Le réchauffement climatique coûterait beaucoup plus cher à la France que les moyens à mobiliser pour s’y opposer<!-- --> | Atlantico.fr
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Alors que l’année 2023 sera sans doute l’année la plus chaude de l’histoire du monde, les calculs les plus réalistes portent sur l'impact du réchauffement climatique en termes de PIB, c’est-à-dire de créations de richesse.
Alors que l’année 2023 sera sans doute l’année la plus chaude de l’histoire du monde, les calculs les plus réalistes portent sur l'impact du réchauffement climatique en termes de PIB, c’est-à-dire de créations de richesse.
©Flickr / Cacahouette

Atlantico Business

En marge de la COP28, l'Agence de l'Environnement a calculé que le réchauffement climatique nous coûterait en France 260 milliards par an si on ne fait rien, près de 5 fois plus que le coût estimé de la décarbonation.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Alors que l’année 2023 sera sans doute l’année la plus chaude de l’histoire du monde, les calculs les plus réalistes portent sur l'impact du réchauffement climatique en termes de PIB, c’est-à-dire de créations de richesse.

Les climato-sceptiques développent en général deux types d'arguments qui méritent d’être examinés très sérieusement. Les uns expliquent que les scientifiques ne sont pas capables de nous apporter la preuve du réchauffement climatique. Ceux-là sont de moins en moins nombreux compte tenu de la qualité des études réalisées et dont les prévisions inquiétantes sont partagées dans le monde entier.

D'autres nous expliquent que le réchauffement climatique entraînera certes des changements, mais que ces changements ne seront sans doute pas tous négatifs. Ce n'est pas faux pour certains pays, dans l'hémisphère nord par exemple. La perspective de bénéficier d’un climat méditerranéen en période hivernale peut être appréciée par beaucoup : changement de culture, baisse des dépenses de chauffage, etc. Les scénarios sont nombreux mais s'inscrivent le plus souvent dans de la science-fiction que dans la réalité. Parce que sur d'autres continents et notamment dans l'hémisphère sud ou d'autres pays, le réchauffement climatique provoquera une mort lente mais inéluctable à l'horizon de la fin du siècle.

Lors de la COP28, les scientifiques sont apparus à peu près tous d’accord sur l'hypothèse d’une élévation des températures mondiales de 3,5° par rapport au siècle dernier. L’Ademe, l’Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie, a calculé que le coût global des dommages causés par un tel réchauffement allait représenter en France l'équivalent de 10 points de PIB. Donc, si on ne réagit pas pour freiner et empêcher ce phénomène, le réchauffement va provoquer une perte de richesse de 260 milliards d'euros par an sur un PIB d'environ 2700 milliards l'année dernière. C’est le scénario plausible et probable de l'inaction.

Ce chiffre doit être comparé à ce que coûterait une politique d’investissement dans la décarbonation. Jean Pisani-Ferry avait, à la demande du président de la République française, calculé avec ses équipes une facture supérieure à 60 milliards par an jusqu'en 2030. Les deux montants ne sont pas strictement comparables. L'Ademe a chiffré un manque à gagner en termes de croissance économique et donc de richesses créées. Le rapport Pisani-Ferry chiffrait un coût à débourser. Mais en termes de macroéconomie, cela se traduit dans les deux cas par un effort à consentir. Subi d'un côté, voulu de l'autre. Il y a donc très clairement une prime à la volonté politique.

D'un côté, il faudra se priver durablement, c’est la stratégie de la Non-croissance . De l'autre, il faut investir pour protéger la prospérité et la croissance. Les deux évaluations traduisent deux philosophies, deux idéologies et deux conceptions de la vie en société. Donc deux stratégies politiques.

La juxtaposition des deux évaluations est très spectaculaire, très convaincante. Seulement, elle ne dit pas que l'attitude pro-active contre le réchauffement climatique ne peut pas se limiter à un seul pays. La décarbonation se doit d’être mondiale ou elle ne sera pas. On peut calculer les effets des catastrophes naturelles, de la sécheresse, des feux de forêts ou des glissements de terrain. On peut chiffrer l’effet du réchauffement sur les rendements agricoles, mais l'exercice ne peut être que planétaire. Si l'effort n'est pas appliqué et partagé dans le monde entier, l'action d'un pays n'aura qu'une valeur d'exemple. Parce que concrètement, si la France fait ce qu'il faut pour décarboner, ça n'aura qu'une valeur d'exemple. Parce que si d'autres pays, voisins ou pas, continuent de tourner au charbon, cela n'améliorera pas la performance globale. Le réchauffement climatique ne connaît pas de frontières.

Pour aller plus loin, le graphique qui fait mal. Les calculs de l'Ademe : une perte de PIB de 10 points. Les événements extrêmes liés au changement climatique, susceptibles de se répéter plus fréquemment, sont maintenant clairement connus. Le Rapport Stern a été le premier à évaluer l'impact économique des effets du changement climatique. Conclusion : le coût de l'inaction est supérieur au coût de la prévention (le coût de l'inaction est estimé, selon les scénarios, de 5 % à 20 % du PIB mondial, contre 1 % pour celui de l'action).

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