"Le Passeport" de Alexis Michalik : l’immigration n’est pas une histoire de chiffres mais de destinées humaines<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
"Le Passeport" de Alexis Michalik : l’immigration n’est pas une histoire de chiffres mais de destinées humaines
©

Atlanti-culture

De : Alexis Michalik Durée : 1h50 Mise en scène : Alexis Michalik Avec : Christopher Bayemi, Patrick Blandin, Jean-Louis Garçon, Kevin Razy, Fayçal Safi, Manda Touré, Ysmahane Yaqini

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
Voir la bio »

THÈME

La “Jungle de Calais“, théâtre de la quête de ces migrants venus de contrées lointaines pour un avenir meilleur, en Angleterre mais aussi lieu de tous les dangers où la mort rôde à chaque instant.

Nous faisons la connaissance d’Issa, un jeune Érythréen, agressé et laissé pour mort. A son réveil, il a perdu la mémoire. Alors que le seul élément tangible de son passé est son passeport, il entame une longue quête semée d’embûches afin d’obtenir un titre de séjour, entouré de compagnons d’infortune.

Les vies de ces personnages vont s’entrecroiser et s’emmêler comme des fils, les destins se tisser et les événements s’enchaîner …

POINTS FORTS

Alexis Michalik s’empare d’un sujet d’actualité et réussit à ne pas en faire « une fiction de plus sur le thème de ». Auteur et metteur en scène, il a construit son texte et son dispositif en véritable dramaturge, bien conscient que le scénario est la condition première d’une œuvre réussie. On est donc pris aux tripes par son récit et les aventures de ses héros ordinaires qui luttent pour survivre en convoquant toutes les ressources de leur imagination, leur optimisme, leurs talents, leur fraternité pour se soutenir et s’en sortir.

Le dispositif scénique, chez Michalik, est un mélange d’inventivité, de dextérité et de bricolage. Mais il est au service du texte sans jamais alourdir le récit. Ce n’est pas un “tic“ de metteur en scène, mais un perpétuel voyage dans le temps et dans l’espace, pour faire rebondir l’histoire avec fluidité. On traverse la mer et le désert, passant d’une autoroute à un restaurant ou un hôpital en quelques instants. Le rythme ne faiblit pas et entraîne les spectateurs dans une course poursuite pour la vie car après toutes ces aventures, la destinée des sept personnages s’en trouve bouleversée.

Evoquons à présent ces sept comédiens, dont aucun ne nous est connu et qui sont épatants, comme s’ils formaient une troupe. Je ne sais pas si on peut établir une métaphore, toute proportion gardée, entre la précarité et la difficulté à survivre dans le paysage culturel pour un jeune comédien et l’avenir incertain des migrants, mais nul doute que les prestations de chacun d’eux, leur plasticité, leur talent, la richesse de leurs modes d’expression, leur promet un bel avenir. Hommes seuls et traqués ou simplement malmenés au début, ils auront accompli leur révolution et trouvé une raison d’être à leurs parcours.

QUELQUES RÉSERVES

Pas de réserve : Alexis Michalik a réussi le tour de force de combiner convictions et dramaturgie pour composer un spectacle qui repose sur une abondante documentation, une restitution réussie et une belle émotion.

ENCORE UN MOT...

Au début de la pièce, on se dit « encore une histoire de migrants, encore Calais, encore La Jungle … ». Et puis très vite, on est happé par les personnages, par l’histoire, par des situations qu’on n’avait pas imaginées, par l’humanité qui illumine le spectacle.

UNE PHRASE

D’une manière générale, je ne souhaite jamais écrire sur un thème, mais me fonde plutôt sur une idée ou une situation précise, qui donne ensuite naissance à l’architecture du spectacle. J’ai écrit cette nouvelle pièce en Guadeloupe, seul, après avoir mûri ses contours pendant plus d’un an et m’être longuement renseigné. Ce n’est pas un théâtre militant ou documentaire, mais une histoire humaine, qui s’adresse à tous.”
Alexis Michalik, dans la note d’intention

L'AUTEUR

• Ce dramaturge est suivi de près par Culture-tops. Qu’on en juge…

• Le porteur d’histoires est sa première pièce en tant qu’auteur. Succès inattendu, elle cumule à ce jour 2500 représentations et a été jouée dans le monde entier.

• Le cercle des illusionnistes est sa seconde. En 2014, il est récompensé pour ces deux pièces du prix Beaumarchais du Figaro, du prix Jeune Théâtre de l’Académie Française et de deux Molières (auteur et metteur en scène de théâtre privé).

• Pour Edmond, sa troisième pièce, il en reçoit cinq (Meilleure pièce, auteur, metteur en scène de théâtre privé).

• Intramuros est sa quatrième pièce.

• Une histoire d’amoursa cinquième, pour laquelle il reçoit en 2020 le Molière du metteur en scène de théâtre privé.

• Il a mis en scène sa première comédie musicale avec Les Producteursen 2022.

• Il est également scénariste, réalisateur et écrivain : son premier film, Edmond, est sorti en janvier 2019.

Puis il réalisa l’adaptation de la pièce Une histoire d’amour en avril 2023.

• Son premier roman, Loin, est sorti en septembre 2019.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !