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Le "montebourgisme" existe-t-il ?
©Reuters

Bonnes feuilles

Jusqu’où ira le tonitruant Montebourg, promu à l’Économie dans le gouvernement de Manuel Valls, avant d’en être écarté cinq mois plus tard pour divergences de vues ? Et que veut-il vraiment : la VIe République, l’Élysée… ou les deux ? Extrait de "Montebourg… et moi, et moi, et moi", de Valentin Spitz, publié chez l'Archipel (2/2).

Valentin  Spitz

Valentin Spitz

Journaliste à i>télé, chroniqueur pour le "Plus" du Nouvel Observateur, La Régle du jeu.org et Sud Radio, Valentin Spitz est l'auteur d'une biographie de Najat-Vallaud Belkacem (First, 2012).

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Arnaud Montebourg le répète en boucle : pour lui, seules comptent les idées, pas la politique politicienne. Pour autant, peut-on parler du « montebourgisme », comme il y eut le chevènementisme ou le mitterrandisme ? Le principal intéressé, dont je partage le petit déjeuner à Bercy, à l’automne 2013, n’y voit nul inconvénient. Demandons-lui, en quelques mots, de nous expliquer « le montebourgisme pour les nuls ». « C’est la politique plus forte que l’économie, répond-il. C’est la démocratie comme carburant de la politique. La démocratie inventive, la participation des gens, les primaires, la VIe République, le volontarisme politique, le made in France. »

À l’entendre, le montebourgisme serait un mélange de réformes démocratiques et de patriotisme économique, tendance première gauche en économie, deuxième gauche pour les réformes sociétales. Au total, « une bonne synthèse de toutes les gauches ». Et le ministre de citer le patron de la mission gouvernementale « Marque France », Philippe Lentschener, disant à son sujet : « Tu es le seul homme politique qui ait inventé trois idées marquantes en dix ans : la VIe République, la démondialisation et les primaires ouvertes. »

Le montebourgisme, estime son principal promoteur, est bien présent dans la société et dans le monde politique. « Même Sarkozy a fait un bout de VIe République, dit-il, et le made in France n’est jamais qu’une mise en pratique de la démondialisation. » Jean-Louis Beffa, patron d’honneur de Saint-Gobain, veut bien croire à l’existence du montebourgisme, mais « ce qui serait valable, ajoute-t‑il, c’est qu’il soit industriellement un pompidolisme » et qu’Arnaud Montebourg corrige certaines de ses erreurs, celle de « ne pas croire en l’Europe et ne pas croire en l’Allemagne », notamment.

Thierry Mandon ne dit pas autre chose : « Il y a un aspect nostalgique dans son côté antiallemand. Arnaud n’est pas progressiste, il a une forme de mélancolie du mouvement des nations européennes. On ne voit pas comment cette idéologie se projette dans l’avenir. On peut penser ce que l’on veut de l’Europe et des Allemands, mais on a tout de même plus de choses à faire avec nos voisins que de choses à casser. ».

La députée Karine Berger, adepte du montebourgisme, estime qu’il s’agit en réalité du « vrai chevènementisme », mêlant tradition étatiste, grande méfiance de l’Europe et refus absolu de la mondialisation. « Chevènement est beaucoup plus intelligent sur les rapports de force géopolitiques et économiques que ne l’est Montebourg, nuance un ministre. Son livre sur le pétrole et le dollar 1 était remarquable, tout comme celui sur l’Allemagne,autour de la monnaie et du rapport franco-allemand 1. Sur ces sujets, Montebourg ne lui arrive pas à la cheville. Peut-être est-il en train de progresser du fait de son activité de ministre, mais il a beaucoup de boulot devant lui. »

Extrait de "Montebourg… et moi, et moi, et moi", de Valentin Spitz, publié chez l'Archipel, 2014.

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