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Le Maroc, puissance agricole, partenaire européen et allié africain
©AFP

Alliances multiples

Le secteur de l’agroalimentaire fait du royaume chérifien un nouveau pôle d’attractivité, tant pour l’Europe que pour l’Afrique.

Emmanuel Dupuy

Emmanuel Dupuy

Emmanuel Dupuy est enseignant en géopolitique à l'Université Catholique de Lille, à l'Institut Supérieur de gestion de Paris, à l'école des Hautes Études Internationales et Politiques. Il est également président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE). 

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Maroc bleu et Maroc vert : deux plans révolutionnaires

Selon les prévisions de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), le Maroc pourrait atteindre une croissance annuelle de 3,8 % en 2020. Un dynamisme porté par une bonne santé politique et de profondes réformes économiques, notamment dans les secteurs-clefs de l’agriculture et de la pêche. Une réussite que le Maroc doit notamment à son actuel ministre de l’Agriculture, Aziz Akhannouch. Ce dernier a en effet multiplié les réformes et les mesures pour développer l’agriculture marocaine afin d’en faire un secteur performant et compétitif sur le marché mondial.

Les progrès réalisés par le Maroc dans ce domaine ces dernières années devraient d’ailleurs être abordés lors du discours du trône, prévu le 30 juillet prochain. Lors d’une allocution qui aura cette année une saveur particulière, vingt ans après l’accession au pouvoir de Mohammed VI, les projets mis sur pied dans le domaine de la pêche ou de l’agriculture devraient être cités en exemple. 

D’une part, le « Plan Maroc Bleu » (officiellement Halieutis), lancé en 2009 et qui doit mettre en valeur les formidables richesses halieutiques du pays que lui procurent ses milliers de kilomètres de côtes atlantiques et méditerranéennes — et d’autre part, le « Plan Maroc vert », lancé en 2008. Un programme de modernisation à la fois et économique et social, l’agriculture, représentant 40 % de l’emploi total du pays, 20 % de son PIB et 5,25 % de croissance en moyenne sur dix ans. On constate ainsi depuis plusieurs années l’émergence d’une solide économie verte dans le royaume chérifien : avec la Stratégie Nationale de Développement Durable lancée en 2017 et l’Initiative Nationale pour le Développement Humain lancée en 2005, le ministère de l’Agriculture a fait du royaume chérifien un nouveau poids lourd de l’agroalimentaire mondial.

Profondeur stratégique africaine et coopération européenne

Dans le secteur halieutique, les milliers de kilomètres de côtes poissonneuses du Maroc sont une véritable mine d’or, menacée par la surexploitation et la captation par des acteurs étrangers. Mais la stratégie du « Plan Maroc Bleu » semble avoir porté ses fruits. Le pays a su défendre ses intérêts dans la région, notamment au sein de la Commission ministérielle sur la coopération halieutique entre les États africains riverains de l’Océan Atlantique (COMHAFAT).

Rabat et Bruxelles semblent avoir trouvé un terrain d’entente, d’autant plus que le Brexit est une opportunité pour mettre sur pied une véritable politique commune de la pêche. Le Royaume-Uni bloquait depuis de nombreuses années les avancées en ce sens, et son départ de l’UE devait faciliter les progrès avec le Maroc. D’ailleurs, les accords signés en 2018 sur le secteur halieutique et le secteur agricole entre l’Union européenne et le royaume chérifien sont les premiers éléments encourageants d’une politique de coopération ambitieuse. Une politique qui porte déjà ses fruits : l’étude d’impact sur cet accord sur la pêche a révélé que 75 % des habitants interrogés vivants dans les provinces du Sud reconnaissaient que cet accord avec les autorités européennes avait considérablement amélioré leurs conditions de vie et créé des milliers d’emplois.

Bâtir une région intégrée

Les réformes entreprises par le Maroc dans son agriculture et sa pêche n’en font pas seulement un partenaire incontournable pour les européens : c’est aussi un véritable pivot sur lequel le développement africain peut compter. On peut ainsi imaginer à moyen terme que le Maroc puisse intégrer la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cet espace économique, fort d’une population de 300 millions d’habitants répartie sur 15 états, d’une superficie de 6 millions de Km2 et doté d’un PIB cumulé de 630 milliards de dollars, est la 21e économie mondiale. Un espace qui représente déjà 65 % des investissements du Maroc, et qui pourrait devenir la 16e économie mondiale si le royaume chérifien le rejoignait.

Boosté par des secteurs agricole et halieutique réformés et modernisés, le Maroc attire les capitaux européens et entraîne dans son sillage toute l’Afrique de l’Ouest. Clef de voûte d’une économie de la Méditerranée, Rabat pourrait bien devenir incontournable dans la région dans les prochaines années.

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