Le glaçant récit (raconté par lui-même) de l'agression subie par un journaliste des Inrocks. Mais il l'a effacé parce que ses agresseurs étaient des « jeunes ».<!-- --> | Atlantico.fr
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Le glaçant récit (raconté par lui-même) de l'agression subie par un journaliste des Inrocks. Mais il l'a effacé parce que ses agresseurs étaient des « jeunes ».
©LUDOVIC MARIN / AFP

Déontologie

Toute vérité n'est pas bonne à dire. Et un vrai professionnel doit savoir séparer le bon grain de l'ivraie.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Une fois n'est pas coutume, je cède la plume à un confrère, Alexandre Comte des Inrocks. Il a publié un récit très détaillé de ce qui lui était arrivé. Il traverse un parc. « Bizarrement, alors qu'il n'est que 18h, je remarque que le parc s'est vidé de ces habituelles familles. Par contre, je vois une bande de jeunes qui viennent me taper des clopes et me demander si « jeux quelque chose ». Je dis poliment que non. Un mec m'interpelle en me demandant si « je voulais lui sucer la teub ». Je décline poliment. Réaction : il me pousse, je tombe, je me relève, et il commence à me bourriner de coups de poings dans la tête.

Trois autres mecs arrivent dont un me cloue au sol. Commencent les coups de pieds au visage et dans le ventre. J'ai fini par perdre conscience. » Ensuite, pour faire bonne mesure et sans doute pour contre balancer le mal qu'il dit des « jeunes », il parle des flics. « Soudain, il fait nuit. Une lampe torche me réveille, ce sont les flics. Évidemment, plus de portable, plus de fric, je demande à porter plainte. On me répond « t'as la gueule pleine de sang, c'est dégueu. Pour ton portable, il faut le localiser toi-même, et porter plainte c'est du temps qu'on perd. Un mec costaud s'approche de moi et me dit : « Tu vas te calmer maintenant parce que les PD de journalistes, je leur ai fait très mal au cul ».

Ce texte a été visible pendant quelques heures. Puis, le journaliste l'a effacé car « il avait généré des réactions idiotes et violentes ». On suppose qu'il n'a pas voulu donner du grain à moudre à la fachosphère ou – pire encore – apporter des voix à Marine Le Pen. Nous sommes allés sur le site des Inrocks pour voir de quelle façon ce journal évoquait l'agression contre son journaliste. Pas une ligne ! En revanche, nous y avons trouvé plusieurs articles vantant les clubs gays les plus hot de la capitale.

Nous ne savons pas – et ne saurons sans doute jamais – si Alexandre Comte a porté plainte. On peut supposer que, vraisemblablement, il va suivre l'exemple d’Édouard Louis, né Eddy Bellegueule. Ce jeune et charmant écrivain a raconté dans un livre comment un soir il a ramassé un jeune Arabe place de la République. Il l'a emmené chez lui. Et là, son ami de rencontre l'a roué de coups, dépouillé et violé. Édouard Louis, qui pense bien, n'a pas voulu déposer plainte car son agresseur était issu de la diversité...

PS : Une note d'espoir quand même. Peut-être qu'un jour les Inrocks écriront un article pour dire aux « jeunes » que ce sont eux qui alimentent la fachosphère et amplifient les résultats électoraux de Marine Le Pen.

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