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Les 5 idées que vous n’entendrez pas pendant la campagne
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Les entrepreneurs parlent aux Français

A défaut d’une proposition pour le futur, les peuples de nos pays se sont réfugiés dans le passé. Ils bâtissent des murs qui protègent leur territoire, leurs acquis et se murent dans un passé connu, plutôt que de se tourner vers un avenir incertain. Sans perspective, l’avenir devient un plat sans sel, insipide et inquiétant.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Certaines semaines nous aimerions pouvoir nous servir du cerveau qui nous a été donné « de série », à la naissance. Mais bien plus encore, de proposer une vision, des idées, simples, issues de la réalité, « du terrain » comme on dit. Une version « terroir » du bon sens nécessaire à une organisation réussie, de la cité. Faire de la politique non pour retrouver le goût du sang le jour de la victoire, un pied sur le visage de l’adversaire, qui sera privé des avantages de la République, le temps de son mandat. Faire de la politique, non pour avoir le bonheur de cliver et séparer les Français en camps adverses, qui n’auront de cesse de faire de l’aigreur de la défaite, la source de leur énergie pour reconquérir le pouvoir. Ne plus faire de la politique pour son seul avantage, mais au bénéfice des Français. Le goût du pouvoir a remplacé, nous le savons, le goût du bien public.

Pour réussir un pays il faut 3 éléments :

Une vision. Un projet. Une utopie, une croyance, que l’on propose au plus grand nombre de partager, de comprendre. Une vision à laquelle, ils pourraient, nous pourrions, adhérer. Nos mondes développés ont perdu toute utopie. Celle de la religion a été remplacée, sauf pour une seule d’entre elle, par la toute croyance en l’industrie, la consommation et la croissance. Tant qu’elle semblait possible et sans fin. Celle ci ayant disparu, nous cherchons tous la prochaine utopie, mais aucun projet de remplacement ne semble animer le moindre des représentants « historiques » de notre classe politique.

A défaut d’une proposition pour le futur, les peuples de nos pays se sont réfugiés dans le passé. Ils bâtissent des murs qui protègent leur territoire, leurs acquis et se murent dans un passé connu, plutôt que de se tourner vers un avenir incertain. Sans perspective, l’avenir devient un plat sans sel, insipide et inquiétant. Les peuples préfèrent l’ombre à la proie. Et les obscurantistes en profitent abondamment. Les plus extrêmes reviennent à des idéologies qui ont coûté la vie à des millions de Juifs, Tziganes et paralysés, avec le plus grand aplomb. C’est un indicateur terrible du désespoir de nos populations. La haine et le rejet ont, en moins de 60 ans, remplacés l’ouverture et l’espoir.

Il est urgent de proposer à nos concitoyens, une nouvelle utopie, mais une utopie réaliste, pas un discours de charlatan, tenu par des vendeurs de flutes, qui mèneraient un peuple aveugle et sourd vers sa propre fin.

L’inclusion. Il faut prouver au plus grand nombre qu’ils ont une place dans cette vision. Une destination dans laquelle personne n’a sa place n’est plus une utopie, c’est un suicide. Une folie. C’est contre nature, et ne peut attirer qui que ce soit. Sauf les sourds et les aveugles. Les fans ! Vous devez indiquer quelle est la place potentielle de chacun et comment elle s’obtient. A quelles conditions, il pourra la conserver dans le temps. Car rien n’est gratuit et immuable. Certains aimeraient que cette place soit à vie, garantie. Mais la vie n’offre aucun service après-vente. La vie ce n’est pas Darty, sauf pour le contrat de confiance. Une utopie dans laquelle vous avez votre place potentielle, si vous savez la saisir et la mériter, repose sur votre volontarisme à la tenir. C’est la différence entre le socialisme et le libéralisme. Le premier vous vend l’illusion de sa garantie, le second vous la réserve si vous savez en payer le prix. En général, le premier échoue rapidement à maintenir l’illusion très longtemps, car la place promise était artificielle. La seconde demande des efforts, mais offre une véritable pérennité.

Mais il faut savoir donner confiance à celui ou celle (pas assez de « celle » d’ailleurs dans nos élections, cherchez les femmes !) qui vous la propose. Et c’est la 3ème condition. Une utopie est indispensable pour mettre en mouvement. Une place pour chacun est une condition non négociable. Mais la confiance en celui qui la promet est le déclencheur, l’étincelle. J’aimerais dire que notre classe politique, en France, Espagne, Allemagne, USA, Japon ou Brésil, contient ces hommes et femmes de bien, qui incarneraient cette utopie, ce rêve renouvelé, cette résurrection d’une promesse d’avenir. Mais non ! Je ne la vois pas. Je ne le vois pas. Et vous ? A part, 1 ou 2, de ci ou de là.

