Le pape François s'inscrit-il vraiment "dans l'héritage de la théologie de la libération" comme le pense le chef de file des "prêtres rouges" ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Leonardo Boff, l'un des chefs de file de la "théologie de la libération" dans les années 1980 au Brésil, d'inspiration marxiste, affirme que le nouveau souverain pontife est en train d'opérer un virage doctrinal.
Leonardo Boff, l'un des chefs de file de la "théologie de la libération" dans les années 1980 au Brésil, d'inspiration marxiste, affirme que le nouveau souverain pontife est en train d'opérer un virage doctrinal.
©Reuters

Gauchiste or not gauchiste

Le pape François dont les apparitions publiques, notamment sur l'île de Lampedusa, ont beaucoup interrogé les spécialistes du Vatican est à présent considéré par la mouvance "rouge" de l'Eglise comme se rapprochant d'eux.

Bernard Lecomte

Bernard Lecomte

Ancien grand reporter à La Croix et à L'Express, ancien rédacteur en chef du Figaro Magazine, Bernard Lecomte est un des meilleurs spécialistes du Vatican. Ses livres sur le sujet font autorité, notamment sa biographie de Jean-Paul II qui fut un succès mondial. Il a publié Tous les secrets du Vatican chez Perrin. 

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Atlantico : A l’occasion du voyage du Pape François à Rio, Leonardo Boff, l'un des chefs de file de la "théologie de la libération" dans les années 1980 au Brésil, d'inspiration marxiste, affirme que le nouveau souverain pontife est en train d'opérer un virage doctrinal qui se rapprocherait selon lui de la sienne. Partagez-vous ce point de vue ? François est-il un ambassadeur de la théologie de la libération ?

Bernard Lecomte : La « théologie de la libération » a été condamnée par Jean-Paul II à Puebla, en janvier 1979, parce que ses partisans menaient un combat politique fondé sur la lutte des classes. Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a mis en pratique cette condamnation. Si l’Eglise catholique a mis le holà à cette dérive, c’est à cause de son inspiration marxiste-léniniste, et non pour son souci de défendre les pauvres. Le Mur de Berlin est tombé en 1989, ce qui a changé la donne ! Que l’Eglise d’Amérique du sud prône l’« option préférentielle pour les pauvres » n’est plus un problème dès lors que le communisme n’est plus un danger : c’est sûrement ce qu’a voulu dire Leonardo Boff.

Pour en savoir plus retrouvez aux Editions Atlantico le livre de Benoit Rayski : Le gauchisme, maladie sénile du communisme.

Connaissant les positions passées du pape vis-à-vis des thèses marxistes, cela est-il crédible ?

Si Jean-Paul II a insisté pour nommer évêque le père Bergoglio en 1992, c’est qu’il n’était pas marxiste ! Mais Bergoglio avait su rester équilibré dans la crise qu’a traversée l’Eglise latino-américaine, et c’est pour sa capacité de synthèse et de réconciliation que le pape polonais l’a promu archevêque de Buenos Aires en 1998. Or il était déjà ce qu’il est aujourd’hui, un pasteur proche des pauvres et des opprimés : je ne vois pas qu’il y ait eu rupture dans le parcours du pape François.

Quels sont aujourd'hui les différents idéologiques qui séparent l’Eglise et les partisans de la théologie de la libération ?

La « théologie de la libération » correspond à une époque ancienne, où la lutte armée entre les « communautés de base » et certains responsables d’Eglise trop proches des dictateurs risquait de mettre face à face des prêtres et leurs évêques. Ce danger est écarté aujourd’hui. De même que la situation économico-sociale du Brésil, pays « émergent », n’est plus la même qu’il y a trente ans : ce n’est plus la misère qui mine la société, mais l’injustice : c’est une problématique très différente, qui permet sans doute à Leonardo Boff de parler de « rapprochement » et ne plus condamner l’attitude de l’Eglise officielle.

Le pape François pourrait-il finir par tendre la main aux partisans de Boff mis à l'écart sous le pontificat de Benoît XVI ? A quelles conditions ?

Je ne sais pas bien qui sont aujourd’hui les « partisans de Leonardo Boff ». Celui-ci explique qu’il reviendra dans le giron de l’Eglise quand celle-ci permettra le mariage des prêtres, ce qui est une position personnelle très respectable, mais sans grand rapport avec l’ancienne dérive marxiste d’une partie des catholiques sud-américains qui date, je le répète, d’une bonne trentaine d’années.


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