales  et une ambition sans faille. Pendant dix ans, les grecs ont joué dans un film catastrophe mais qui finalement se termine bien.  Mais que de confusions, de débats et de douleurs.

En 2009 alors que les nuages de la crise financière internationale éclatent partout en occident, la Grèce tombe en ruine. Le PIB se  vide, les emplois disparaissent les uns après les autres, les touristes fuient les îles célébrissimes depuis l’antiquité…, le prix de l’immobilier s’effondre et les grandes fortunes s’exilent. La situation financière est désastreuse, avec des services publics  qui s’écroulent, des impôts  qui ne rentrent plus. Le budget est donc exsangue, archi déficitaire et l’endettement  extérieur  dépasse les 170 % du PIB. A ce moment-là , la situation est catastrophique et les marchés ne veulent plus contribuer au financement. La Grèce se retrouve en défaut de paiement , en risque de perdre son identité et surtout sa souveraineté.

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Politiquement c’est le psychodrame permanent. Économiquement c’est la faillite. Tout le monde s’en souvient.  George Papandreou est alors le premier ministre socialiste mais il se retourne vers Bruxelles. Ce sera la première fois d’une longue série. Bruxelles suggère un plan d’austérité mais ça ne marche pas. Donc Bruxelles va consentir un plan de sauvetage pour supporter les 350 Milliards de dettes. 

En Mai 2010 , Bruxelles demande une purge sévère dans les dépenses publiques et des réformes sur la fiscalité (  les grecs ont la fâcheuse habitude d’oublier de payer leurs impôts ). 

Le peuple Grec ne supporte pas l’austérité  d’où un 2e plan d’aide en 2011 puis un 3e plan en 2012. Cette fois-ci , la troïka est à la manœuvre. La troika , c’est-à-dire  commission de l’Union européenne , la BCE et le FMI vont s’installer à Athènes avec 100 milliards d’aides. Tous les anti-européens en profitent pour voir là , la preuve que Bruxelles tient en otage les peuples faibles . 

La Grèce retrouve un peu de crédibilité , mais les Grecs ne supportent ni la tutelle , ni l’austérité. Le peuple va donc envoyer au pouvoir les plus radicaux de l’extrême gauche : le couple formé par Alexis Tsípras  et son flamboyant ministre des finances Yànis Varoufakis. 

L’aventure ne durera pas très longtemps, ils ne veulent pas de l’austérité. Du coup les banques ne veulent plus travailler. 

Dans le psychodrame politique, Varoufakis est limogé, le pré révolutionnaire va se réfugier dans le ranch qu' il possède aux Etats-Unis. Ça fait désordre. La commission de Bruxelles menace elle d’organiser une sortie de l’union européenne. Un Grexit.. Alexis Tsípras a tout compris,  la Grèce ne peut pas quitter l’Union Européenne et comme il veut rester au pouvoir, il accepte le plan d’austérité contre l’avis de son propre parti. Bruxelles débloque un ultime plan d’aide de 90 milliards et propose d’effacer plus de 100 Milliards de dettes. 

Dans ces conditions  la Grèce se met à respirer mais le peuple donnera une majorité aux conservateurs et aux libéraux avec comme premier ministre Kyriakos Mitsotakis porteur d’une stratégie qui se révèle aujourd'hui gagnante. Une stratégie en trois axes. 

1er axe, un assainissement des finances publiques en faisant tout pour restaurer un consentement à l'impôt. Une réduction des dépenses publiques et des aides sociales. Ça grogne, mais ça passe. Du coup les investisseurs étrangers reviennent d’autant que le prix des actifs a baissé. Parallèlement l'État grec a entrepris une campagne de privatisations sans précédent  des entreprises, des bâtiments, des installations,  etc.. Cette vague de privatisation qui n’est pas épuisée a relancé les initiatives et rapporte de l’argent à l'État.

2e axe, une relance des systèmes de production dans le secteur du tourisme, le secteur des équipements militaires (ou la Grèce avait un certain savoir-faire) le bâtiment et la construction les activités portuaires et maritimes. Résultats : les touristes sont revenus en grand nombre dès la fin du covid, et avec eux les investisseurs étrangers qui sont au plus haut. Le chômage a baissé au niveau moyen en Europe (environ 7 % de la population active) le gouvernement met en œuvre un plan de digitalisation de l’ensemble du système. Les entreprises suivent et celle qui étaient parties reviennent. 

3e axe, une relation normalisée avec Bruxelles Kyriakos Mitsotakis allant jusqu’à rechercher des outils et des politiques pour donner à la Grèce un rôle important en Europe. Son objectif, étant d’asphyxier les Grexit qui existent encore à Gauche ? faut dire que le Brexit et son peu de résultats dans la vie quotidienne des anglais lui a rendu service.

Ceci étant, si le premier ministre est bien décidé après ce succès électoral qu’ il craignait plus fragile  de continuer les réformes structurelles pour faire de la Grèce un laboratoire d' idées libérales pour tous les autres gouvernements de l’UE, il doit restaurer le modèle social et partager les dividendes du redressement. Actuellement la Grèce est coupée en deux. Une grande partie de la population a profité des acquis du redressement, mais une partie non négligeable vit très mal la situation  et pourrait nourrir des courants populistes ou protectionnistes. D’où une lutte contre l’inflation actuelle, qui n’est pas sans rappeler ce qui se fait en France. D’où  un effort particulier de formation. 

Sa liberté va évidemment dépendre du type de relations qu’il va réussir à tisser avec Alexis Tsípras, qui n’a pas abandonné son ambition de revenir dans le jeu. Il croyait d’ailleurs gagner les élections compte tenu du malaise social. Il s’est trompé, le peuple Grec est devenu pragmatique mais vigilant et lui, reste leader du courant de gauche.

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