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Les clichés du libéralisme, épisode #3 : Le libéralisme c’est la droite de la droite
©Daniel Tourre

Série du weekend

Chaque samedi, Daniel Tourre défait, avec humour, les clichés que l’on se fait sur le libéralisme. Dans ce troisième épisode, vous découvrirez que le libéralisme n’a rien, mais alors vraiment rien, de politique.

Le libéralisme n’est ni socialiste, ni conservateur politique. Selon certains politologues de haut vol, il se situerait à la droite de la droite. Problème : on trouve exclusivement des étatistes à l’extrême-droite qui, le nationalisme en plus, ressemblent furieusement à ceux de l’extrême-gauche. Les extrêmes partagent un culte pour la toute puissance de l’État construisant la société sous la supervision d’un lidermaximo ou d’un duce fachismo. Or, les libéraux aiment un État minimal et protecteur des droits de l’individu. Autant dire qu’ils se situent aussi loin de la droite de la droite que de la gauche de la gauche.

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Ni étatistes de droite, ni étatistes de gauche

En réalité, les libéraux s’opposent aux étatistes qu’ils soient de droite, de gauche ou du centre. En revanche, ils peuvent être de droite de gauche ou du centre, tout en étant libéraux.

Les socialistes

Pour les socialistes, l’État contrôle (démocratiquement ou par une minorité lucide) la société pour la construire (et pour les révolutionnaires après l’avoir détruite préalablement) en vue d’une égalité de fait. De la République de Platon à Utopia, les sociétés utopiques ont toutes un point commun : une sévère limitation de la liberté individuelle. Forcément : pour  que la photo soit parfaite, personne ne doit bouger sans autorisation. Aujourd’hui, une révolution violente pour une société "parfaite" n’est plus d’actualité. Par contre, l’idée d’un État qui décrète et règlemente les actions de millions de citoyens infantilisés se lit en filigrane des programmes de plusieurs partis politiques.

Les conservateurs politiques

Pour les conservateurs politiques, la société est un organisme où chaque individu a sa place et ne doit pas en bouger : une cellule de l’estomac n’a rien à faire dans le cerveau. Se sentir bien au chaud à la place que la tradition vous a fixée, solidaires d’un roi « donné par Dieu », c’est une solution miracle contre toutes les angoisses engendrées par la liberté. Et c’est tout de même plus classe que les antidépresseurs. Plus classe, mais ni plus juste, ni plus stable. Cet ordre est inégalitaire (les inégalités sont naturelles), corporatiste et tribal (besoin naturel de s’intégrer dans un groupe, une nation). L’État le maintient et le défend en limitant les droits individuels.

Les libéraux

Pour les libéraux, les moyens des étatistes socialistes sont immoraux et inefficaces, voire nuisibles tant la société est complexe, bien que les objectifs peuvent être louables. De même, imposer à quelqu’un une place fixe au nom d’un ordre supérieur (voire divin), comme le veulent les conservateurs politiques, est une violation de ses droits. La violence de l’État pour le maintien de l’ordre n’est alors qu’une manière pour certaines classes de vivre aux dépens des autres. Pour les libéraux, les interactions libres et respectueuses entre les gens sont nécessaires et suffisantes pour obtenir une société la plus harmonieuse. Dans ce cadre, les conservateurs culturels ou les progressistes culturels (et non politiques) peuvent défendre alors par la parole ou par l’exemple leur vision du monde, de la société ou d’une vie bonne.

Le libéralisme constate l’ordre qui se forme, s’adapte, et se transforme sous l’action combinée de millions d’individus réagissant sans concertation à leur environnement et pour des buts qui leurs sont propres.

Chercher le bonheur

Les droits personnels ne s’effacent jamais, même devant des théories conservatrices politiques ou socialistes qui regroupent artificiellement les personnes en petits tas selon des critères arbitraires (la classe sociale, la race, la religion), puis donnent des droits spécifiques à ces petits tas. Le libéralisme permet à chacun de chercher le bonheur ou pas, la vertu ou pas, seul ou en s’associant librement. Dans une société libre, il est donc possible, et peut-être même nécessaire qu’un conservateur culturel ou un progressiste culturel défendent leur vision du monde, leurs valeurs, mais sans pouvoir instrumentaliser l’Etat pour les imposer à l’ensemble de la population.

On ne peut pas  construire artificiellement "d’en haut" une société sans limiter sévèrement la liberté des personnes qui la composent. Le purgatoire libéral sans objectif collectif peut être angoissant, mais il permet parfois l’éclosion de société meilleure. Ce qui ne risque pas de se produire dans les enfers pavés de bonnes intentions des constructivistes.

"On nous fait une grave objection. On nous dit: Il est bien vrai que la liberté, l’égalité devant la loi, c’est la justice. Mais la justice exacte reste neutre entre le riche et le pauvre, le fort et le faible, le savant et l’ignorant, le propriétaire et le prolétaire, le compatriote et l’étranger. Or, les intérêts étant naturellement antagoniques, laisser aux hommes leur liberté, ne faire intervenir entre eux que des lois justes, c’est sacrifier le pauvre, le faible, l’ignorant, le prolétaire, l’athlète qui se présente désarmé au combat. [...]

La dissidence profonde, irréconciliable sur ce point entre les socialistes et les économistes, consiste en ceci : les socialistes croient à l’antagonisme essentiel des intérêts. Les économistes croient à l’harmonie naturelle, ou plutôt à l’harmonisation nécessaire et progressive des intérêts. Tout est là. Partant de cette donnée que les intérêts sont naturellement antagoniques, les socialistes sont conduits, par la force de la logique, à chercher pour les intérêts une organisation artificielle, ou même à étouffer, s’ils le peuvent, dans le cœur de l’homme, le sentiment de l’intérêt."

Frédéric Bastiat - (1801-1850)

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