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Le vent du dégagisme a soufflé en faveur des Verts... LR résiste (un peu), LREM sombre
©PATRICK HERTZOG / AFP

Municipales 2020

Une vague verte a été enregistrée lors du second tour des élections municipales de ce dimanche 28 juin. Anita Hausser décrypte les principaux enseignements du second tour du scrutin, notamment pour Les Verts, La République en marche et Les Républicains.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Marée verte, renouvellement générationnel... Dans un contexte de désaffection électorale record le deuxième tour des élections municipales a bouleversé le paysage politique des grandes métropoles et pris des allures de dégagisme pour LREM. Le Parti présidentiel subit des échecs cuisants à Lyon, Strasbourg ( autrefois ville pionnière en matière de pistes cyclables et d'implantation du tramway ), et Bordeaux, Besançon et  Paris où l'ancienne Ministre de la Santé Agnès Buzyn n'obtient même pas un siège au Conseil de la capitale. A Marseille les Verts, à la tête de la coalition du "Printemps marseillais"  supplantent la  Droite sortante divisée. Le Front National, lui, renforce son implantation locale notamment avec le gain de Perpignan  (-où le Front Républicain n'a pas fonctionné), et Bruay-la-Buissière ( Pas de Calais), mais le Parti de Marine Le Pen a perdu l' unique secteur qu'il détenait à Marseille, et  Mantes la Ville, en Ile de France. 

Premier parti de France au niveau municipal, LR résiste globalement, voire se renforce en gagnant Metz et des villes moyennes comme Auxerre.(Son président, Christian Jacob revendique la victoire du Parti dans plus de la moitié des villes de plus de 9000 habitants). Le Parti gagne Bron (Rhone), Lorient, mais perd Morlaix. L'alliance électorale au deuxième tour avec LREM à Bordeaux ou à Lyon n'a pas provoqué de dynamique et s'est soldée par des échecs pour les deux camps, par ailleurs opposés au plan national. A Lyon la fin de l'ère Collomb est un séisme. Idem à Marseille où Jean-Claude Gaudin rate sa sortie faute d'avoir préparé la relève.

Le Parti Socialiste, quant à lui,  rompt avec la spirale de l'échec : il rafle la ville de Saint-Denis, fief historique du PC et conserve ses bastions de l'Ouest, notamment Rennes , Saint-Brieuc, Brest, Nantes où les maires sortants ont conclu, ou reconduit une alliance programmatique avec les Ecologistes. A Lille Martine Aubry fait figure d'exception: elle s'impose  d'une courte tête son concurrent EELV.

Dans ce contexte de marasme pour LREM, la victoire éclatante d' Edouard Philippe au Havre avec près de 59% des voix (-obtenues avec une participation supérieure à la moyenne nationale), offre un contraste saisissant avec la déroute majoritaire et complique la donne pour Emmanuel Macron qui a promis de  "se réinventer", mais qui veut surtout renouveler l'équipe gouvernementale en verdissant son programme. 

Hasard du calendrier ou prescience? Emmanuel Macron, qui a laissé entendre qu'il envisage de prendre des mesures fortes pour l'environnement, reçoit ce matin les membres de la Convention Citoyenne pour le Climat qui ont présenté une liste de 149 propositions  et préconisent un référendum sur la lutte contre le réchauffement climatique , une option sur laquelle Edouard Philippe se montrerait très réservé. Mais cette différence de point de vue serait-elle suffisante pour justifier un départ d'Edouard Philippe de Matignon? La problématique est plus prosaïque : Emmanuel Macron a besoin d'un "nouveau souffle" s'il veut être réélu en 2022. Est-ce en se séparant d'un Premier Ministre devenu plus populaire que lui, en partie grâce à des mesures dont lui (-Emmanuel Macron) est à l'initiative,  qu'il réussirait ? C'est un de ses dilemmes, et c'est loin d'être le seul. La question qui se pose maintenant au Chef de l'Etat est celle du " verdissement " de la politique. Il y a dans le vote écologiste une profonde aspiration à un environnement moins bétonné, à la lutte contre le réchauffement climatique dont les effets sont particulièrement perceptibles dans les villes  manquant d'espaces verts, et dont le déficit a été cruellement ressentie pendant le confinement dû à la crise du Covid 19, ainsi qu' une aspiration à plus de participation aux décisions concernant la vie des citoyens . Si on trouve  tout cela dans le programme des maires EELV, certains sont également les tenants de mesures menant à la décroissance avec  des postulats quelque peu délirants comme le refus de la 5G pour Internet . Globalement leurs propositions qui ont séduit ,portent essentiellement sur les restrictions de circulation automobile et le développement du vélo et des transports en communs. Mais ils sont peu prolixes sur les questions régaliennes , et les relations de certains d'entre eux avec les groupes " racialistes" à la une de l'actualité récente.

A cet égard Emmanuel Macron a reçu un premier avertissement de son allié MODEM qui l'invite à la prudence : pendant que François Bayrou savourait sa victoire à Pau et que les dirigeants de LREM tentaient de digérer leur échec, le président du groupe MODEM à l'Assemblée, Patrick Mignola déclarait dans un communiqué que "Nous devons choisir une croissance verte, ancrée au cœur de nos territoires. S’il faut absolument réussir la transition écologique par des actions tangibles, que chacun pourra s’approprier, la lucidité exige que nous rejetions les combats doctrinaires dissimulés derrière l’urgence climatique". De son coté Bruno Retailleau le président du groupe LR au Sénat  se prononçait pour " une écologie humaine, qui puisse concilier le respect de la nature et la prospérité de nos compatriotes. Il y a sans doute des aspirations communes entre la préservation chère à la droite et la sobriété prônée par certains écologistes, mais à condition de s’écarter de la décroissance qui appauvrit les Français et du progressisme qui abolit toute limite". Pour Emmanuel Macron il s'agit maintenant de trouver un équilibre qui permette de réconcilier une France fracturée, aujourd'hui au niveau municipal, et demain au niveau régional... en attendant le rendez-vous crucial 2022.

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