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Le risque "Trump" devient matériel
©SAUL LOEB / AFP

Atlantico Bourse

L’ambiance est lourde sur les marchés actions un peu partout dans le monde depuis que le président américain a annoncé vouloir protéger les intérêts américains en augmentant les droits de douane sur l’acier et l’aluminium.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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Jeudi et vendredi  les marchés américains ont lourdement chuté. Jeudi le S&P 500 a chuté de 2.5% et le Dow Jones de 2.9% ; vendredi la baisse était pratiquement du même ordre avec un recul supplémentaire de 2%. Pour une fois, les entreprises liées à la technologie cotées sur le Nasdaq reculaient elles aussi : ces derniers mois, elles avaient largement surperformé…pas cette fois-ci !

L’ambiance est lourde sur les marchés actions un peu partout dans le monde depuis que D.Trump a annoncé vouloir protéger les intérêts américains en augmentant les droits de douane sur l’acier et l’aluminium. Les pays initialement concernés par ces mesures sont allés plaider et finalement eu gain de cause : Brésil, Mexique, Canada et Allemagne ont été épargnés sans que cela rassure vraiment les marchés.

En effet, dans la soirée de jeudi, D.Trump, confirmant ses propos récents, a annoncé une forte hausse de droits de douane concernant les produits chinois cette fois. Son idée est de compenser par une hausse des taxes le déficit commercial faramineux enregistré par les Etats-Unis vis-à-vis de la Chine. En 2017, ce déficit avait atteint plus de 370 Mds de Dollars. D.Trump souhaite le réduire de 60Mads dès 2018.

Bien évidemment pendant toute la fin de semaine les autorités chinoises ont, elles aussi, communiqué de manière très claire : La Chine réagira de manière forte à toute tentative allant à l’encontre des règles internationales régissant les échanges mondiaux.

D.Trump a mis en œuvre sa décision dès jeudi soir en indiquant vouloir protéger les entreprises américaines dont la « propriété intellectuelle » est pillée par la Chine et en listant les produits Chinois soumis à une hausse de droits de douane.

La réponse de la Chine a été immédiate : elle va prendre également des mesures pour contrer les Etats-Unis.

En bref : les prémices d’une guerre commerciale sont engagés. La réaction des marchés a été brutale et cohérente.

                Les craintes jusqu’ici assez diffuses concernant les déclarations de D.Trump se sont transformées en réelle peur : La spirale engagée par la décision du Président Américain a impacté les marchés actions. Une hausse des droits de douane signifie que les consommateurs vont devoir payer des prix supérieurs ; de même les entreprises vont ressentir un impact sur leur marge du fait d’une hausse des prix des composants entrant dans la chaîne de production. La fin de l’histoire est connue : une forte hausse des prix, couplée à des réductions d’activité de la part des entreprises exportatrices, mènera à un ralentissement voire à une récession partant des Etats-Unis. La baisse des actions est donc logique…de même que la baisse des taux longs. Le 10 ans américain a reculé jeudi soir, confirmant les anticipations de ralentissement désormais jouées par les investisseurs.

                Les valeurs cycliques et les bancaires ont été rudement secoué par les conséquences des décisions de D.Trump. Les cycliques reculent car les investisseurs redoutent un ralentissement qui pèserait sur les résultats de ces entreprises dont la croissance profite du cycle économique. Les bancaires sont sous pression lorsque la croissance ralentit mais surtout voient leurs résultats affectées par le niveau des taux.

                Jusqu’à fin 2017, les marchés ont négligé le risque « D.Trump » : ils étaient encouragés par la « politique fiscale » mise en œuvre après des mois de négociations. Or cette politique comporte deux travers extrêmement préjudiciables. Le premier est l’explosion de la dette engendrée par ces cadeaux fiscaux non financés. Le second est que la consommation induite par les cadeaux fiscaux a engendré un déficit commercial additionnel.

                Dans un monde ouvert, les chiffres sont clairs : les pays ayant engagé des mesures protectionnistes ont tous, peu de temps après, enregistré un ralentissement économique. Il est d’ailleurs frappant de constater que pendant que les Etats-Unis s’enferrent dans un vain combat, de nombreux accords de libre-échanges sont conclus ou approfondis un peu partout dans le monde. Le dernier exemple est celui de l’Afrique dans lequel 44 pays ont baissé les droits de douane et libéralisé le commerce entre pays d’Afrique.

                Désormais, si D.Trump s’entête dans sa guerre commerciale avec la Chine, il est probable que les marchés marquent leur défiance de manière assez rude. Fort heureusement, les Chinois semblent plutôt chercher dans les faits à limiter l’escalade et privilégier le dialogue.

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