Début de la fin
Le système Merkel craque en Allemagne. Jusqu’où les dominos pourraient-ils tomber en Europe ?
Les élections régionales du 14 mars 2021 en Bade-Wurttemberg et en Rhénanie-Palatinat ont marqué la fin du système Merkel, pour ceux qui en doutaient encore.
Edouard Husson
Universitaire, Edouard Husson a dirigé ESCP Europe Business School de 2012 à 2014 puis a été vice-président de l’Université Paris Sciences & Lettres (PSL). Il est actuellement professeur à l’Institut Franco-Allemand d’Etudes Européennes (à l’Université de Cergy-Pontoise). Spécialiste de l’histoire de l’Allemagne et de l’Europe, il travaille en particulier sur la modernisation politique des sociétés depuis la Révolution française. Il est l’auteur d’ouvrages et de nombreux articles sur l’histoire de l’Allemagne depuis la Révolution française, l’histoire des mondialisations, l’histoire de la monnaie, l’histoire du nazisme et des autres violences de masse au XXème siècle ou l’histoire des relations internationales et des conflits contemporains. Il écrit en ce moment une biographie de Benjamin Disraëli.
La chute de la Maison Merkel
Celle qui restera dans l’histoire comme le Chancelier le plus surestimé de l’histoire de la République Fédérale, a bien fait une dernière fois illusion dans la première phase de l’épidémie du coronavirus chinois. Il se trouve que l’Allemagne était moins touchée que la France ou l’Italie, d’une part; et que le système allemand est naturellement décentralisé, d’autre part. Moins interventionniste que le président français, la Chancelière a connu un dernier pic de popularité. Mais, les mutants du virus aidant, notre grand voisin a bien fini par se trouver devant le même dilemme que les autres démocraties occidentales: rechercher l’immunité de groupe, appuyée sur des traitements préventifs ou précoces et sur une protection ciblée des catégories à risque, ou bien mettre en place toute une série de mesures dont l’efficacité n’est pas prouvée, telles les confinements partiels ou complets. Les déterminants du parcours de Madame Merkel sont alors ressortis. Comme je l’ai expliqué dans mon ouvrage Paris-Berlin. La survie de l’Europe (Gallimard, 2019), Angela Merkel est essentiellement un produit de l’éducation de l’ancienne Allemagne communiste. En l’occurrence, elle préfèrera toujours un système de surveillance, de contrainte et de contrôle à un un système de liberté. Elle a imposé aux Allemands un système de confinement partiel, qui implique en particulier la fermeture des écoles, des universités, des restaurants, le port du masque, la limitation des contacts privés et un système digital de contrôle des individus et de leurs mouvements qu’une grande partie de la société rejette - même quand on leur fait valoir une réussite « asiatique ». C’est pour cette raison, principalement, que la CDU/CSU est en train de baisser dans les sondages. La lenteur de la vaccination (comparée à la Grande-Bretagne) et le scandale des commissions touchées par des parlementaires sur des approvisionnements en masques a fait le reste pour provoquer une abstention importante et un recul de la CDU de 3 points dans les deux régions où l’on votait. A présent, les sondages confirment à l’échelle de l’Allemagne ce recul de trois points. Par conséquent, il n’est pas du tout sûr qu’une CDU/CSU éventuellement tombée en-dessous de 30% le 26 septembre 2021 soit en mesure d’imposer ses choix aux autres partis - en particulier cette coalition avec les Verts qui a été le rêve inassouvi de Madame Merkel.
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