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Les clichés du libéralisme, épisode #6 - Le libéralisme, c’est l’Homme réduit à l’Homo-Economicus
©Daniel Tourre - Edition Tulys

Série du weeekend

Chaque samedi, Daniel Tourre défait, avec humour, les clichés que l’on se fait sur le libéralisme. Dans ce sixième épisode, vous découvrirez le libéralisme n'est pas qu'une simple machine économique, l'Homme y a toute sa place.

Daniel Tourre

Daniel Tourre

Daniel Tourre est notamment l'auteur de Pulp Libéralisme, la tradition libérale pour les débutants (Tulys, 2012) et porte-parole du "Collectif Antigone". 

 

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L’une des accusations souvent formulées à l’encontre du libéralisme est de réduire l’Homme à une simple machine économique calculant des profits et pertes pour maximiser son bien-être matériel : l’homo-economicus.

Cette accusation est deux fois fausse.

D’abord le concept d’homo-economicus n’appartient pas particulièrement à l’école économique libérale. De fait, l’École autrichienne (dont Friedrich Hayek, prix Nobel de 1973, est l’une des figures phares), locomotive libérale en science économique, critique sévèrement ce concept utilisé abondamment par ailleurs par des écoles économiques interventionnistes.

Le libéralisme, doctrine politique ou philosophie politique

Ensuite et surtout, le libéralisme est d’abord une doctrine politique. Son socle n’est de toute manière pas un concept venant des sciences économiques.

Dans le cadre de la philosophie du droit, le libéralisme s’appuie sur une définition de la nature humaine proche de la philosophie classique grecque : un individu doué de la raison et du langage vivant en société. C’est à partir de cette définition que le libéralisme développe sa vision de l’individu et de la vie en société, à travers la tradition du Droit naturel. Exit l’homo-economicus, place à la nature humaine : l’individu doué de discernement vivant en société.

Nature humaine : Des individus vivant en société

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Nous sommes seuls dans notre tête (si vous entendez des petites voix en plus de votre monologue intérieur, il va falloir être fort : ce n’est pas Elvis qui vous parle. Vous avez juste oublié de prendre vos petites pilules ce matin).

Seuls les individus, et non les groupes, ressentent les émotions. Certes la victoire de onze sportifs courant derrière une balle peut mettre en transe un grand nombre d’individus à la fois, mais il n’y a pas d’entité « Groupe de supporters » qui ressentirait une émotion de manière distincte des individus. Seul un individu expérimente, agit, raisonne.

Nous ne pouvons bien sûr pas fusionner nos corps -une grosse dizaine de centimètres les soirs de tendresse, cela reste une fusion superficielle-, ni nos esprits. Nos esprits ne se retrouvent pas tous ensemble dans un plasma humanoïde entourant la planète Terre, même en sautillant très haut après avoir avalé des champignons mexicains.

Il n’est bien sûr pas possible de diviser en deux ou trois un seul corps ou esprit (pas de mini-moi 1, mini-moi 2 etc...).

Des individus qui dérangent

Nous sommes donc nés individus, restons individus toute notre vie et mourrons individus. Cette petite observation dérange beaucoup les collectivistes. Il est tellement confortable de réduire les individus à une fraction inerte d’un groupe (nation, classe sociale, religion, race, sexe), groupe qui penserait et agirait de manière autonome.

Cette réduction est d’autant plus surprenante que les individus qui veulent faire de la poterie avec l’humanité ont, en général, une conscience aiguë de leur propre individualité, voire un ego surdimensionné qu’ils aiment bien voir affiché sur les plateaux TV ou en 4 mètres sur 3 dans la rue.

L’individu est la seule échelle correcte pour définir des droits, des obligations et des responsabilités.

La société existe mais, ce n’est pas de la pâte à modeler pour les gros doigts maladroits socialistes ou conservateurs. La société, ce sont des millions d’individus libres qui pensent, ressentent, échangent, aiment, choisissent et agissent...

Des individus dotés de la raison et du langage

Les Hommes ne sont pas des bêtes. Nous sommes dotés de la raison et du langage. Même si en ce qui concerne la raison, cela ne saute pas aux yeux pour tout le monde.

Le Droit naturel, ce n’est pas la loi du plus fort, ce n’est pas la loi de la jungle, parce que les Hommes ne sont pas des bêtes : ils possèdent la raison et le langage pour argumenter au lieu de tuer, pour réfléchir au lieu de suivre leur instinct, pour négocier au lieu de chaparder.

Il ne s’agit pas d’une raison ne laissant aucune place à l’émotion, aux sentiments ou à la foi : un scientisme délirant.

Il s’agit d’un outil cognitif efficace pour guider nos actions, capable avec des efforts, de fonctionner de manière autonome par rapport à la culture, la période historique, la classe sociale, l’identité sexuelle, pour atteindre des vérités universelles. 

"Rejeter le Droit naturel revient à dire que tout droit est positif, autrement dit que le droit est déterminé exclusivement par les législateurs et les tribunaux des différents pays. Or, il est évident et parfaitement sensé de parler de lois et de décisions injustes. En passant de tels jugements, nous impliquons qu’il y a un étalon du juste et de l’injuste qui est indépendant du droit positif et qui lui est supérieur: un étalon grâce auquel nous sommes capables de juger du droit positif."

Léo Strauss Droit naturel et Histoire

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