Si l’utopie, la promesse d’inclusion et la confiance sont les fondations. Les étages seraient les suivants :

Un capitalisme renouvelé. Un capitalisme oxygéné, non par l’argent qui y serait injecté mais par des bénéficiaires nouveaux. Nous sommes nombreux, entrepreneurs, acteurs économiques, à reconnaître la fatuité et l’échec du capitalisme boursier. D’un capitalisme dicté par la seule réussite à court terme. Un capitalisme qui condamne à l’indigence la majorité de la population, et  l’autre partie à la stagnation. Un capitalisme qui réserve ses bienfaits à moins de 2% de la population qui possède 92% des richesses.

L’inclusion c’est la capacité pour les 98% de ceux qui voient la réussite des « happy few » de pouvoir passer de spectateurs, à acteurs et bénéficiaires. Non par répartition obligée, par une redistribution socialiste de type « robin des bois », mais par le juste retour sur investissement du travail fourni. Que ce travail soit salarié ou indépendant. Nous devons nous battre pour ce capitalisme, apaisé et mieux répartit, pour lequel l’économie digitale et les PME, pourraient donner l’exemple.

Une réflexion sur la place de l’homme et le sens de la productivité. La productivité ne contient pas forcément les germes du bonheur. Il fait le bonheur à court terme des investisseurs du quotidien, ceux pour qui le long terme consiste à passer plus de 48H sur la même position. Mais il fait le malheur des sociétés. L’écrasement des classes moyennes, ferment et ciment d’une société prospère, dans tous les pays développés le prouve douloureusement. La productivité ne doit pas coûter aux hommes leur place dans la société, dans le monde du travail, quelque soit la forme qu’il prendra désormais avec le travail indépendant, qui deviendra la norme en moins de 20 ans. La productivité réelle doit être mesurée à l’aune de l’amélioration du niveau de vie des peuples. Elle doit juger autant celle des entreprises que des peuples, sinon elle est vouée à l’échec. Car une entreprise qui appauvrit ses acteurs, scie stupidement la branche sur laquelle nous sommes tous assis.

La valeur des choses. En donnant à nouveau de la valeur aux choses, nous donnerons de la valeur aux personnes. Aux gens comme on dit. 30 ans d’aveuglement nous ont vendu le pouvoir d’achat comme le graal. Le nirvana. Il a fait d’un prix toujours plus bas, la norme pour juger d’un bonheur dédié au consumérisme. La vitrine était belle, en faisant de chacun d’entre nous, l’heureux détenteur à meilleur prix, d’objets pour la plupart inutiles, mais « tendances », permettant à chacun de se considérer membre de la société à part entière. Consommateur en chef, le bonheur dépendait de la valse vers le bas des étiquettes. La vitrine était belle, oui. Mais les coulisses l’étaient moins.

A chaque prix abaissé, un homme ou une femme, perdait son emploi. Son salaire. Sa dignité. Son existence. La promesse des prix bas a déporté vers les pays émergents les emplois des Français et des pays développés en général. Et nous sommes là, pauvres du pouvoir d’achat qui est devenu un pouvoir de disparaître. Toujours plus bas ne suffit plus car c’est encore trop désormais ! A moins de faire des français des chinois ou des bengalis, à 50cts de l’heure, cette promesse de dupes a fait long feu.

Il faudra donc redonner une valeur aux choses, car derrière chaque chose il nous faut redécouvrir qu’il y a des gens ! Le service se paie. Le produit se paie. Les consommateurs et les acteurs doivent redéfinir leurs règles de fonctionnement. Si nous voulons des emplois et de la croissance, il nous faut l’acheter au juste prix. A force de « discounter » notre société, nous avons mis nos pays aux soldes et au pain sec.

Nous, entrepreneurs, voulons lancer cette réflexion et seront prêts à la partager, si nous avons confiance dans des hommes ou des femmes, qui sauront prendre le temps de perdre du temps pour nous en faire gagner. Perdre du temps en prenant le temps de réfléchir, d’utiliser ces neurones fournis à la naissance à chacun d’entre nous, ces neurones dont le cumul se nomme l’intelligence collective. Pour cela il faudra aussi du respect et l’envie de faire de la différence une source d’énergie plus profitable que toutes les énergies fossiles. Respecter les français est la condition d’une confiance accordée. Si vous êtes ce candidat, nous serons vos plus fervents soutiens.

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