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Le sexe avant un match est-il si néfaste pour les footballeurs de haut niveau ?
©MARTIN BUREAU / AFP

Bonnes feuilles

Pierre Rondeau publie "Les Tabous du foot" chez Solar éditions. La cigarette, l'alcool, le sexe, le dopage, l'argent, l'homosexualité, le racisme, l'impartialité de l'arbitrage... autant de sujets qui, officiellement, ne posent aucun problème dans le foot, mais qui alimentent pourtant les fantasmes et les rumeurs incessantes. Alors qu'en est-il vraiment ? Extrait 1/2.

Pierre Rondeau

Pierre Rondeau

Pierre Rondeau, professeur d'économie et doctorant, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonnevient de publier "Coût franc, les sciences sociales expliquées par le foot" (Bréal)

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Pour montrer ce rapport vis-à-vis des « choses du corps », la sociologue Mariann Vaczi, de l’université du Nevada, a réalisé une enquête sur l’image et la conception des relations sexuelles chez les sportifs. Pour elle, « le monde du football perçoit généralement les femmes et les compagnes de joueurs comme de dangereuses déstabilisatrices responsables de la chute des performances ». On reprocherait à la pratique sexuelle de provoquer une baisse de la testostérone et ainsi d’amoindrir les forces des athlètes. Or, jamais aucun scientifique n’a mis en évidence ce lien. Jamais une analyse rigoureuse n’a montré que les plaisirs de la chair provoqueraient une baisse de la testostérone, via l’éjaculation par exemple, ou la fatigue physique. A contrario, une étude réalisée aux États-Unis a prouvé un lien évident entre production de testostérone et stimuli sexuels : plus les hommes pensaient ou pratiquaient l’acte sexuel, plus le taux d’hormone cité augmentait rapidement. Il est donc faux et scientifiquement absurde de croire l’inverse. Au contraire, l’amour permettrait de favoriser la récupération et le renforcement musculaire.

Deux chercheurs canadiens, Samantha McGlone et Ian Shrier, ont souhaité vérifier si réellement le sexe avant la compétition provoquait une méforme physique, voire une baisse de compétitivité. Dans leur article « Does sex the night before competition decrease performance ? », ils ont suivi une centaine de sportifs professionnels et amateurs, dans de nombreuses disciplines différentes, allant du tennis à la course à pied en passant par le football et le basket, pendant plusieurs années. Ils se sont surtout focalisés sur leur consommation de sexe avant, pendant et après un tournoi ou une compétition importante. Leur idée était d’étudier la corrélation entre performance sportive et sauterie au coin du lit.

Résultat clair, net et précis : faire l’amour avant n’altère en rien l’endurance et la force physique. En matière de consommation énergétique, cela représente entre 25 et 50 calories perdues, soit l’équivalent de deux étages montés par l’escalier, avec plus ou moins d’effort. Loin donc des 250 calories par heure à laquelle la rumeur voudrait faire croire.

Le sexe : aucune incidence sur les performances

Avant eux, le physiologiste du sport, l’Américain Tommy Boone, avait montré qu’une pratique sexuelle n’avait aucun impact direct et réel sur la performance sportive. Il avait suivi une dizaine d’athlètes et noté leurs performances respectives sur un tapis de course avant et douze heures après une relation sexuelle. Conclusion, aucune différence significative n’était à signaler. Et il a obtenu les mêmes résultats avec des sportifs abstinents. « Une nuit de sexe avant la compétition n’a aucun effet sur la force ou l’endurance ni aucune autre capacité physique des athlètes », affirme-t-il. Constat confirmé par une autre étude similaire, réalisée cette fois-ci en Suisse, en 2003. Les  cardiologues de l’hôpital universitaire de Genève ont suivi huit joueurs de football professionnels, cinq marathoniens et deux haltérophiles, tous ayant une vie sexuelle active, pendant quatre jours. Les deux premiers jours, ils leur ont fait subir une série de tests physiques, sans que ces derniers ne modifient leurs pratiques sexuelles. Puis ils leur ont demandé de cesser toute activité charnelle pendant deux jours. Eh bien, leurs résultats ont montré que «  l’activité sexuelle n’a eu aucune influence néfaste sur la charge de travail maximale obtenue et sur la concentration mentale des athlètes ». De même, les chercheurs ont aussi vérifié le niveau de stress et les indicateurs cardiaques et psycho logiques, il n’y avait aucune différence entre avant et après. Vous pouvez faire l’amour, cela ne va rien changer. Attention seulement, les auteurs préviennent : « La capacité de récupération d’un athlète pourrait être affectée s’il avait eu des rapports sexuels environ deux heures avant un événement de compétition. » On peut donc faire l’amour avant un match, mais pas deux heures avant !

Extrait du livre "Les Tabous du foot ", de Pierre Rondeau, publié chez Solar éditions.

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