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Le livre qui révèle comment le pape Pie XII a tenté de faire tuer Adolf Hitler
©DR

Réhabilitation

Controversé pour son rôle pendant la Deuxième guerre mondiale, Pie XII aurait activement comploté pour en terminer avec le Führer, selon un nouveau livre évènement d'un historien américain.

Il est des papes qui marquent plus que d'autres. Parfois pour des bonnes raisons, comme le très aimé Jean-Paul II, ou pour des excès comme Alexandre VI, sulfureux souverain pontife du 15ème siècle, qui collectionnait les maîtresses. Et il y a des papes plus ambigus, dénoncé par certains, salués par d'autres. Pie XII fait partie de ceux-là. Son malheur aura été d'atterrir au Saint-Siège le 2 mars 1939, à la veille de la deuxième guerre mondiale. Il sera, malgré lui, un des acteurs du conflit et un des personnages controversés de cette période. Pour ses détracteurs, Pie XII est celui "qui s'est tu." Coupable de silence, consentant les crimes en fermant les yeux, Eugenio Pacelli n'aurait pas été à la hauteur des attentes qui lui étaient confiées.


Le pape à la libération de Rome en 1944, entouré par les militaires canadiens

Une représentation tenace, que plusieurs historiens tentent de remettre en cause. Dernier appui en date, cette biographie de l'Américain Mark Riebling de la Berkeley university. Dans "Church of Spies: The Pope’s Secret War Against Hitler," l'historien affirme que Pie XII a activement réfléchi à tuer Adolf Hitler. "Pie était complice de nombreux complots, initiés par des Allemands anti-nazis, pour assassiner Hitler et remplacer le régime nazi par un gouvernement qui aurait fait la paix avec les alliés" affirme ainsi l'auteur.

Dès les premiers mois de la guerre, Pie XII donne le ton à travers sa première encyclique "Summi Pontificatus" qui s'attaque frontalement aux Etat totalitaires. Ce premier coup de force entrainera une vive réaction du IIIème Reich envers le pape. La réputation anti-nazie d'Eugenio Pacelli avait déjà crispé l'Allemagne lorsqu'il fût nommé pape en 1939. Mais dès la fin des années 1930, des premiers conspirateurs émergents au sein de l'armée allemande à l'instar du général Ludwig Beck qui se suicida en 1944, après son implication dans l'attentat raté contre Adolf Hitler en 1944. Auparavant, le militaire, aidé de certains subordonnés décide, de comploter avec l'aide des alliés. Et pour assurer la liaison, il décide de passer par le Vatican.


Le général 
Ludwig Beck

Pendant plusieurs années, les attentats vont tous échouer pour des raisons diverses : détonateurs hors d'usage, cible manquée à quelques minutes près… En 1943, le colonel Rudolf-Christoph von Gersdorff doit par exemple faire sauter sa ceinture d'explosif lors d'une visite d'Hitler à Berlin. Ce dernier écourte sa visite et l'apprenti kamikaze doit désamorcer sa bombe en urgence dans les toilettes…

Mais derrière ces tentatives, plane l'ombre du pape pour assurer la mise en relation des différents protagonistes. Son homme de confiance est le cardinal allemand Robert Leiber qui fera la navette en les différents acteurs, en toute discrétion. Le point d'orgue sera ainsi cette fameuse explosion de 1944, organisée par Claus von Stauffenberg lors de laquelle Hitler ne fût que légèrement blessé.


L'attentat échoué de 1944

Les actions de Pie XII ne s'arrêtent pas là. Dans la résidence d'été du pape, à Castel Gandolfo, des milliers de Juifs, victimes des rafles en Italie sont accueillis. Au Vatican, il en accepte d'autres en péril. Au lendemain de la guerre, Eugenio Pacelli est ainsi plébiscité pour son courage. A sa mort, en 1958, Golda Meir, ex-Premier ministre israélien, le présentera comme "un grand serviteur de la paix, une voix qui a enrichi notre temps parce qu'elle rappelait des vérités morales au-dessus du tumulte des conflits quotidiens."

Alors pourquoi ce portrait contemporain bien plus sombre ? Tout d'abord parce que tous les actes du pape contre le nazisme n'étaient pas connus. Mais aussi car l'impartialité du Saint-Siège est devenu au fil des années un silence coupable. En 1963, le dramaturge allemand Rolf Hochhuth va lancer un pavé dans la mare en critiquant l'attitude du pape pendant la guerre, à travers sa pièce "Le Vicaire." Un an avant, Adolf Eichmann est exécuté en Israël. A Rome, Vatican II remet en question le rôle du pape. Entre la résurgence du souvenir mémoriel et la révolution du Concile, Pie XII est de plus en  plus critiqué. Ces dernières années, l'adaptation du Vicaire par Costa-Gavras (sous le titre Amen) et la volonté de Benoît XIII de béatifier l'ancien souverain pontife remet de l'huile sur le feu. Reste que le rôle précis du pape demeure mystérieux. Si bien que François aurait décidé d'ouvrir les archives du Vatican pour enfin connaître la vérité sur ce pape controversé. A tort ou à raison.

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